Le gouvernement renonce à surtaxer les centrales à charbon dès 2017, les ONG inquiètes

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 octobre 2016 - 19:44
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Usine à Charbon france union européen morts
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©Jean-Christophe Verhaegen/AFP
Selon la CGT, une surtaxe aurait entraîné la fermeture dans les deux ans à venir des dernières centrales à charbon françaises.
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Le gouvernement a finalement décidé qu'il ne surtaxerait pas les centrales à charbon à partir de l'an prochain, à la grande inquiétude des ONG environnementales. Car lors de la conférence sur le climat en avril, François Hollande avait annoncé l'instauration unilatérale par la France d'un prix plancher pour la tonne de carbone dans le secteur de la production électrique afin d'encourager le développement des énergies renouvelables.

Le gouvernement a renoncé à taxer dès l'an prochain la production d'électricité à partir de charbon, une mesure qui aurait précipité la fin programmée des centrales à charbon françaises, au grand dam des ONG qui y voient un mauvais signal environnemental à l'approche de la COP22. Lors de la conférence environnementale, en avril, François Hollande avait annoncé l'instauration unilatérale par la France d'un prix plancher pour la tonne de carbone dans le secteur de la production électrique. Concrètement, il s'agissait de surtaxer le courant produit par les centrales alimentées en énergies fossiles (charbon, fioul et gaz) afin d'encourager la production d'électricité à base de sources renouvelables (éolien, solaire...).

Mais, quelques mois plus tard, la ministre de l'Environnement et de l'Energie, Ségolène Royal, avait annoncé que ce "prix plancher" serait limité aux seules centrales à charbon, les plus polluantes des centrales thermiques. La mesure devait être intégrée au projet de budget pour 2017, sous la forme d'un amendement. Pourtant, à quelques semaines de la conférence de l'ONU sur le climat, en novembre à Marrakech, le gouvernement a opéré un revirement, après des manifestations organisées jeudi 19 par la CGT dans plusieurs villes menacées par les fermetures de centrales.

Lors des débats sur la loi de Finances à l'Assemblée, le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, évoquant "l'émoi considérable" dans plusieurs régions, a assuré dans la nuit de jeudi à ce vendredi que cette question du prix du charbon allait être gérée "dans le temps". Dans la foulée, l'amendement a été abandonné. "Il serait judicieux d'avoir un étalement dans le temps des dispositions qui correspondent à un principe sur lequel nous souhaitons avancer", le prix plancher du carbone, en faveur de l'environnement, a déclaré le secrétaire d'Etat, qui a souligné que la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoyait "au plus tard en 2023 de mettre fin à ces centrales". La mesure n'est pas abandonnée et sera abordée dans un cadre européen, assure-t-on au ministère de l'Environnement.

"L'importance de donner un prix au carbone pour orienter dans la durée les investissements vers les énergies bas carbone reste un des axes de la loi sur la transition énergétique" et de la PPE, "qui sera publiée dans les prochains jours", rappelle-on au ministère, soulignant que "la France a déjà une tarification carbone incluse dans sa fiscalité énergétique et il y a des travaux européens sur les marchés carbone". "C'est dans ce cadre que la discussion se poursuit", et "l'objectif reste la réduction des énergies fossiles dans la production d'énergie", explique-t-on de même source. 

La CGT, selon qui cette surtaxe aurait entraîné la fermeture dans les deux ans à venir des dernières centrales à charbon françaises, et la suppression de 5.000 emplois directs et indirects, voit dans cette nouvelle "un bon début mais on sera vigilant sur +l'étalement dans le temps+ évoqué par M. Eckert", selon Loïc Delpech, de la fédération Mines énergie. Les ONG, elles, n'ont pas caché leur déception. "L'abandon de cette mesure porterait un coup à la crédibilité de la France alors que l'Accord de Paris entre en vigueur le 4 novembre et que va s'ouvrir la COP22", a dit à l'AFP Célia Gautier, porte-parole du Réseau action climat. "Renoncer aujourd'hui et reporter ça à plus tard, c'est clairement pas dans l'esprit de l'accord de Paris", a renchéri Denis Voisin, de la Fondation Nicolas Hulot.

Supplanté par l'atome, le charbon ne joue plus qu'un rôle mineur dans le système électrique français, le pays ne comptant que quatre centrales fonctionnant avec cette énergie. Deux sont exploitées par EDF (Cordemais en Loire-Atlantique et Le Havre en Seine-Maritime), et deux autres par l'allemand Uniper (Gardanne dans les Bouches-du-Rhône et Saint-Avold en Moselle). Mais ces installations contribuent à sécuriser l'approvisionnement énergétique en cas de pics de consommation de courant et servent donc de "batteries de secours" pour le réseau électrique national. Cependant, selon une source proche du dossier, le report de la taxation du charbon n'est pas lié à la faible disponibilité du parc nucléaire, qui suscite en ce moment des inquiétudes pour l'approvisionnement électrique cet hiver.

 

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