Agriculture : les récoltes céréalières catastrophiques dans le département de la Somme

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 01 septembre 2016 - 20:46
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Un champ de blé.
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©Frédérique Voisin-Demery/Flickr
Sur certaines exploitations, le rendement a même chuté de 50%.
©Frédérique Voisin-Demery/Flickr
L'année s'annonçait mauvaise pour les céréales. Elle a même été catastrophique dans la Somme, particulièrement impactée par les aléas climatiques.

"La nature n'arrête jamais, on doit essayer de suivre". A l'heure de préparer ses cultures pour l'an prochain, Patrick Rimbert commente avec un brin de fatalisme le bilan catastrophique de sa récolte de l'année dans le sud de la Somme, balayé au printemps par des averses d'une régularité désespérante.

Cet agriculteur céréalier, qui "règne" sur une exploitation moyenne de 90 ha, n'est pourtant pas né de la dernière pluie. A 55 ans, certaines saisons comme celles de 1987 ou 1992 sont restées gravées dans sa mémoire. Il donne une note de 7/20 à la récolte de 2016. "Et encore!"

Des grains de blé flétris, rachitiques, filent entre ses mains caleuses. A côté des grains "sains", dorés et charnus, ils composent une bonne partie du tas entreposé dans son hangar qui, de surcroît, n'atteint pas de plusieurs mètres la limite habituelle.

"La norme en poids est de 76 g/l mais cette année ça va de 62 à 72", explique Patrick Rimbert, désabusé, dans son jargon de technicien.

Le département de la Somme est l'un de ceux en France dont les rendements ont le plus chuté, jusqu'à 50% selon Luc Vermersche, président de la section "Grandes cultures" de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de la Somme. Un arrêté reconnaissant les circonstances exceptionnelles subies a été signé mercredi par le préfet, préalable au déblocage de mécanismes d'aide variés.

"On est revenu à un rendement des années 1960, ça ne paye même pas les consommables mis en oeuvre", lance le syndicaliste, qui rappelle aussi que les cours mondiaux ont baissé de 20% en un an, de 40% en quatre ans.

Il glisse que les conséquences financières sont terribles. Pudique, Patrick Rimbert parle de "reports des annuités à demander aux banques", de "mesures d'accompagnement" à obtenir, de "confiance des acheteurs" à retrouver... Il plaint surtout les jeunes agriculteurs qui viennent de s'installer, et pour qui de bonnes récoltes sont vitales.

Patrick Rimbert ne se lamente pas sur son cas et, philosophe, trouve des explications. "On a un beau métier, on sait ce qu'on a mal fait", énonce-t-il, attribuant presque la culpabilité de ce bilan à lui-même plutôt qu'à la nature, érigée au rang de déesse nourricière.

"La nature est plus forte que nous, c'est elle qui décide. Mais elle se rattrape toujours", témoigne-t-il.

Les malheurs actuels du céréalier prennent leur source non pas simplement au printemps et en juin, lorsque les maladies ont assailli ses champs à la faveur de l'humidité, mais aussi et surtout en hiver. "On a eu un décembre très chaud en 2015, du coup au lieu de se reposer les blés se sont développés et cela a fragilisé la fécondation par la suite", détaille-t-il.

Le changement climatique? Patrick Rimbert a bien remarqué "les pluies plus violentes qu'avant, les coulées de boue", mais il préfère ne pas trop y penser.

Il se tourne à présent vers la prochaine récolte, promenant ses yeux sur ses champs à l'allure triste car déjà "déchaumés" (travail superficiel du sol pour le nettoyer et enfouir les chaumes). D'ici à un mois et demi, il pourra labourer et semer à nouveau.

Alors que la Politique agricole commune (PAC, 40% du budget de l'UE) pour les années 2020-2025 va être débattue vendredi au château de Chambord à l'occasion d'une réunion d'une vingtaine de ministres européens de l'Agriculture, Patrick Rimbert fustige les contraintes administratives pesantes et rigides qui conditionnent ces aides indispensables. Ses déboires le rappellent: "nous travaillons avec la nature, notre métier, c'est s'adapter".

Pour Luc Vermersche, l'incertitude climatique se double d'une "financiarisation des matières premières". De quoi aggraver l'instabilité de la condition paysanne. 

 

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