Labeyrie : foie gras, saumon et autres plaisirs depuis 1946

Auteur(s)
MM
Publié le 21 septembre 2015 - 18:07
Mis à jour le 15 octobre 2015 - 13:11
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Robert Labeyrie a lancé son entreprise sur les marchés régionaux, ici à Dax en 1949.
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©Labeyrie/Photo de famille
Robert Labeyrie a lancé son entreprise sur les marchés régionaux, ici à Dax en 1949.
©Labeyrie/Photo de famille
Parti de l’idée que le foie gras et le saumon ne devaient pas être réservés à une élite, Robert Labeyrie a révolutionné le commerce de ces produits. L’entreprise qu’il a créée en 1946 est aujourd’hui leader en France,et ne compte pas s’arrêter là.

C’est naturellement dans le Sud-Ouest, à Saint-Geours-de-Maremne (Landes), que naît Labeyrie, au lendemain de la Seconde guerre mondiale. En 1946 son fondateur, Robert Labeyrie, fils d’un ouvrier des chemins de fer, n’a que 23 ans.

A l’époque, il va vendre aux Halles de Bordeaux et sur les marchés ses foies gras et ses poulets mais aussi des saumons, brochets et tanches de l’Adour, le fleuve qui sépare les Landes des Pyrénées-Atlantiques. Un cheminement apparemment banal, mais Robert Labeyrie va sortir du lot en osant le changement.

Convaincu que le foie gras et le saumon peuvent être démocratisés, il s’affranchit des codes d’un secteur pourtant très traditionnaliste. Il sera le premier à exporter des foies gras crus, quitte à se fermer le sacro-saint marché alsacien.Le jeune entrepreneur est aussi un inconditionnel du saumon fumé –qui, à l’époque, ne se trouve que dans les épiceries spécialisées, à prix d’or.

Ne connaissant pas les techniques de fumage et ne trouvant personne en France pour les lui enseigner, Robert Labeyrie dépêche un émissaire en Norvège. Au début des années 1960, il lance le premier saumon fumé conditionné disponible en grandes surfaces, mettant ainsi à la portée de tous des produits artisanaux et élitistes. La première unité de production de saumon s’implante à Saint-Geours-de-Maremne en 1963. Alimentée par les saumons sauvages de l’Adour, l’usine s’oriente en 1965 vers l’élevage.

Un géant est né

Mal vue par une partie des artisans, cette pratique permettra à Labeyrie d’augmenter ses volumes et de construire en 1968 l’usine encore en activité aujourd’hui, toujours dans la même commune. Trois ans plus tard, la première conserverie de foie gras est créée. Labeyrie emploie alors 70 salariés.

Les années 1980 vont faire de Labeyrie un géant industriel, toujours avec le même esprit pionnier. En 1986, l’entreprise est rachetée par Européenne de Gastronomie, une branche du géant industriel tricolore Suez. L’année suivante, la première campagne de publicité télévisée est lancée, portée par le slogan "A tous ceux qui savent vivre", et met en scène le luxe accessible à tous et à tout moment.

Le nouveau patron, Européenne de Gastronomie, développe le leader français du foie gras et du saumon. Tout en lançant de nouveaux produits, la société cherche, malgré sa présence en grandes surfaces, à garder l’image d’uneproduction de qualité, voire artisanale: "Labeyrie met un point d'honneur à proposer une offre premium et l'excellence en matière de foie gras, de saumon fumé et dans le reste de son offre", affirme l’entreprise à FranceSoir.

En 1989 elle crée un "engagement fraîcheur" pour ses saumons, garantissant un délai minimum entre la pêche et le fumage du poisson. En 1994, elle appose la norme Indication Géographique Protégée (IGP) sur ses foies gras.

Symbole de son développement économique, Labeyrie est cotée en bourse en 1999. L’année suivante, l’entreprise rachète Vensy, le numéro un espagnol du saumon fumé, les foies gras Pierre Gueraçague et la PME orléanaise Prince Igor, spécialiste des blinis, tarama et autres produits apéritif. Labeyrie complète ainsi sa gamme ce qui lui permet aujourd’hui -même si le saumon et le foie gras génèrent la majorité de ses revenus- d’être moins dépendante des périodes de fêtes.

Labeyrie voyage puis rentre en France

En 2002, c’est donc une entreprise en pleine forme -elle a doublé son chiffre d’affaires en cinq ans- que rachète le fonds d’investissement suédois IndustriKapital pour 129 millions d’euros, trois fois plus que l’investissement initial d’Européenne de Gastronomie. Un succès logique pour l’entreprise qui explique "avoir su créer une offre qui n’existait pas".

L’heureux nouveau propriétaire ne restera à la tête de Labeyrie que deux ans. Le temps d’ingurgiter le normand Blini, le producteur de saumon Farne of Scotland et de doubler sa mise en revendant au groupe agroalimentaire islandais Alfesca. Sous sa direction, Labeyrie s’attaque à de nouveaux secteurs: le caviar, les crevettes, mais aussi une gamme d’épicerie fine et de surgelés sucrés et salés, "un nouveau pilier de la stratégie de développement de la marque".

Mais après avoir affolé les bourses lors de cet épisode européen, Labeyrie rentre au pays. Alfesca se retire début 2012 au profit de deux acteurs français. Le fond d’investissement LBO acquiert un tiers des parts, le nouvel actionnaire majoritaire est plus surprenant: il s’agit de Lur Berri, une coopérative agricole de vieille souche basque. Une identité à la sonorité rustique qui ne l’empêche pas de valoir plusieurs centaines de millions d’euros. L’entreprise prend le nom de Labeyrie Fine Foods.

Plus qu’un producteur d’aliments de luxe, l’entreprise est présente sur l’ensemble du secteur de l’"alimentation plaisir", des sushis au caviar, de l’apéritif au dessert. En pleine expansion, le groupe, fondé il y a 67 ans par un jeune Landais, emploie aujourd’hui 4.500 salariés, défend une production 100% française et a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 800 millions d’euros. Un chiffre "en progression en 2013", selon la société qui vise le milliard d’euros pour 2015.

 

 

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