L'Ukraine minée par ses banques "zombies" qui menacent son économie

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 12 décembre 2016 - 16:13
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Les troupes loyalistes.
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©Maksim Levin/Reuters
Le système ukrainien reste très fragilisé par le conflit militaire avec la Russie.
©Maksim Levin/Reuters
Les banques "zombies" qui ne se maintiennent que grâce à des subsides menacent la stabilité de l'économie ukrainienne. De très nombreux établissements n'ont pas les liquidités nécessaires pour supporter une crise.

Trop faibles en théorie pour fonctionner, elles se maintiennent en vie à l'aide de tribunaux accusés d'être corrompus: les banques "zombies" gangrènent le système financier de l'Ukraine et menacent à terme le soutien de ses bailleurs de fonds.

Excédée de voir ses décisions de supprimer ces maillons faibles du secteur financier annulées par la justice, la banque centrale ukrainienne a décidé de taper du poing sur la table.

"Le système judiciaire est utilisé par les propriétaires de banques qui ont été exclues du système financier pour leurs fins personnelles", a déclaré la semaine dernière Oleg Zamorski, un responsable de la Banque Nationale d'Ukraine, dans un communiqué.

"Cela saborde nos efforts visant à assainir le système bancaire ukrainien et nettoyer le secteur des banques zombies et des banques qui ne sont rien d'autre que des déchets", a-t-il ajouté.

Selon M. Zamorski, début décembre, des tribunaux ont ressuscité neuf banques auxquelles la banque centrale avait pourtant demandé de cesser leurs activités.

Ces banques disposent d'actifs moins élevés que les prêts de mauvaise qualité accordés, présentant un risque important de ne jamais être remboursé. En difficultés, elles nécessitent l'aide des pouvoirs publics pour continuer à fonctionner.

Des tests de résistance menés récemment par la banque centrale ont montré que sur 39 établissements étudiés, 28 n'avaient pas les liquidités nécessaires pour survivre à une éventuelle nouvelle crise économique.

Pour l'institution, les entraves venant de la justice menacent dès lors sérieusement le système financier ukrainien et représentent un danger pour les clients de ces banques.

Les banques et tribunaux en question n'ont pas commenté ces déclarations dans l'immédiat.

L'enjeu va bien au-delà de la seule survie de ces établissements. L'assainissement du secteur bancaire fait partie des conditions clés des alliés occidentaux de Kiev pour maintenir leur perfusion financière.

L'Ukraine, qui sort à peine d'une profonde crise économique aggravée par la guerre dans l'Est, espérait obtenir du Fonds monétaire international (FMI) le feu vert au versement d'une tranche de 1,3 milliard de dollars en novembre, dans le cadre du plan de sauvetage financier de 17,5 milliards de dollars accordé en 2015.

Mais à l'issue de sa dernière mission à Kiev, en novembre, le Fonds a estimé que le pays avait besoin de plus de temps pour remplir les conditions nécessaires, "notamment l'adoption d'un budget 2017 cohérent avec les objectifs du programme: maintenir la stabilité financière et lutter contre la corruption".

Pour l'instant, le gouvernement ukrainien n'a reçu au total que 7,6 milliards de dollars, dont un milliard en septembre. Le programme accumule les retards en raison de la difficulté à adopter les mesures de rigueur impopulaires exigées par le FMI et de la corruption persistante empoisonnant le pays.

Selon les médias ukrainiens, le FMI a présenté à Kiev cinq conditions pour recevoir un nouveau versement, dont la recapitalisation de 12 grosses banques en difficultés.

Le cas de la plus grosse banque du pays, la PrivatBank, inquiète particulièrement. Son principal actionnaire est l'influent oligarque Igor Kolomoïski, qui a été un temps gouverneur de la région de Dnipropetrovsk.

Des rumeurs font état d'une éventuelle nationalisation de sa banque, qui, selon des médias locaux, a multiplié l'octroi de prêts de mauvaise qualité. Elles ont fait plonger de près de moitié la valeur des titres de dette de la PrivatBank en novembre.

Or, en cas de fermeture de cette banque, c'est tout le système financier ukrainien qui s'effondrerait, prévient l'analyste Olexandre Savtchenko, cité dans le journal en langue anglaise Kyiv Post.

"Une série de faillites commenceraient et il y aurait la panique", dit-il. "Relancer le système prendrait environ un ou deux mois, la chute pour le PIB serait d'environ 2% à 3%", ajoute-t-il.

Sauvée de la faillite par l'aide occidentale et un accord avec ses créanciers pour restructurer sa dette, l'Ukraine voit depuis le début de l'année son économie rebondir, mais à un rythme modeste au vu de l'effondrement de 2014 et 2015.

 

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