Partie de poker serrée entre Conforama et la Fnac pour le rachat de Darty
Comme dans une partie de poker, l'agitateur culturel et le distributeur de meubles ont relevé deux fois chacun leurs offres d'acquisition de Darty, depuis mercredi soir. Conforama a lancé le mouvement, en proposant l'équivalent de 943 millions d'euros, suivi par la Fnac, qui a mis sur la table 987 millions en début de journée.
En début d'après-midi, la barre du milliard d'euros a fini par être franchie par les deux prétendants de Darty : à une demi-heure d'intervalle, Conforama a relevé son OPA à 1,02 milliard d'euros, poussant la Fnac à monter de nouveau la sienne, juste-au dessus du niveau proposé par son concurrent, à 1,04 milliard.
C'est donc un nouveau rebondissement dans la bataille que se livrent depuis des mois Fnac et Conforama pour acquérir Darty.
La Fnac avait initialement les faveurs de Darty, avant que Conforama ne propose une offre supérieure, qui a été approuvée mi-mars par la direction du distributeur d'électroménager.
Mais Darty n'avait pas exclu formellement de se réconcilier avec la Fnac si celle-ci venait à surenchérir.
Darty avait pris note jeudi midi de la première surenchère entre ses deux prétendants, ajoutant que son conseil d'administration "allait soigneusement les examiner, avant de faire en temps voulu une nouvelle recommandation aux actionnaires".
En se mariant à la Fnac, Darty renforcerait son développement dans les produits techniques - qui représente déjà 55% des ventes de la Fnac -, tandis qu'une alliance avec Conforama l'ancrerait sur l'univers de la maison - 60 à 65% de l'activité de Conforama.
Le distributeur d'électroménager suscite les convoitises depuis qu'il a réussi à redevenir bénéficiaire il y a un an. La marque Darty, ancrée dans le quotidien des Français depuis 1957, est également particulièrement reconnue pour la qualité de son service-client.
S'emparer de Darty permettrait à la Fnac de renforcer sa stratégie de diversification au delà de la vente des produits culturels et technologiques, son métier historique. A ce titre, elle s'est lancée depuis 2012 dans la distribution de nouvelles familles de produits dont les appareils électroménagers.
La Fnac (qui a accueilli récemment Vivendi à son capital), fait valoir jeudi que son offre améliorée "représente une opportunité stratégique majeure " et lui permettrait de dégager des économies annuelles, réévaluées à 130 millions d'euros, alors qu'elles étaient initialement chiffrées à 85 millions.
Les syndicats avaient émis de vives inquiétudes à l'annonce du projet de rachat par la Fnac, craignant des suppressions d'emplois.
De son côté, le conseil d'administration de Conforama ambitionne "de créer un leader français de la distribution de produits et accessoires de la maison, opérant sous des marques bien établies et complémentaires".
En terme d'implantations, un élément qui s'avérera décisif lors de l'examen des projets de rachat par l'Autorité de la concurrence, Fnac et Darty apparaissent souvent côte à côte dans les grandes métropoles, ce qui pourrait entraîner des demandes de cessions de magasins.
Conforama est davantage présent dans la périphérie des villes petites et moyennes, où se trouve aussi Darty mais également des magasins de rivaux comme Boulanger ou But, ce qui pose donc en principe moins de problèmes de concurrence.
Les trois groupes sont de taille comparable. La Fnac, qui emploie 14.500 collaborateurs (dont 61% en France), a dégagé en 2015 un bénéfice net de 48 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 3,87 milliards.
Darty (12.600 salariés) a renoué avec les bénéfices l'an dernier (13,8 millions d'euros pour des ventes de 3,51 milliards). Enfin, Conforama (13.400 salariés en Europe) a réalisé sur son dernier exercice un chiffre d'affaires de 3,22 milliards.
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