Orange/Bouygues : report de la décision sur un éventuel mariage
Le suspense va se prolonger encore quelques jours autour d'un éventuel mariage entre les opérateurs Orange et Bouygues Telecom après l'annonce ce jeudi 31 mars de la prolongation jusqu'au week-end des discussions entre l'opérateur historique et le groupe industriel Bouygues. A l'issue de conseils d'administration qui se sont tenus mercredi 30 au soir, les deux groupes ont estimé que "les discussions n'étaient pas suffisamment avancées" pour prendre une décision avant ce jeudi, date butoir initiale pour l'issue des négociations, et se sont accordé quelques jours supplémentaires. Orange a précisé qu'il "réunira(it) son conseil d'administration pour examiner le résultat de ces discussions d'ici le (dimanche) 3 avril". "Il reste un peu de travail, voire beaucoup de travail. Ce délai ne présage pas, pour l'instant, de l'issue des négociations, mais dans tous les cas, elles ne devraient pas aller au-delà" du week-end, a-t-on indiqué à l'AFP de source proche des négociations.
De sources concordantes, plusieurs points restent à régler tant entre les deux groupes qu'avec les autres parties prenantes de ces négociations entamées officiellement depuis le 5 janvier. "Il reste en particulier deux points, la question de la prise de risque, en particulier pour Bouygues Telecom, si l'Autorité de la Concurrence ne valide pas l'accord trouvé ou demande d'autres contreparties, et la question de la valorisation, tant d'Orange que de Bouygues Telecom, en particulier du côté de l’État", a précisé à l'AFP une source proche des négociations.
Bouygues espère vendre sa filiale télécoms pour environ 10 milliards d'euros, le montant qu'avait mis sur la table Patrick Drahi, le magnat propriétaire de Numericable-SFR, lors d'une offre l'an dernier qui avait été rejetée. Mais l’État, dont la participation au capital d'Orange, actuellement de 23%, sera diluée une fois l'accord conclu, souhaite revoir cette estimation à la baisse, ce qui jouerait mécaniquement sur la participation du groupe Bouygues au sein du nouvel ensemble, prévue aux alentours de 12%. Interrogé par l'AFP, le ministère de l’Économie s'est refusé à tout commentaire.
Le partage des actifs de Bouygues Telecom avec Iliad-Free, le groupe de Xavier Niel, et SFR du magnat Patrick Drahi, ainsi que la question des risques, en cas de rejet de l'accord par l'Autorité de la concurrence, restent également deux des sujets sur lesquels les discussions doivent se poursuivre. "Les choses sont assez claires avec (Patrick) Drahi, c'est un peu plus compliqué avec Xavier Niel en ce qui concerne la valorisation des actifs que Free pourrait récupérer", a expliqué à l'AFP une autre source proche des négociations.
Les opérateurs doivent notamment se répartir les salariés de Bouygues Telecom alors que l’État tient à ce que l'opération se fasse sans aucun licenciement et que les syndicats ont déjà exprimé leur inquiétude. Free, qui devrait mettre la main sur le réseau de Bouygues Telecom et une partie des fréquences, pourrait reprendre en cas d'accord quelque 2.000 salariés. SFR, qui souhaite récupérer une partie des abonnés de son concurrent, reprendrait 1.000 à 1.500 employés, et Orange 4.000 environ, rapportent Les Échos.
Orange et Bouygues Telecom sont entrés en discussions le 5 janvier dernier en vue d'un rapprochement, qui ferait passer de quatre à trois le nombre d'opérateurs en France, une situation que ces derniers appellent de leurs voeux pour regonfler leurs marges. Tout accord devra ensuite être approuvé par l'Autorité de la concurrence qui sera attentive à préserver un niveau suffisant de compétition sur le marché des particuliers comme des entreprises. En cas d'échec, SFR, Orange et Iliad ne devraient pas souffrir à court terme, puisque, comme l'ont démontré leurs résultats financiers 2015, ils ont redressé leurs comptes.
Bouygues Telecom en revanche, qui a creusé sa perte à 59 millions d'euros l'an dernier, sera à la peine pour continuer son chemin de façon autonome, et aura fort à faire pour remotiver ses troupes après une longue période d'incertitudes pour ses salariés. Le titre du groupe de BTP perdait plus de 3% en Bourse (-3,64% à 35,85 euros jeudi à 07H52 GMT) après l'annonce de la prolongation des pourparlers.
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