Syrie : Raqa en passe d'être remise à une autorité civile

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Par AFP
Publié le 19 octobre 2017 - 17:09
Mis à jour le 20 octobre 2017 - 07:25
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Membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) célébrant le 18 octobre 2017 à Raqa la prise de cet
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© BULENT KILIC / AFP
Membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) célébrant le 18 octobre 2017 à Raqa la prise de cette ville
© BULENT KILIC / AFP

A peine libérée du joug du groupe Etat islamique (EI), Raqa pourrait repasser dès vendredi sous autorité civile, alors que les forces pro-américaines en Syrie se préparent déjà à rejoindre un autre front contre l'organisation jihadiste.

"Certaines forces se sont retirées, d'autres resteront à Raqa jusqu'à la fin des opérations de ratissage. Après, la ville sera remise au Conseil civil", a indiqué jeudi Rojda Felat, commandante au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS) et "star" de la bataille pour la reprise de ce qui était depuis 2014 la capitale syrienne de l'EI.

A l'intérieur de Raqa, d'où les jihadistes ont été officiellement chassés mardi, la plupart des positions jusque-là tenues par l'alliance arabo-kurde des FDS ont de fait été abandonnées, a constaté une journaliste de l'AFP.

La gestion de la ville pourrait être confiée dès vendredi au Conseil civil de Raqa, créé par des dignitaires locaux il y a six mois, sous la houlette des FDS. Ce conseil s'est déjà penché sur les plans de reconstruction, et il devra notamment rétablir les services de base et l'infrastructure désormais manquante dans cette ville fantôme.

Si les combats sont terminés, après une bataille de plus de quatre mois, et grâce au soutien des bombardements intenses de la coalition internationale dirigée par Washington, les opérations de ratissage, de déminage et de recherche d'éventuelles cellules dormantes vont elles se poursuivre.

- De 33% à 10% de la Syrie -

"Il y a encore des corps à l'hôpital que nous n'avons pas évacués, à cause des mines", a ainsi expliqué à l'AFP Clara Raqa, une autre commandante kurde.

Selon un porte-parole des FDS, Talal Sello, aucune nouvelle cachette de jihadistes n'a été découverte jusqu'à présent, mais les interrogatoires de ceux qui ont été capturés ou ceux qui se sont rendus sont toujours en cours. "Les renseignements des FDS les interrogent, y compris les (jihadistes) étrangers", a-t-il indiqué à l'AFP jeudi.

Pour les combattants des FDS, le prochain objectif est toujours l'EI, mais dans la province voisine: "Après la fin des opérations militaires, une grande partie des FDS ont quitté Raqa pour d'autres régions, dont Deir Ezzor (Est)", a ainsi précisé à l'AFP Mustefa Bali, porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG), qui dominent les FDS.

C'est dans cette province, voisine de celle de Raqa (Nord), qu'au moins 16 civils, dont 7 enfants, ont péri jeudi au cours de frappes aériennes russes, "alors qu'ils tentaient de traverser le fleuve de l'Euphrate près de la ville de Boukamal", a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans la province de Deir Ezzor, l'EI est la cible de deux offensives antijihadistes distinctes: l'une menée par l'armée syrienne soutenue par la Russie, l'autre par les FDS appuyée par les Etats-Unis.

Avec la perte de Raqa, qualifiée jeudi d'"importante étape" par le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, l'EI ne contrôle plus que 10% du territoire syrien --contre 33% en début d'année--, dont plus de la moitié de la province de Deir Ezzor.

L'EI avait pris le contrôle en 2014 de Raqa, ville à majorité arabe, et la cité était alors devenue tristement célèbre pour les atrocités commises par les jihadistes ainsi que comme centre présumé de planification des attentats de l'EI en Europe.

Sa perte est un revers majeur pour l'organisation qui avait autoproclamé un "califat", à cheval sur la Syrie et l'Irak. Elle intervient après que l'EI a été aussi chassé en juillet de Mossoul, la ville irakienne qui était leur autre principal fief urbain.

Dans les rues désertes de la ville jeudi, les couvertures qui avaient été accrochées aux fenêtres pour se protéger des tireurs embusqués volaient sous l'effet du vent.

- Öcalan place al-Naïm -

Quelques chats et chiens squelettiques se faufilaient à travers les gravats de la ville, à 80% inhabitable d'après un rapport de l'ONU le mois dernier.

Et sur la place al-Naïm, des combattantes kurdes des Unités de protection de la femme -- Les YPJ équivalent féminin des YPG -- ont tenu un point presse pour célébrer leur participation dans la capture de la cité.

A l'instar de Rojda Felat, certains commandants de la bataille étaient des femmes, ce dont s'enorgueillissent les forces kurdes, au vu notamment de l'oppression subie par les femmes du temps de l'EI: "Raqa a été libérée par la volonté de femmes", ont-elles affirmé dans un communiqué.

Des drapeaux des FDS flottaient sur la place, où les jihadistes avaient par le passé exposé des têtes décapitées de leurs ennemis.

Au milieu, trônait un grand drapeau jaune sur lequel a été apposée une photo d'Abdullah Öcalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), emprisonné depuis 1999 en Turquie.

Il est adulé par beaucoup au sein des YPG, considérés par Ankara comme la branche syrienne du PKK et donc comme "organisation terroriste".

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