12e édition de la Route du Rhum : départ pour la Guadeloupe depuis Saint-Malo le 6 novembre à 13h02


Plus que deux jours avant le départ de la douzième édition de la route du rhum. 138 marins solitaires prendront le large ce dimanche 6 novembre à 13h02 au départ de Saint-Malo, en Bretagne, et vogueront, ou voleront, vers Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), de l'autre côté de l'Atlantique.
Créée en 1978 par Michel Etevenon, cette course mythique qui attire des marins du monde entier, est courue tous les quatre ans en solitaire à la voile, fin octobre début novembre, entre Saint-Malo et la Guadeloupe. Pour sa 12e édition, le village de la Route du rhum n'a jamais été aussi étendu : 138 skippeurs, 15 de plus qu’en 2018, et plus de deux millions de visiteurs attendus en 13 jours depuis le 25 octobre.
Après des mois passés à rêver, précédés par des années de préparation, les concurrents qui s'élanceront dans cette grande aventure transatlantique, seront confrontés à une météo musclée dès les débuts de la course : si elle devrait permettre un bon départ entre la pointe du Grouin et le cap Fréhel, dans la nuit de dimanche à lundi, les conditions vont se dégrader en approche des Côtes-d’Armor. À la sortie de la Manche, après Ouessant, la journée de lundi sera impactée par l'arrivée d'un front dépressionnaire assez violent : l'appréhension règne chez les navigateurs, certains envisageant même un report du départ.
Plus de 40 ans d’histoire
Dès sa première édition en 1978, cette course Transat de la Liberté avait révélé un scenario des plus incroyables : Mike Birch l’emportait face à Michel Malinovsky avec un écart infime de 98 secondes, après 23 jours en mer et 3 500 miles parcourus. Une aventure qui avait démarré avec 38 bateaux au départ et s'était terminée avec 24 bateaux à l'arrivée.
Lors de l'édition suivante, en 1982, le nombre de participants a augmenté, atteignant 52. Le titre de vainqueur est revenu à Marc Pajot avec une traversée d'une durée de 18 jours 1 heure et 38 minutes. En 1986, c'est Philippe Poupon qui l'a emporté : il avait dédié sa victoire à son ami Loic Caradec, disparu lors de cette 3ème édition. En 1990, un fait nouveau : Florence Arthaud était arrivée en tête, devenant ainsi la première femme à remporter cette course. Elle ne participera pas à la 5ème édition de la course en 1994, année qui aura en revanche introduit une grande nouveauté avec deux classements : un pour les monocoques et un pour les multicoques.
L'anniversaire suivant de la Route du Rhum avait offert de nouvelles surprises : une lutte acharnée avait vu Laurent Bourgnon faire un doublé alors historique ; les 4 premiers s'étaient affrontés jusqu’à la fin pour dépasser la ligne d’arrivée à quelques heures d’intervalle.
L’édition de 2002 reste considérée comme la plus difficile. La météo n'avait pas été pas au beau fixe: ce fut une véritable hécatombe, particulièrement chez les trimarans de 60 pieds qui étaient 18 au départ et ne seront que… trois à l’arrivée. Le vainqueur : Desjoyeaux.
L'année 2006 sera celle de tous les records et de la nouveauté. Des 74 concurrents qui ont relevé le défi, c’est Laurent Lemonchois qui s’est illustré en pulvérisant le record, alors détenu par Laurent Bourgnon. C'est également l’année de l'apparition des monocoques de la classe 40. Franck Cammas s’imposera en 2010, faisant à son tour son entrée dans la légende de la route du Rhum, bien qu'il n'ait pas battu le record établi lors de l’édition précédente par Lemonchois.
Pour la 10ème Route du Rhum, on comptait 91 skippers. Après 6 participations et 3 abandons (1990, 1994 et 2002), le grand gagnant de l’épreuve fut Loick Peyron, qui a alors établi un nouveau record avec une arrivée en 7 jours et 15 heures.
En 2018, la Route du Rhum s'est conclue sur une arrivée spectaculaire lors d'un duel opposant Francis Joyon à Francois Gabart, le premier s'imposant face au second avec une avancée de quelques centaines de mètres seulement et un écart de temps de 428 secondes. Depuis, le record de la Route du Rhum est désormais détenu par Joyon qui a bouclé le périple en 7 jours, 14 heures et 21 minutes.
2022, une course qui s’annonce prometteuse
Ce dimanche 6 novembre, ils seront 138 « va-t-en mer » à se lancer à l'assaut de l'Atlantique, répartis en six classes de bateaux (4 classes pros et 2 amateurs), recoupés en deux grandes familles : les multicoques avec les Ultim, les Ocean Fifty et les Rhum Multi, et les monocoques avec les Class40, les Imoca et les Rhum Mono.
Les Ultim, bateaux les plus rapides et les plus puissants, capteront l’attention. Dans cette catégorie, on dénote plusieurs favoris : Francis Joyon, vainqueur de l’édition 2018, tentera d’effectuer un incroyable doublé, tandis que François Gabart, arrivé second la fois dernière, s’essaiera à briguer cette année la première place. Armel Le Cleac'h (Maxi Banque Populaire XI), Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) et Yves Le Blevec (Actual) seront dans les startingblocks pour tenter de remporter leur premier triomphe. En revanche, le grand favori de cette nouvelle édition, c’est Charles Caudrelier sur Maxi Edmond de Rothschild. Ce compétiteur rôdé a notamment remporté la Transat Jacques-Vabre en 2021 et la Finistère Atlantique quelques semaines plus tôt. Selon plusieurs d'observateurs, il posséderait le bateau le plus fiable de la catégorie.
La classe Imoca, qui réunit 37 monocoques de 18,28m (60 pieds), sera fortement scrutée avec de beaux affrontements en perspective. Charlie Dalin (Apivia), auteur d'un mémorable Vendée Globe l’année dernière, Jérémie Beyou (Charal), Thomas Ruyant (LinkedOut) ou encore Kévin Escoffier (Holcim) sont pressentis comme les futurs vainqueurs dans cette catégorie.
En Class40, Yoann Richomme (Paprec Arkéa) brigue également le doublé. Ian Lipinski (Crédit Mutuel), Amélie Grassi (La Boulangère Bio), Xavier Macaire (Groupe SNEF) et Luke Berry (Lamotte Module Création) sont attendus. La concurrence s’annonce serrée.
La Route du Rhum, un coup de pouce capital pour l'économie de la ville
Un nombre record de bateaux, près de deux millions de personnes attendues en 13 jours, des hôtels, cafés et restaurants pris d'assaut : la ville de Saint-Malo connaît l'affluence des grands jours à l'occasion de cet événement sportif, dont les retombées économiques pour la cité corsaire sont considérables, se chiffrant à plusieurs millions d'euros.