Dieselgate : l'ancien patron de Volkswagen accuse la direction d'avoir été au courant des trucages

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 09 février 2017 - 16:25
Image
Volkswagen Logo
Crédits
©Mike Blake/Reuters
La direction de Volkswagen a nié en bloc les accusation de Ferdinand Piëch.
©Mike Blake/Reuters
L'ambiance est au règlement de comptes chez Volkswagen, sur fond de scandale des moteurs truqués. Selon l'ancien président du conseil de la marque Ferdinand Piëch, plusieurs membres de la direction étaient au courant des fraudes aux tests de pollution avant que l'affaire ne soit révélée.

Le scandale des moteurs diesel truqués chez Volkswagen prend des allures de vendetta à la tête du constructeur après des accusations accablantes de l'ancien homme fort du groupe, Ferdinand Piëch, qui pourraient coûter cher à l'entreprise.

Mercredi 8 au soir, le conseil de surveillance du mastodonte aux douze marques a nié en bloc un témoignage de Ferdinand Piëch devant la justice allemande, relayé par la presse, selon lequel l'ex-patron de Volkswagen Martin Winterkorn mais aussi certains membres du conseil de surveillance étaient au courant de la fraude sur les moteurs diesel plus tôt qu'ils ne veulent bien l'admettre.

Des accusations "déjà faites au printemps 2016 dans le cadre de l'enquête interne et indépendante" commanditée par Volkswagen qui les a jugées "dans l'ensemble peu crédibles", affirme l'organe de contrôle.

Les membres du "présidium", le comité réduit du conseil de surveillance, "ont tous séparément rejeté la véracité des déclarations de Ferdinand Piëch", souligne également le constructeur, qui menace ce dernier de "mesures et réclamations". Interrogé par l'AFP, un porte-parole de Volkswagen a refusé de dévoiler quels recours étaient envisagés par le directoire.

D'après le quotidien allemand Bild, M. Piëch a indiqué au parquet de Brunswick (nord) avoir eu vent d'une possible fraude sur les moteurs diesel dès février 2015, alors qu'il dirigeait le conseil de surveillance. Il aurait confronté le patron de l'époque, Martin Winterkorn, qui lui aurait assuré avoir les choses sous contrôle, et aurait informé le comité resserré du conseil de surveillance.

Or Volkswagen a toujours assuré que personne dans les plus hautes instances du groupe n'était au courant de la manipulation avant août, voire septembre 2015, soit peu avant que l'affaire n'éclate au grand jour, entraînant une dégringolade soudaine de l'action et une crise profonde chez Volkswagen.

Sollicité par l'AFP, le parquet n'a pas voulu donner le noms des témoins entendus ni dévoiler leurs déclarations. Il a toutefois précisé que ni Stephan Weil, président de l'Etat fédéral de Basse-Saxe actionnaire, ni d'autres membres du conseil de surveillance de l'époque ne faisaient l'objet d'une procédure d'enquête.

Petit-fils de l'inventeur de la Coccinnelle, ex-patron de VW et membre de la dynastie actionnaire Porsche-Piëch, M. Piëch, 79 ans, a longtemps été une figure incontournable de l'empire Volkswagen, avant d'être mis sur la touche en avril 2015. Il avait alors été contraint de quitter son poste à l'issue d'un bras de fer qu'il avait lui-même provoqué avec M. Winterkorn, son ancien protégé.

Ce passif entre les deux hommes mais aussi avec certains membres du conseil de surveillance toujours en place risquent d'entamer sa crédibilité. Stephan Weil, membre du parti social-démocrate SPD, a dénoncé jeudi la propagation par M. Piëch de fausses informations, selon l'agence DPA.

"M. Piëch tente visiblement de régler ses comptes", a par ailleurs estimé une source au sein du groupe Volkswagen, qui ne souhaite pas être identifiée.

Le groupe Volkswagen doit déjà débourser 22 milliards de dollars aux Etats-Unis à cause de l'affaire des moteurs truqués et l'addition pourrait être encore plus lourde. Un avis partagé par l'expert automobile allemand Stefan Bratzel, de l'institut CAM, qui évoque la "frustration" du patriarche depuis son départ forcé il y a deux ans et juge que l'affaire du diesel "pourrait être la raison de la rupture inattendue avec M. Winterkorn". La cause de la brouille entre ceux qui formaient auparavant un tandem de choc reste jusqu'à ce jour inconnue.

A plusieurs égards, son témoignage est "très dangereux", souligne l'expert. Le patriarche lui-même pourrait y perdre des plumes car il détient toujours des parts de Volkswagen et ses déclarations peuvent l'impliquer dans la tricherie.

Pour le groupe, tout juste sacré numéro un mondial de l'automobile, cela pourrait alourdir encore plus une facture déjà très salée. Rien qu'aux Etats-Unis, où le constructeur a plaidé coupable, Volkswagen va débourser plus de 22 milliards de dollars pour satisfaire autorités, clients et concessionnaires mécontents.

La justice, aux Etats-Unis comme en Allemagne, cherche toujours a établir les responsabilités individuelles. Le parquet de Brunswick enquête entre autres sur Martin Winterkorn pour fraude et manipulation de cours.

La question est notamment de savoir si la direction de Volkswagen a informé les marchés financiers en temps et en heure, ce que contestent des investisseurs qui ont essuyé de lourdes pertes et réclament des milliards d'euros au groupe.

À LIRE AUSSI

Image
Logo Volkswagen
Ventes automobiles : Volkswagen détrône Toyota en 2016 après 4 ans de règne nippon
Le groupe allemand Volkswagen, a devancé pour la première fois le japonais Toyota en nombre de véhicules vendus, malgré le scandale du "dieselgate". Officiellement, To...
30 janvier 2017 - 12:51
Tendances éco
Image
Volkswagen Logo
Dieselgate : inaction et mauvaise administration ont favorisé le scandale Volkswagen
L'inaction de la Commission européenne et des Etats membres, la mauvaise administration et un certain flou juridique ont favorisé l'éclatement du scandale des moteurs ...
19 décembre 2016 - 15:13
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.