Cours du bitcoin : quel est le risque pour les investisseurs ?
C'est l'éclatement que tout le monde craint et qui n'arrive pas. Mais qui, s'il se produit, fera mal, très mal même, eu égard de la flambée considérable de cet actif que peu d'acheteurs savent réellement appréhender.
Le bitcoin n'en finit pas de monter, encore et encore, à des niveaux dépassant l'entendement. Ce jeudi 7, la monnaie virtuelle a dépassé la barre des 15.000 dollars. Pour rappel, cette "monnaie" (qui est en fait une unité de paiement de pair-à-pair usant de la technologie du blockchain et qui n'est pas cotée sur un marché régulier) ne valait "que" 1.000 dollars il y a tout juste un an. Il était encore à 5.000 dollars en octobre 2009.
Comment expliquer une telle flambée? La réponse est complexe, la formation des bulles répondant en partie à des hausses qui s'entretiennent. Plus le cours monte, plus des investisseurs sont prêts à risquer une somme pour faire une plus-value, même s'ils ont conscience d'une chute possible. Ils espèrent seulement se retirer avant la chute, en pariant que tous les investisseurs ne fassent pas la même chose en même temps… ce qui provoquerait le krach.
Mais le bitcoin bénéficie aussi d'une certaine forme de "reconnaissance" de la part de l'économie institutionnalisée alimentant sa hausse. Si la monnaie cryptée servait dans un premier temps à de la pure spéculation et des achats, rarement légaux, sur des sites du "darkweb" (le web non référencé par les moteurs de recherche), elle a maintenant passé (un peu) la frontière du monde légal et matériel. Certains biens et services commencent à accepter des paiements dématérialisés. Un premier fond en bitcoin s'est lancé en France et même Goldman Sachs aurait annoncé sa volonté de se lancer dans le trading de bitcoin. Si la source n'a pas été confirmée, cela a suffi pour que le cours s'envole, entouré maintenant d'une aura de respectabilité.
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L'actif reste malgré tout risqué, voir peut-être une folie à ce niveau de valeur nominale. En effet, la perspective que le bitcoin remplace un jour un système monétaire institutionnalisé semble très incertaine, à part peut-être pour certains Etats où le système monétaire est déjà défaillant. Des banques centrales puissantes qui souhaiteraient l'adopter pourraient aussi décider d'interférer avec les règles opaques de cotation de cette monnaie, ce qui pourrait ramener certes un peu de crédibilité dans le cours de la monnaie, mais au prix d'une possible "correction" violente sur son cours. Enfin, si c'est réellement une vague des cryptomonnaies qui doit balayer la planète, et dont le bitcoin serait un précurseur, rien n'indique que les banques centrales ne vont pas mettre au point leur propre monnaie. Le bitcoin sreait alors concurrencé par des acteurs puissants, et il n'est pas sûr qui'l remporte la bataille.
Et pour imaginer la catastrophe possible pour les porteurs des 256 milliards de dollars de capitalisation du bitcoin (soit plus que le PIB de la Finlande ou du Portugal), il faut se rappeler qu'à son lancement à la fin de l'année 2009, le bitcoin ne valait qu'une poignée de cents américains. Si la monnaie virtuelle retombait à son cours initial (en perdant finalement toute valeur spéculative et redevenant uniquement un mode de paiement alternatif), ce serait une perte de 99,99% pour les détenteurs. Perte, elle, qui n'aurait rien de virtuelle pour ceux qui sont en train d'acquérir des bitcoins aux cours actuels.
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