La Grèce adopte des mesures de rigueur en vue d'un nouveau prêt

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 mai 2016 - 09:59
Image
Alexis Tsipras au Parlement grec.
Crédits
©Yiannis Kourtoglou/Reuters
"C'est la première fois que les sacrifices semblent avoir une chance de payer", a déclaré Alexis Tsipras
©Yiannis Kourtoglou/Reuters
La Grèce a adopté dimanche de nouvelles mesures de rigueur réclamées par ses créanciers comme condition pour le versement de la prochaine tranche de prêt avant une réunion de l'Eurogroupe mardi.

Plus de 10.000 personnes, selon la police, ont manifesté à Athènes devant le Parlement et tous les transports publics ont été bloqués dans la capitale pour le week-end avant l'adoption des nouvelles mesures très impopulaires. "Tout le monde sera touché par la tempête des nouvelles mesures", a dénoncé devant le parlement Kyriakos Mitsotakis, le chef du parti de droite Nouvelle Démocratie.

Le Parlement a adopté dans la soirée un projet de loi qui prévoit un mécanisme de correction automatique en cas de dérapage budgétaire et des mesures supplémentaires pour accélérer les privatisations et augmenter les taxes indirectes.

Le texte de 7.000 pages a déjà été adopté vendredi 20 en commission parlementaire avec les seules voix de la majorité gouvernementale qui allie la gauche Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras au petit parti souverainiste Anel.

M. Tsipras a souligné dimanche que c'était "la première fois que les sacrifices semblent avoir une chance de payer". "C'est la première fois que la question de la dette est discutée avec l'attention appropriée au sein des institutions internationales", a-t-il ajouté.

Une députée de Syriza, Vassiliki Katrivanou, a toutefois voté contre certains des articles du texte et a ensuite démissionné du parti, évoquant "une profonde impasse politique et existentielle". "Nous (Syriza) mettons en oeuvre des mesures et des politiques qui vont contre le coeur de nos valeurs et de notre politique, mais je ne vois aucune alternative fiable. C'est pourquoi je démissionne", a écrit la députée sur Facebook, en remettant son siège au parti.

Mme Katrivanou avait voté pour le projet dans son ensemble, mais contre les articles sur le mécanisme de correction automatique et sur la création du nouveau fonds de privatisations. Le gouvernement grec espère que l'adoption des mesures de rigueur permettra la reprise du plan d'aide accordé l'été dernier par la zone euro mais bloqué depuis plusieurs mois.

"Les Européens reçoivent le message que la Grèce tient ses promesses. Maintenant, c'est leur tour", a déclaré M. Tsipras avant le vote. Athènes attend que ses créanciers débloquent mardi quelque 5,4 milliards d'euros et allègent l'énorme dette grecque qui représente environ 180% de son produit intérieur brut.

Les ministres des Finances de la zone euro réunis le 9 mai avaient ouvert la voie en ce sens. Et le FMI jeudi avait accentué sa pression sur les Européens, les exhortant à accorder à la Grèce une "longue" période de grâce.

Mais l'Allemagne continue de freiner des quatre fers, prévenant qu'un allègement de la dette ne saurait débuter qu'après 2018, une fois achevé le programme d'aide actuel mais surtout après les élections législatives allemandes de 2017.

Pour décrocher le premier feu vert du 9 mai, et combler les divergences entre FMI et zone euro, la Grèce a dû s'engager à prendre des mesures supplémentaires au cas où elle dévierait de l'objectif d'un excédent primaire (hors service de la dette) de 3,5% en 2018. La mise en place de ce "mécanisme automatique de correction budgétaire", baptisé Koftis (pince coupante) par les Grecs, est prévue par un amendement au projet de loi.

Il sera déclenché chaque année jusqu'en 2018 si des écarts budgétaires sont constatés au printemps et que le ministère des Finances ne prend pas l’initiative de coupes ciblées, mais il épargnera les dépenses sociales, selon le ministère.

Le projet de loi instaure également une Autorité indépendante des revenus publics, pour lutter contre fraude et évasion fiscales, relève d'un point, à 24%, le taux de TVA sur une série de biens, impose à partir de 2018 une "taxe de résidence" à l'hôtellerie, et met en place un nouveau fonds de privatisations pour accélérer les cessions d'actifs publics et doper leur exploitation.

Ce fonds, dénommé Société de participations publiques, avait été exigé par Berlin lors du bras de fer ayant précédé la conclusion en juillet du nouvel accord entre et Athènes et ses créanciers UE-FMI pour éviter au pays banqueroute et sortie de l'euro.

En dépit d'une grogne sociale montante et des mises en garde de nombreux économistes contre les effets récessifs de ces mesures, le gouvernement avait déjà obtenu le 9 mai que ses 153 députés, sur 300 au Parlement, adoptent deux douloureuses réformes des retraites et de l'impôt sur le revenu également requises par les créanciers.

Les journaux grecs étaient très critiques dimanche sur l'absence de garantie de la part des Européens d'un allègement de la dette grecque contre ces nouvelles mesures de rigueur.

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.