Modératrice de contenus pour Facebook et traumatisée : elle porte plainte
Elle faisait un travail simple en apparence, mais particulièrement éprouvant sur le plan moral: modératrice de contenus pour Facebook. Son job? Passer sa journée à regarder des contenus violents ou pornographiques, et à les supprimer pour ne pas qu'elle se retrouve sur l'immense réseau social.
Mais Selena Scola a craqué. Et cette employée de Pro Unlimited, un sous-traitant chargé d'effectuer cette mission délicate, a décidé vendredi 21 de porter plainte contre Facebook et son employeur qu'elle estime reponsable du stress post-traumatique dont elle souffre.
Cette employée, qui a été confrontée aux images extrêmes de juin 2017 à mars 2018, estime que "Facebook ne forme pas suffisamment ses modérateurs et n’implémente pas les standards de sécurité qu’il a contribué à développer". Depuis 2015, la firme de Menlo Park en Californie avait annoncé en effet sa volonté d'améliorer ses pratiques pour protéger ses modérateurs en première ligne face à la lutte contre la diffusion de contenus choquants, notamment la pédopornographie. Mais la plaignante estime que l'entreprise de Mark Zuckerberg n'a pas respecté ses engagements.
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Selon l'avocat de la plaignante, celle-ci a été "témoin de milliers d’actes d’extrême violence" et assure que les symptômes de son traumatisme peuvent "être déclenchés quand elle touche une souris d’ordinateur, entre dans un bâtiment froid, regarde des images violentes à la télévision, entend des bruits forts ou quand elle sursaute".
Le 9 juillet, le site Business Insider avait publié le témoignage d'une autre employée d'un sous-traitant, Vertisystem, expliquant qu'elle faisait face à une image perturbante toutes les dix secondes.
D'après les chiffres du réseau social, sur les trois premiers mois de l'année 2018, Facebook a supprimé 3,4 millions de messages contenant de la violence, 21 millions contenant du sexe, 1,9 million contenant de la propagande terroriste.
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