Grippe aviaire : 120 millions d'euros de pertes pour la filière foie gras

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 janvier 2017 - 09:54
Image
Une oie.
Crédits
©Desrus Benedicte/Sipa
Le Cifog a revu en nette hausse sa première estimation des pertes pour la filière, estimées à 80 millions d'euros au début du mois.
©Desrus Benedicte/Sipa
Alors qui s'apprêtent à être reçus ce jeudi au ministère de l'Agriculture pour discuter des indemnités liées à la grippe aviaire, les éleveurs ont revu en nette hausse leurs pertes, estimées désormais à 120 millions d'euros. Alors pour éviter une nouvelle crise à l'avenir, ils ont annoncé un plan en 15 mesures.

Les producteurs de foie gras, qui seront reçus ce jeudi 19 au ministère de l'Agriculture pour discuter des indemnités liées à la grippe aviaire, ont revu en nette hausse mercredi leurs pertes, à 120 millions d'euros, et annoncé un plan en 15 mesures pour éviter une nouvelle crise à l'avenir. "Nous constatons des pertes de l'ordre de 120 millions d'euros" pour l'ensemble de la filière "de l’accouvage à la transformation en passant par les éleveurs et les gaveurs", a déclaré Christophe Barailh, précisant que cette somme inclut "les pertes directes liées à l'abattage et également (celles) liées au vide sanitaire (...) qui a déjà commencé pour certaines zones".

L'épizootie d'influenza aviaire H5N8 qui sévit depuis décembre dans les élevages du sud-ouest (145 exploitations infectées, essentiellement dans le Gers et les Landes) a conduit le gouvernement à imposer début janvier des abattages préventifs d'oies et de canards dans une zone étendue deux fois depuis et qui englobe désormais 232 communes. "Du fait de l'extension des zones, avec des abattages supplémentaires programmés", le Cifog a revu en nette hausse sa première estimation des pertes pour la filière, estimées à 80 millions d'euros au début du mois. Le coût du virus pourrait encore augmenter. "On était parti sur un volume de 1,3 million" d'animaux à abattre, "on en est à 1,5 millions" et "la situation n'est toujours pas stabilisée", a-t-il ajouté.

Déjà fragilisée par l'épisode d'influenza aviaire H5N1 de l'hiver 2015/16, l'interprofession a adopté un plan pour tuer dans l'oeuf les prochaines crises. Le Cifog envisage notamment de "tester systématiquement" les lots de canards avant l'étape du gavage pour éviter de transporter des volailles contaminées, a expliqué M. Barailh. Autre exemple, dès qu'un cas suspect sera détecté par un vétérinaire, un confinement pourrait être imposé "dans un périmètre à définir", sans attendre l'habituel arrêté préfectoral.

Pour la "filière longue", où chaque étape de la vie du canard se déroule sur un site différent, les producteurs se sont accordés pour que "des animaux d'âge identique" soient élevés dans chaque exploitation "avant la prochaine migration d'automne, c'est-à-dire pour septembre". Cette mesure permettra "d'avoir un vide sanitaire de 14 jours à l'issue de chaque lot", au lieu du turn-over continu actuel.

Par ailleurs, un audit "à périmètre national" sera réalisé "pour vérifier que les règles de biosécurité sont bien mises en place" par les producteurs, en commençant par la zone de l'épizootie en cours, dès que celle-ci sera terminée. Pas question toutefois d'une chasse aux sorcières: "il n'y a pas de coupable, on est tous victimes", affirme M. Barailh, qui voit dans cette mesure "une question d'équité (...) pour amener tous les éleveurs vers les règles et le mieux-disant". Le Cifog veut aussi "sécuriser les étapes de transport" des volailles, en appliquant un nouveau "protocole de nettoyage-désinfection des cages et des camions", et "professionnaliser les +équipes d'attrapage+" qui manipulent les animaux, avec un "guide des bonnes pratiques".

Ces mesures feront l'objet d'un accord interprofessionnel, qui devra ensuite être validé par le gouvernement. "J'imagine que l'Etat accueillera favorablement nos propositions", a prédit le président du Cifog, convaincu que si un nouveau virus apparaît dans les élevages, son plan permettra de "l'identifier et en limiter la propagation très rapidement". Faisant entendre sa voix discordante, la Confédération paysanne a de nouveau dénoncé l'élevage industriel et ses "responsabilités dans la propagation du virus". "Il y a urgence à revoir le fonctionnement de la filière dont l'hyper-segmentation est source de crises sanitaires à répétition", a affirmé le syndicat (classé à gauche) dans un communiqué.

 

À LIRE AUSSI

Image
Canards Illustration
Grippe aviaire : la zone d'abattage massif des canards s'étend
Ce sont maintenant 180 communes qui seront concernés par l'abattage massif des canards d'élevage, selon un arrêté publié au Journal officiel mardi. Le Gers reste le pr...
10 janvier 2017 - 11:33
Société
Image
De nouveaux cas de grippe aviaire ont été constatés en Europe en décembre.
Grippe aviaire : l'abattage massif de canards, une "catastrophe" pour les éleveurs
L'abattage massif de canards pour lutter contre la grippe aviaire a commencé jeudi. Plusieurs éleveurs craignent déjà la "mort de la filière"."Un coup de massue", une ...
06 janvier 2017 - 10:02
Tendances éco
Image
Une envolée de canards.
Grippe aviaire : retour sur les principaux épisodes en France depuis 2006
Pour tenter d'endiguer la propagation de la grippe aviaire, une campagne d'abattage massif dans plusieurs départements du Sud-Ouest a débuté ce jeudi. Retour sur les p...
05 janvier 2017 - 15:55
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.