Crise du beurre: les rayons se vident un peu plus, les producteurs dénoncent une "pénurie" organisée par la grande distribution


La "crise" du beurre se prolonge. Mais pour plusieurs acteurs de la filière, à commencer par les producteurs de lait, il n'y a pas de "pénurie", même si le produit commence à se raréfier dans les rayons des grandes surfaces. Pour eux, il y a surtout une stratégie pensée par la grande distribution pour faire monter les prix et maintenir les marges, quitte à pour cela à vider les rayons.
Le cabinet Nielsen, spécialisé dans l'étude des comportements de consommation, indique d'ailleurs que sur la période du 23 au 30 octobre, le "taux de rupture" (la proportion de la demande qui ne rencontre pas d'offre faute de stock) a grimpé à 48% alors qu'il n'était "que" de 30% la semaine précédente. Autrement dit, la moitié des acheteurs potentiels ne trouvent plus de lait dans les rayons.
Or, cette crise du beurre est plus complexe qu'il n'y paraît et ne peut pas s'expliquer seulement par la baisse du cheptel laitier, qui est cependant une réalité (-2% en un an), ou la mauvaise récolte de fourrage de l'hiver dernier, qui a fait baisser la production laitière des vaches. A ces deux phénomènes se rajoutent une forte hausse de la demande à l'échelle mondiale, et notamment en Asie, captant une partie de la production. Mais les producteurs critiquent surtout le comportement de la grande distribution qu'ils accusent d'entretenir la pénurie en refusant de payer en l'état aux exploitants laitiers le "prix juste" (sous-entendu un prix plus élevé) pour accéder à la matière première, préférant ainsi laisser des rayons vides plutôt que de réduire ses marges, en attendant que le prix du beurre ne grimpe naturellement par un déséquilibre programmé de l'offre et de la demande.
Et, sans préjuger d'une stratégie organisée dont la dénonciation repose surtout sur la conviction des producteurs, les effets commençaient déjà à se faire sentir sur les prix. Entre septembre 2017 et septembre 2016, le prix moyen de la plaquette de beurre française était déjà passé de 1,50 euros à 1,80 euros. Les critiques imaginent que ce n'était sans doute pas assez pour la grande distribution qui non seulement peut vendre la plaquette de beurre 2 euros dans le circuit international (quand elle est fabriquée avec du lait français), mais anticipe sans doute une hausse du prix du lait, certains géants du lait comme Lactalis ayant déjà accepté d'augmenter leur prix d'achat du lait aux producteurs.
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