Chômage : les chiffres du mois de février attendus ce jeudi
Après une baisse du chômage en janvier, le gouvernement publie ce jeudi 24 les statistiques de Pôle emploi à fin février, rendez-vous mensuel crucial qui tombe le même jour que la présentation en Conseil des ministres du très controversé projet de loi Travail.
La courbe finira-t-elle par s'inverser? Même si le chômage s'est "quasi stabilisé depuis l'été 2014" selon l'Insee, toutes les mesures engagées depuis le début du quinquennat de François Hollande n'ont jusqu'ici pas réussi à endiguer un chômage de masse, qui tutoie les sommets avec 3,55 millions de personnes sans emploi. Ce chiffre record avait enregistré une baisse importante fin janvier (27.900 personnes de moins que fin décembre 2015), mais la publication avait été entachée par des événements "inhabituels et inexpliqués", rendant son interprétation difficile.
Sur les trois derniers mois (novembre, décembre, janvier), le nombre de demandeurs d'emplois avait diminué de 27.500, mais était en hausse sur un an, de 1,8%. En comptant l'outre-mer et les personnes exerçant une activité réduite, le nombre de demandeurs d'emploi atteignait 5,76 millions, soit une hausse de 0,3% sur trois mois. La ministre du Travail Myriam El Khomri y avait vu une "confirmation de la tendance" observée depuis l'été 2015, à savoir une "stabilisation (...) préalable à la baisse du chômage". Avec une situation des jeunes qui s'améliore (-5% sur un an) mais celle des seniors et des chômeurs de longue durée qui se dégrade (respectivement +7,8% et +9,1%).
Depuis l'élection de François Hollande en mai 2012, Pôle emploi a vu affluer environ 630.000 chômeurs supplémentaires en métropole. L'année 2015 a cependant donné des signes d'amélioration: le chômage a connu sa plus faible hausse depuis 2010, et l'économie française a créé l'année dernière plus de 82.000 emplois marchands, après en avoir détruit pendant trois ans.
Et malgré un climat mondial morose, la croissance française devrait retrouver du tonus en 2016, selon les prévisions de l'Insee, grâce à un rebond de la consommation, des investissements soutenus et des exportations dynamiques. L'institut de la statistique table sur un taux de croissance de 0,4% au premier comme au deuxième trimestre 2016, ce qui permettrait au chômage de reculer un peu: il passerait sous la barre symbolique des 10% en métropole. Le taux de chômage se replierait ainsi au 1er trimestre, à 9,9% de la population active en métropole, contre 10% fin 2015 et resterait à ce niveau au deuxième trimestre. En France entière, le taux baisserait à 10,2% au premier trimestre (-0,1 point), puis se stabiliserait.
François Hollande l'a répété: l'inversion de la courbe du chômage, qu'il promettait avant fin 2013, déterminera sa candidature à un second mandat en 2017. Après le pacte de responsabilité, le CICE et la loi Macron, destinés à favoriser la compétitivité, le chef de l'État, a décrété en début d'année "l'état d'urgence" contre le chômage en annonçant un vaste plan de formation pour 500.00 chômeurs supplémentaires (le chômage français frappe essentiellement les non-qualifiés) et une nouvelle prime à l'embauche pour les TPE-PME.
L'exécutif s'est également lancé dans une ultime réforme du droit du travail, avec un impact espéré sur l'emploi mais à plus long terme. Objectif: permettre aux entreprises de mieux s'adapter aux aléas de l'activité économique via des assouplissements accrus du temps de travail, et encourager l'embauche en CDI plutôt qu'en CDD. Le projet est contesté par une partie des syndicats et des organisations de jeunes, qui le jugent trop favorable au patronat. Mais il est aussi critiqué par le patronat lui-même, qui dénonce le retrait des mesures en faveur de l'emploi dans TPE-PME, comme le plafonnement des indemnités prud'homales. Et dans la perspective du débat parlementaire, certains syndicats craignent que le Medef ne se serve des négociations en cours sur l'assurance chômage comme "monnaie d'échange dans la loi travail".
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