Paiement sans contact : le plafond passe à 30 euros, une bonne aubaine pour les banques
De janvier 2017 à fin août, ce ne sont pas moins de 730 millions d'euros qui ont été dépensés en paiement sans contact avec des cartes bancaires en France selon les statistiques révélées par le Groupement des Cartes bancaires CB. Et ce chiffre va encore grimper: à partir de dimanche, les premières cartes bancaires qui pourront permettre de payer sans contact jusqu'à 30 euros vont être lancées. Le plafond maximum est actuellement de 20 euros, cela va donc représenter une augmentation de 50%.
Si les Français ont adopté massivement ce mode de paiement et sont friands de systèmes leur facilitant les transactions, ce sont surtout les banques qui ont gros à gagner dans cette affaire. Et pour cause: sans l'admettre officiellement, le paiement sans contact est une excellente affaire pour elles, en limitant, dans des proportions difficiles à estimer cependant, le nombre de paiement en espèces. L'usage de liquide par les consommateurs n'étant pas une bonne opération pour les banques. Primo, c'est un mode de paiement qui est "gratuit". C'est certes mieux que le hantise des banques, le chèque (qui coûte 40 centimes de traitement pour ces derniers), mais moins intéressant qu'un paiement dématérialisé qui rapporte des frais. Les sommes sont minimes (quelques centimes de frais fixes et entre 0,02% et 0,04% du prix de la transaction en général), mais la masse est énorme: rien qu'en 2017, le sans contact représentera un milliard de transactions. Et si l'écrasante majorité remplace sans doute un paiement par carte classique, quelques unes se feront à la place du cash, au moins parce que la facilité est source d'incitation. Secundo, la gestion du cash représente des frais considérables entre l'installation et la maintenance d'un réseau de distributeurs automatiques, et le coût de la "sécurité fiduciaire" de conserver dans ses établissements du cash pour ses clients, une pratique qui se raréfie d'ailleurs. Dernier inconvénient du cash pour les banques, il ne génère pas la nouvelle manne économique dont sont friands les établissements financiers: les données personnelles. "Grâce au paiement sans contact qui se développe, et surtout aux systèmes à venir qui passeront par les applications de paiement et le +banking mobile+ les banques peuvent collecter des données de géolocalisation. Elles pourront savoir les magasins où vous êtes allé et vous proposer des produits en rapport avec vos habitudes. Comme par exemple un crédit à la consommation si vous êtes allés dans un magasin de meubles ou d'électroménager" explique à FranceSoir Michel Ruimy, économiste à la Banque de France et spécialiste de la monnaie et des marchés financiers. Qui rappelle au passage que "la dématérialisation de la monnaie est une tendance historique lourde. On est passé au cours de l'histoire de la marchandise aux métaux, puis à la monnaie papier, et enfin, maintenant, au développement des monnaies virtuelles".
Il est cependant peu probable que l'argent liquide reflue en dessous d'un certain seuil, voire disparaisse complètement, même si l'Etat aussi, allant dans le même sens que les banques mais pas pour les mêmes raisons, pousse à la limitation des paiements en cash les interdisant au-delà de 1.000 euros. Certaines populations n'ont en effet pas d'autres choix que de se reposer sur le liquide. En première ligne, les interdits bancaires, deux millions de personnes tout de même, qui ne peuvent plus émettre de chèque et ne peuvent utiliser que des cartes de crédits prépayées, le cash finissant par être leur principal moyen de paiement. Plus anecdotique sont les enfants qui sont rarement dotés de carte bancaire. Enfin des évènements exceptionnels rendent le liquide indispensable comme le rappelle Michel Ruimy: "Lors d'une catastrophe comme l'ouragan Katrina aux Etats-Unis (en 2005, NDLR), tous les systèmes électriques, dont ceux assurant les paiement dématérialisés, ont été endommagés. Il n'y avait plus que le liquide comme support de réserve monétaire".
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