Zuckerberg s'en va-en guerre... Meta s’associe avec une startup de défense pour la fourniture de casques de réalité augmentée à l’armée américaine

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France-Soir
Publié le 10 juin 2025 - 13:45
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Zuckerberg s'en va-en guerre
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Meta devient un prestataire militaire. Le géant californien, maison-mère de Facebook, Instagram, WhatsApp et dirigé par le sulfureux milliardaire Mark Zuckerberg, s’est associé fin mai à la startup de défense Anduril. Fondée par Palmer Luckey, un ancien de Facebook avant d’être limogé par son nouvel associé, un fervent soutien de Donald Trump et créateur de la startup de casques de réalité virtuelle Oculus VR, Anduril est depuis fin 2024 en charge de la gestion du programme Soldier Borne Mission Command (SBMC), dans lequel s’inscrit ce partenariat avec Meta.

Le programme SBMC, connu auparavant sous le nom IVAS, a été attribué en 2018 à Microsoft avec une enveloppe de 21,9 milliards de dollars. Le but était d’équiper 120 000 soldats américains de casques de réalité augmentée HoloLens, développés et fabriqués par Microsoft. 

Meta met son expertise à la disposition du Pentagone

Ce système visait à doter les soldats de capacités avancées comme la vision nocturne, la cartographie en temps réel, l’acquisition de cibles ou encore la reconnaissance faciale, le tout intégré dans un casque unique. Mais le déploiement du projet a rencontré de nombreuses difficultés. Les premières versions des casques, basées sur les HoloLens modifiés, ont provoqué chez les soldats des effets secondaires tels que maux de tête, fatigue oculaire et nausées, compromettant leur efficacité opérationnelle. 

Des retours du terrain ont également mis en avant des problèmes d’ergonomie et de performance, amenant l’armée à reporter à plusieurs reprises le déploiement massif des équipements et poussant même le Congrès américain à refuser d’approuver l’achat de milliers de casques supplémentaires. De son côté, Microsoft a progressivement réduit ses investissements dans le développement du HoloLens, annonçant officiellement la fin de la production du HoloLens 2 en octobre 2024 et l’arrêt du soutien matériel à partir de 2027. 

La startup Anduril devait justement intégrer sa plateforme logicielle, baptisée “Lattice”, à ces casques HoloLens 2. Mais face à l’échec de Microsoft, l’armée américaine a transféré la gestion du programme IVAS à la startup de Palmer Luckey. Celui-ci avait déjà fondé la startup Oculus VR, revendue en 2014 à Facebook, qu’il intègre dans la foulée. Trois ans plus tard, il est évincé du groupe. Plusieurs hypothèses sont avancées concernant les circonstances précises de son départ mais les aiguilles pointent vers un facteur politique, particulièrement son soutien à un groupe pro-Trump, hostile à Hilary Clinton. 

Mais huit ans plus tard, Mark Zuckerberg opére un revirement politique notable, multipliant les gestes de rapprochement avec Donald Trump et les républicains : félicitations publiques après la victoire de Trump, rencontre à Mar-a-Lago, assouplissement des règles de modération, déménagement des équipes vers le Texas, et critiques envers l’administration Biden.

“Anduril et Meta s’associent pour concevoir, construire et déployer une gamme de produits XR intégrés, destinés à offrir aux combattants une perception augmentée et un contrôle intuitif des plateformes autonomes sur le champ de bataille”, annonce Anduril dans un communiqué du 29 mai dernier. 

Du numérique à la défense

Le texte évoque “dix années d’investissements des deux entreprises dans le matériel, les logiciels et l’intelligence artificielle de pointe” et précise que “ce projet est financé par des capitaux privés, sans soutien des contribuables”, pour faire “économiser des milliards de dollars à l’armée américaine en tirant parti de composants et de technologies haute performance initialement développés pour un usage commercial”.

Que peut apporter Meta au projet ? Son expertise technologique en réalité augmentée (AR) et réalité virtuelle (VR), en mettant disposition du programme IVAS les innovations issues de ses laboratoires Reality Labs, notamment en matière de logiciels et d’intelligence artificielle, comme le modèle Llama, pour enrichir les fonctionnalités des casques de réalité augmentée destinés aux soldats. La plateforme Lattice d'Anduril sera ainsi intégrée à des technologies de Meta.

La start-up de Palmer Luckey affirme que cet accord permettra aux soldats de “transformer la façon dont ils perçoivent et intègrent les informations du champ de bataille”, avec des “solutions technologiques immersives qui améliorent la prise de décision tactique en situation de combat”.

“C'est cool d'avoir tout à portée de main pour cet effort commun : tout ce que j'ai fait avant que Meta n'acquière Oculus, tout ce que nous avons fait ensemble et tout ce que nous avons fait seuls après mon licenciement”, a-t-il écrit dans un post X. 

Meta, le géant des réseaux sociaux, franchit ainsi un cap et devient prestataire militaire. Ce virage marque une rupture avec la tradition de la Silicon Valley, longtemps réticente à s’impliquer directement dans des projets militaires. Un débouché majeur s’ouvre pour Meta et ses technologies de réalité augmentée et virtuelle, jusqu’ici principalement destinées au grand public ou à l’industrie. Une entrée qui implique de nouveaux enjeux éthiques pour un géant des GAFAM qui voit son image ternir au fil des ans et des procès pour non-respect de lois locales ou internationales.

Serait-ce la fin des ennuis pour Meta ?... En tous cas, le début des inquiétudes sévères pour les utilisateurs privés. Le mélange des genres n'est jamais bon dans ce domaine.

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