Après le Rafale, la France espère engranger de nouveaux succès au Qatar
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a défendu ce mardi 29 les couleurs de l'industrie française de l'armement, sur les rangs pour de juteux contrats au Qatar dans la foulée du succès de l'avion de combat Rafale.
"Le Qatar est un partenaire stratégique de la France. Il ne faut pas mégoter sur les mots (...) Notre relation avec le Qatar est globale", a déclaré M. Le Drian en marge du salon de l'industrie militaire navale DIMDEX à Doha.
Signe le plus concret de ce partenariat, l'armée qatarie a passé commande de 24 Rafale en 2015 pour 6,3 milliards d'euros. "Ce succès, je l'espère, en appellera d'autres", a esquissé le ministre devant les industriels français présents au DIMDEX (Doha International Maritime Defense Exhibition).
Le groupe de construction navale militaire DCNS est candidat pour la vente de trois frégates antimissiles au Qatar - un marché de trois à quatre milliards d'euros -, et le constructeur Nexter pour celle de 300 véhicules de combat de type VBCI (deux milliards).
"Peut-être que le chiffre 13 est un chiffre de chance", a lancé le ministre qui effectuait son 13ème déplacement à Doha depuis sa prise de fonctions en mai 2012 et qui entretient des liens étroits avec Hamad al-Attiya, son ex-homologue devenu conseiller de l'émir du Qatar.
M. Le Drian, qui a fait le tour de stands tricolores au DIMDEX avec le jeune émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a aussi eu l'occasion de vanter les mérites du "made in France" lors d'un entretien avec Khaled ben Mohamed al-Attiya, ministre d'Etat qatari à la Défense.
A l'appui du savoir-faire français, la frégate L'Aconit, déployée dans la région, a fait escale au DIMDEX où elle devait accueillir mardi après-midi le chef d'état-major des armées qataries, Ghanem al-Ghanem, accompagné de M. Le Drian.
Le Qatar, soutien actif des Frères musulmans et de groupes armés radicaux en Syrie, est un allié jugé parfois encombrant, même s'il rejette, comme l'Arabie saoudite, tout lien politique ou financier avec le groupe Etat islamique. "Parfois, certains s'interrogent, même dans le discours public (...) Il faut que les relations soient d'une très grande franchise. Et elles le sont", a déclaré M. Le Drian devant les industries français.
DCNS est en concurrence avec une offre italienne. Doha, qui veut acquérir ces bâtiments avant le Mondial de football de 2022, devrait annoncer d'ici l'été sur quel constructeur se porte son choix, la première livraison devant intervenir dès 2021.
Le Qatar a par ailleurs entrepris la modernisation de son armée de terre avec, outre 60 chars Leopard-2 allemands commandés en 2013, un appel d'offres pour 300 véhicules de combat.
En 2014, Doha a également signé une lettre d'intention pour l'achat de 22 hélicoptères européens NH90, produits par Airbus Helicopters, le groupe italien AgustaWestland et le néerlandais Fokker Aerostructure). Ce contrat de près de deux milliards d'euros est prêt, mais pas encore signé, note-t-on de source française. L'effondrement des prix du pétrole a bousculé le calendrier d'acquisitions du Qatar, en difficulté budgétaire comme d'autres pays du Golfe et qui du coup a fait des frégates sa priorité.
Doha s'inquiète du potentiel militaire de l'Iran chiite, puissance régionale rivale des monarchies sunnites du Golfe, et cherche à se doter de capacités antimissiles pour protéger notamment sa plateforme gazière offshore. Le Qatar constitue un enjeu important à l'export pour DCNS en 2016, avec l'Egypte et l'Australie.
Le Caire pourrait commander deux corvettes Gowind supplémentaires au constructeur français - outre les quatre déjà négociées - un patrouilleur hauturier et un navire de plus petite taille pour un total de 500 millions d'euros.
DCNS est également sur les rangs pour le "contrat du siècle", la vente de 12 sous-marins à l'Australie pour plus de 20 milliards d'euros. Sur ce créneau, la partie s'annonce toutefois très serrée face à l'allemand ThyssenKrupp et à un consortium japonais.
Si le Qatar passe commande, les trois frégates seront construites à Lorient, une bouffée d'air pour le site industriel et la ville natale de Jean-Yves Le Drian, également président de la région Bretagne.
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