A 91 ans, elle soutient avec succès, et mention, sa thèse sur l'immigration
C'est une étudiante pas tout à fait comme les autres. Après trente ans de travaux, Colette a reçu le titre de docteur en géographie après avoir soutenu avec succès sa thèse, mardi 15, dans le grand salon de la faculté des lettres et sciences humaines de Besançon (Doubs). Rien que de très banal? A un détail près: elle a 91 ans.
Les travailleurs immigrés à Besançon dans la seconde moitié du XXe siècle, voilà l'intitulé de la thèse qui a demandé trois décennies de travail à Colette Bourlier, ancienne institutrice devenue professeure d'histoire-géographie au milieu du siècle dernier. Entamée au début de sa retraite par celle qui soufflera ses 91 printemps dans deux petites semaines, cette thèse de 400 pages a été soutenue avec brio et a séduit le jury qui lui a accordé la mention "très honorable".
Comment ont été accueillis les nombreux immigrés dans la région de Besançon, ancienne capitale de l'horlogerie? Qui étaient-ils? Quel a été leur apport à l'économie et à la vie locales? Autant de problématiques auxquelles elle a répondu par un travail très soigné, regorgeant de tableaux (écrits à la main), et de sources solides, fruit d'un travail de recherche méticuleux de la part de cette dame qui avoue elle-même ne pas du tout maîtriser Internet et l'outil informatique.
"La mention très honorable récompense la qualité de la forme et du fond. Ce travail est très bien écrit, ce qui est relativement rare. Quant au fond, il réside dans la quantité de données statistiques et dans la finesse d'analyse", a commenté un de ses anciens directeurs de thèse aujourd'hui en retraite Jacques Fontaine, cité par Le Point. En conclusion, "la thèse de Colette Bourlier sera incontournable sur le sujet de l'immigration à Besançon. Déjà, on pense à une publication scientifique. Ce travail, c'est de la géographie, mais aussi de l'économie, de la sociologie, de l'histoire, des sciences politiques", a souligné Serge Ormaux, le dernier des trois directeurs de thèse de l'étudiante, plus âgée que lui.
"J'ai fait du mieux que j'ai pu, et je crois que le jury était satisfait", s'est pour sa part réjoui la nonagénaire. "Mais je suis dure d'oreille et je n'ai pas entendu tout ce qu'il disait".
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