Chute de la Bourse et trading haute fréquence : les robots ont-ils pris le contrôle des marchés ?

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Damien Durand
Publié le 08 février 2018 - 17:12
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Traders sur le parquet du New York Stock Exchange le 1er novembre 2017 à New York
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© Bryan R. Smith / AFP/Archives
La perte lundi s'est jouée en une heure à la bourse de New York.
© Bryan R. Smith / AFP/Archives
Lundi, le Dow Jones essuyait une perte conséquente contaminant toutes les grandes places de marchés financières de la planète. La correction était attendue mais les appareils de trading, passant les ordres en suivant des algorithmes prédéfinis, ont accéléré la vitesse de la chute sous l’œil des observateurs financiers.

Lundi 5, le Dow Jones de New York clôturait en baisse de 4,61%. La dégringolade de la bourse américaine était même retransmise sur les télévisions. En moins d'une heure en effet, les observateurs ont pu voir l'indice principal de Wall Street baisser de 500 points, puis de 1.000, puis de 1.500 dans une chute rapide et incontrôlable.

Si la correction était attendue après une année 2017 visiblement en surchauffe, c'est le rôle des "robots" qui est revenu sur le devant de la scène financière. Autrement dit ces ordinateurs qui, obéissant à des algorithmes, passent automatiquement les ordres d'achats ou de ventes à haute fréquence. Ce sont eux, en partie, qui expliquent la rapidité de la correction. Le Dow Jones passant en dessous d'un certain seuil, les robots de trading ont enchaîné les ordres de ventes, faisant baisser les cours… et ainsi de suite. Conséquence: les volumes d'échange ont été considérable lundi 5, pas moins de 11 milliards s'étant échangés, contre 7 milliards un jour "normal".

Voir aussi: Cnil: il faut sans cesse douter des algorithmes

Les marchés financiers ont-ils alors encore la maîtrise face aux appareils de trading œuvrant à une vitesse déroutante pour un cerveau humain?

"Il faut voir les ordinateurs et les algorithmes comme un pilote automatique. Ils ont même l'avantage d'assurer une certaine liquidité au marché en effectuant des opérations mêmes quand les variations sont minimes. Après, la rapidité peut être déroutante dans une approche traditionnelle de la gestion financière, ou celle qui s'envisage plutôt comme se basant sur du moyen terme" explique à France-Soir Alexandre Baradez, chef de la stratégie de marché chez IG. Qui rappelle d'ailleurs que ces outils, au moins des versions de base, sont maintenant largement à disposition des particuliers investissant sur les marchés.

En dernière instance, c'est l'homme qui garde la main sur les marchés et, en principe, un krach issu des robots n'est pas possible. Un blocage temporaire des échange ("circuit breaker" en anglais) s'enclenche d'ailleurs lorsque l'indice S&P500 de la bourse de New York dépasse 7% de baisse. Par contre, l'homme peut être à l'origine de l'emballement de la machine, sur une simple erreur, comme le rappelle Alexandre Baradez: "Le 7 octobre 2016, un acteur du marché a commis un +fat finger+ sur le marché des devises entre la livre sterling et le dollar. Cet ordre erroné a entraîné une réaction des autres ordinateurs qui ont fait passer la livre sterling de 1,26 dollar à 1,18 dollars (soit une chute de 6,3%, NDLR) en quelques secondes". Les choses sont finalement rentrée dans l'ordre à la clôture (1,24 dollar).

Lire aussi: Panique boursière à New York (et Paris): que se passe-t-il à Wall Street?

Ni krach donc, ni de prise des contrôles des robots ne seraient à craindre. Le trading à haute fréquence n'aurait qu'une seule conséquence notable: il accélérerait la rapidité des corrections. Lundi 5, cela a concrètement représenté en une heure de temps la perte de tous les gains boursiers réalisés depuis le début de l'année 2018.

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