La brebis Dolly a vingt ans, la viande clonée toujours source d'interrogations

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 juillet 2016 - 12:09
Image
Clonage Brebis Dolly
Crédits
©Jeff J.Mitchell/Reuters
La brebis est décédée en 2003, après de nombreux problèmes de santé.
©Jeff J.Mitchell/Reuters
Il y a vingt ans, le premier animal cloné, la brebis Dolly, voyait le jour. Mais la possibilité de cloner en masse des bêtes destinées à la consommation humaine reste un sujet sensible.
C'est la plus célèbre des brebis. Le 5 juillet 1996, Dolly, premier mammifère à avoir été cloné à partir d'une cellule adulte, voyait le jour en Ecosse. Vingt ans plus tard, le clonage à des fins agricoles est pratiqué dans plusieurs régions du monde mais l'Europe résiste.
 
Révélé en février 1997, le clonage de Dolly, réalisé par l'institut Roslin d'Edimbourg, est salué à l'époque comme une avancée scientifique majeure. Il provoque aussi une vive polémique sur son éventuelle application à l'être humain.
 
Pour Dolly, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. La brebis vieillit prématurément. Elle souffre d'arthrite puis développe une maladie des poumons, qui lui vaut d'être euthanasiée en 2003. Sa dépouille naturalisée trône à présent au musée national d'Ecosse.
 
Le clonage est une technologie lourde. Pour Dolly, les chercheurs ont transféré le noyau d'une cellule de glande mammaire prélevée sur une brebis adulte dans un ovocyte énucléé. Ils ont ensuite implanté l'embryon obtenu dans l'utérus d'une brebis "porteuse".
 
Dans le monde de l'élevage, "le clonage a été perçu comme un outil d'aide à la reproduction d'animaux", déclare à l'AFP Jean-Louis Peyraud, chercheur à l'Inra, l'institut français de recherche agronomique.
 
La technique étant fort coûteuse-plus de 10.000 euros par animal-le but n'est pas d'avoir des clones pour commercialiser leur viande mais pour améliorer les cheptels.
 
Des sociétés privées américaines ont ainsi entrepris de cloner des animaux à forte valeur génétique: vaches donnant beaucoup de lait mais aussi des ovins et des porcins à haut potentiel.
 
La Food and Drug Administration (FDA) américaine a autorisé en 2008 la commercialisation des produits provenant d'animaux clonés et de leur progéniture, estimant qu'ils étaient "aussi sûrs que ceux des animaux conventionnels".
 
En dépit d'un taux de succès relativement faible-de 15% à 30% selon M. Peyraud-, le clonage a poursuivi son bonhomme de chemin aux Etats-Unis. La société texane ViaGen s'enorgueillit sur son site d'avoir "développé des milliers d'animaux clonés en bonne santé et actifs", avec sa maison-mère Trans Ova Genetics.
 
L'Argentine, le Brésil, le Canada, l'Australie pratiquent également le clonage d'animaux d'élevage.
 
La Chine a fait sensation fin 2015 avec l'annonce de la construction d'une usine de clonage de divers animaux. La société Boyalife promet 100.000 embryons de vaches la première année et un million par an à terme.
 
Face à son opinion publique majoritairement hostile au clonage, l'Union européenne ne produit pas de clones pour l'élevage. Depuis 1997, elle impose une autorisation de mise sur le marché pour la vente de produits clonés. Jusqu'à présent, personne n'a déposé de dossier.
 
Un rapport d'experts remis en novembre à la Commission européenne admet une "possibilité" que des aliments issus d'une progéniture de clones se retrouvent dans l'assiette des consommateurs européens. Cela en raison des importations de viande et lait en provenance de pays tiers, mais aussi d'importation d'animaux vivants et de matériel génétique utilisé pour la reproduction animale dans l'UE.
 
"Les Européens mangent sans doute à leur insu de la viande issue de descendants de clones en l'absence de traçabilité et d'étiquetage", déclare à l'AFP Pauline Constant, porte-parole du BEUC (Bureau européen des associations de consommateurs).
 
"Ce n'est plus acceptable", estime cette fédération d'associations qui demande aux états de l'UE de presser la Commission européenne d'avancer sur ce dossier.
 
L'agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) n'a pas d'inquiétudes pour la santé humaine. Mais elle pointe "les problèmes de santé animale et de bien-être des animaux" associés au clonage.
 
"La mortalité embryonnaire est élevée, la mise bas peut être difficile, certains animaux naissent trop gros ou avec des pathologies lourdes", note M. Peyraud. Des cas de veaux à trois pattes ou d'animaux à deux têtes ont été rapportés, dit-il.
 
En septembre, le Parlement européen a réclamé à une large majorité que non seulement les animaux d'élevage clonés soient interdits dans l'UE mais aussi leurs descendants et les produits en étant issus. Une position plus stricte que celle prônée par la Commission qui souhaite ménager les Etats-Unis.
 
Le rapport d'experts met en avant le coût très élevé d'un éventuel étiquetage des denrées alimentaires obtenues à partir d'animaux clonés, notamment pour le porc.
 
Mais le BEUC plaide en faveur d'une telle mesure. "Les consommateurs ont le droit de savoir ce qu'ils mettent dans leur assiette", estime-t'il, en suggérant de commencer par étiqueter la viande bovine.
 
 

À LIRE AUSSI

Image
Clonage Brebis Dolly
Clonage animal et Union européenne : une question épineuse entre les différentes institutions
Le clonage des animaux s'est développé depuis la brebis Dolly en 1996, mais les différentes institutions européennes ont du mal à trouver une position commune sur ce s...
30 octobre 2015 - 17:13
Politique
Image
Des veaux.
La Chine se lance dans le clonage de masse d'animaux
La Chine prévoit de construire le plus grand site mondial de clonage d'animaux dans la ville portuaire de Tianjin (nord). L'objectif: produire des chiens, des chevaux,...
28 novembre 2015 - 19:49
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.