Syrie : Raqa remise à une autorité civile après le déminage

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 20 octobre 2017 - 16:24
Mis à jour le 21 octobre 2017 - 00:10
Image
France-Soir
Crédits
©DR
Municipale 2014
©DR

La ville dévastée de Raqa, en Syrie, va être transférée à une autorité civile une fois que les combattants antijihadistes soutenus par Washington qui l'ont libérée auront achevé le long processus de ratissage et de déminage.

Ce transfert a été annoncé vendredi par les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui se sont félicitées d'une "victoire historique" dédiée aux "victimes du terrorisme du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et dans le monde", après avoir chassé l'EI de Raqa mardi.

Elles faisaient référence aux atrocités commises par le groupe ultraradical dans le pays en guerre et à ses attentats sanglants, perpétrés notamment en Europe.

Les FDS n'ont toutefois pas annoncé, comme attendu, le transfert immédiat de la ville septentrionale ravagée par plus de quatre mois de combats meurtriers, au conseil civil de Raqa.

"Nous allons transférer la gestion à une autorité civile dès la fin des opérations de ratissage", a annoncé lors d'une conférence de presse à Raqa un porte-parole des FDS, Talal Sello.

Il s'exprimait devant un parterre de dignitaires locaux, de membres du conseil civil local de Raqa et des combattants des FDS dans le stade municipal, dernière position jihadiste dans la ville avant sa reprise.

"Pendant que l'on se débarrasse des mines posées par les terroristes, nous, le conseil civil, assumerons nos responsabilités et respecterons notre mission qui est de servir les nôtres", a indiqué la vice-présidente de cet organisme, Laila Mustafa.

- Ville désertée -

Créé il y a six mois, le conseil civil s'est déjà penché sur les plans de reconstruction de l'ancienne "capitale" de l'EI en Syrie, et il devra notamment rétablir les services de base et l'infrastructure désormais manquante dans cette ville désertée par ses habitants.

"A Raqa, le retour des populations civiles ne va pas être possible avant de longues semaines tant le nombre de pièges, d'engins explosifs de tous ordres laissés par Daech (acronyme en arabe de l'EI) est important", a dit à Paris le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Patrik Steiger.

Vendredi, ce sont surtout des membres du conseil civil de Raqa, en majorité originaires de la ville, qui étaient sur place, le temps d'une visite d'une journée.

"C'est la première fois que je me rends dans la ville depuis sa libération", affirme à l'AFP Ahmad al-Ali, 31 ans, membre du conseil civil. "J'ai pu inspecter ma maison. J'aurais payé une fortune juste pour voir la porte", confie-t-il, en larmes.

En septembre, les Nations unies estimaient que jusqu'à 80% de la ville pourrait être inhabitables. Et les infrastructures de base sont désormais quasi-inexistantes.

- 'Etape cruciale' -

L'EI avait pris le contrôle en 2014 de Raqa, ville à majorité arabe, et la cité était alors devenue tristement célèbre pour les atrocités commises ainsi que comme centre présumé de planification des attentats en Europe.

Sa perte intervient après que l'EI a été chassé en juillet de Mossoul, son ex-grand fief urbain en Irak.

La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui a appuyé l'offensive des FDS --et dont la France fait partie-- a qualifié la capture de Raqa et de Mossoul de "tournants majeurs pour l'organisation terroriste dont les dirigeants sont de plus en plus coupés de leurs militants, toujours moins nombreux".

"Les crimes du Bataclan ne sont donc pas impunis", a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian lors d'une conférence de presse.

Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, notamment dans la salle de concert du Bataclan, avaient tué 130 personnes. Ils avaient été revendiqués par l'EI.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a pour sa part salué une "étape cruciale" dans la lutte contre l'EI, tout en avertissant que cette guerre n'était pas terminée.

L'organisation ne contrôle plus que 10% du territoire syrien, dont plus de la moitié de la province de Deir Ezzor, voisine de celle de Raqa.

Dans la province de Deir Ezzor, également frontalière de l'Irak, l'EI est la cible de deux offensives distinctes: l'une menée par les FDS appuyée par les Etats-Unis, l'autre par l'armée syrienne soutenue par la Russie.

Une grande partie des combattants des FDS ont rejoint le front de Deir Ezzor après la victoire à Raqa, selon des responsables.

Déclenché en 2011 par la répression gouvernementale de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.