Epargne-retraite : comment le gouvernement veut aspirer les fonds de l'assurance-vie et du livret A

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DD.
Publié le 03 mai 2018 - 12:49
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Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire à Paris, le 17 mai 2017
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© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives
Bruno Le Maire confirme de fortes incitations fiscales pour l'épargne retraite au détriment des autres placements.
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Dans une interview parue dans "Le Parisien", Bruno Le Maire dévoile des éléments de la prochaine loi Pacte visant à favoriser la croissance et la création d'entreprise. Mais elle prévoit aussi des moyens pour développer les dispositifs de l'épargne-retraite (de type Perco ou Perp). Et la ligne est claire: inciter les Français a user de leur épargne pour ces produits de retraite par capitalisation au détriment d'autres placements.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a répondu ce jeudi 3 à un interview du Parisien où il revient en détails sur certains aspects de la future loi Pacte. Et, en premier lieu, sur les retraites, l'un des points cruciaux de ce paquet législatif.

L'objectif du gouvernement: développer massivement les encours de l'épargne-retraite (Perco ou Perp par principalement), pour qu'ils atteignent 300 milliards d'euros d'ici la fin du quinquennat contre à peine 200 milliards actuellement. Le ministre déplore le chiffre actuel en comparaison des "2.100 milliards d'euros pour le livret A et l'assurance(-vie)". Guère besoin d'être extralucide pour comprendre la stratégie prévue: vider en partie (voire en grande partie) les encours de ces deux produits d'épargne en redirigeant les bas-de-laine des Français sur la retraite par capitalisation.

Une manière sans doute de comprendre pourquoi le livret A voit son taux scotché à 0,75% seulement (certes net d'impôt) et une réforme qui permettra à partir de 2020 de fixer un taux qui pourrait être inférieur à l'inflation, et donc représenter une perte de revenus pour les épargnants qui continuent de plébisciter ce placement simple, sûr et dont les fonds sont constamment disponibles (soit l'inverse de l'épargne-retraite). Idem pour l'assurance-vie qui depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir a vu sa fiscalité se durcir avec l'instauration de la flat tax à 30%.

Mais la campagne de charme de la retraite par capitalisation ne s'arrêtera pas là. Bruno Le Maire annonce des incitations fiscales considérables pour rediriger l'épargne des Français imposables: "Pour chaque versement volontaire effectué par l’épargnant, vous aurez le droit à une déduction fiscale. Par exemple, si vous versez 1.000 euros sur votre compte épargne-retraite, quel qu’il soit, vous pourrez déduire ce montant de votre revenu imposable. Cette déduction se fera dans la limite des plafonds existants (soit 30.000 € par an pour un PERP par exemple). Par ailleurs, si vous choisissez de sortir en rente, ce sera fiscalement avantageux à la sortie" annonce le ministre.

Lire aussi - "Exit tax": Bruno Le Maire nie toute politique "socialement injuste"

La fusée de l'épargne-retraite est donc sur la rampe de lancement de la loi Pacte et espère bien se substituer au livret A et surtout à l'assurance-vie, qui servait pourtant dans la stratégie de certains épargnants à se financer un complément de retraite. Faut-il y voir une volonté gouvernementale de donner un sérieux coup de pouce à la partie "capitalisation" de la retraite alors qu'une réforme sur le régime général doit être enclenchée pour 2019?  Lors de son interview par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel le 15 avril, Emmanuel Macron assurait vouloir "consolider le système de retraite par répartition".  On sait maintenant ce qu'il en est pour la retraite par capitalisation: la législation fisclae sera à son service pour son plein développement.

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