Elon Musk : des salariés virés lui clament leur amour
Que se passe-t-il dans la maison Tesla? Le constructeur d'automobiles qui affiche aussi bien une ambition futuriste que des pertes présentes abyssales (709,6 millions de dollars sur le dernier exercice) vient de se séparer de 9% de ses effectifs, soit tout de même plus de 3.300 personnes licenciées.
Et la réaction d'une partie de ses salariés rend pour le moins perplexe les observateurs. Les réseaux sociaux voit fleurir en effet les messages d'ex-employés de Tesla qui… félicitent leur patron de les avoir renvoyés tout en expliquant le bonheur qu'ils ont eu d'être passés par l'entreprise.
Kevin explique ainsi sur Twitter avoir "été renvoyé de Tesla hier, mais bien que cela fasse mal (beaucoup!), c'est la bonne chose à faire pour l'entreprise. Je ne regrette pas d'avoir tout donné (…) j'encouragerai Tesla en sachant que j'y ai contribué". Un "senior manager" renvoyé, Michael Mozol, affirme lui qu'"il comprend que c'était pour le bien de l'ensemble de la mission, cette décision devait être prise". Deux exemples pris entre d'autres messages de remerciements où les mots "merci", "honneur" et "mission" reviennent régulièrement.
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Or, les profils sont authentiques et a priori les messages n'ont pas été dictés étant publiés sur des comptes Twitter personnels. Pourquoi alors un tel épanchement? Selon un spécialiste cité par Bloomberg, ces messages sont bien authentiques et témoignent de salariés estimant que le développement de Tesla est un véritable engagement en faveur de l'énergie propre. De manière plus terre-à-terre, d'autres entreprises envieuses de la réussite de Tesla veulent profiter de cette vague de licenciements pour recruter. Une manière peut-être pour ces ex-salariés de manifester à la fois leur disponibilité et leur enthousiasme pour rebondir sur ce type de mission.
Mais ce sont d'autres suspicions plus embarrassantes encore qui reviennent sur le devant de la scène: Elon Musk aurait un charisme et des pratiques managériales favorisant une forme de culte de la personnalité qui franchirait la ligne rouge. Il use ainsi de pratiques étranges, comme celui d'inviter des stars d'Hollywood dans les locaux de Tesla ou de Space X (sa société d'aérospatiale), tout en poussant ses ingénieurs à des semaines de travail approchant les 90 heures hebdomadaires.
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Et le dirigeant n'hésite pas à pointer du doigt ce qu'il perçoit comme des ennemis qui veulent mettre à terre son entreprise déficitaire. Dans un courriel adressé à ses équipes lundi 18, le dirigeant sud-africain dénonce un salarié qui aurait commis "un sabotage important et préjudiciable" en modifiant le code du système d'exploitation utilisé par l'entreprise, peut-être pour le compte "d'organisations extérieures". Car, comme tient à le rappeler Elon Musk à ses équipes (du moins celles qui n'ont pas été licenciées), "il y a une longue liste d'organisations qui veulent que Tesla meure".
Elon Musk n'apprécie pas non plus que la presse critique trop ouvertement les performances (discutables) de ses véhicules ou les bilans financiers de son entreprise, qui tient plus pour l'instant du gouffre sans fond que du succès économique. Il a annoncé la création prochaine d'un nouveau projet baptisé "Pravda" où "le public" pourra noter la crédibilité des journalistes. Reste à savoir si le "public" ne sera pas tout acquis à la cause d'Elon Musk, comme ceux qui clament aujourd'hui leur admiration pour celui qui les a mis à la porte, faute de modèle économique rentable.
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