Mort d'une journaliste japonais après 159 heures sup' : qu'est-ce que le "karoshi", la mort par excès de travail
Miwa Sado, jeune journaliste japonaise de 31 ans, qui couvrait l'actualité politique à Tokyo, avait été retrouvée morte, victime d'un malaise cardiaque, dans son lit en juillet 2013. La jeune femme avait cumulé 159 heures supplémentaires en un mois. Un an après, les autorités japonaises ont conclu que son décès était du à ce travail excessif. Au pays du Soleil Levant, les cas de morts par excès de travail ou de stress ne sont pas rares.
Il s'agit d'un important problème de société, à tel point que le karoshi a été reconnu comme une maladie professionnelle à part entière depuis 1988. Conscient du problème, le gouvernement de Shinzo Abe avait demandé une étude sur le sujet en 2016: un livre blanc a été rendu au cours de l'année qui dénombrait près de 200 morts de salariés dues au karoshi au cours de l'année par crise cardiaque, accident vasculaire cérébral ou suicide.
À cela s’ajoutent de nombreux problèmes de santé graves, ce qui entraîne des poursuites judiciaires et des appels à s’attaquer au fléau. Le rapport indiquait également que 21,3 % des employés japonais travaillent 49 heures ou plus par semaine en moyenne (contre 10,4% en France), alors que la durée légale du travail est de 40h par semaine, complétée par un plafond théorique de 45 heures supplémentaires par mois. Toutefois, les accords d'entreprises peuvent rehausser ce plafond, parfois sans limite.
Ainsi le livre blanc pointait du doigt les 22,7% des firmes japonaises interrogées entre décembre 2015 et janvier 2016 qui ont déclaré que certains de leurs employés faisaient plus de 80 heures supplémentaires chaque mois. Seuil à partir duquel le risque de mort par surmenage est considéré comme sérieux.
Au delà du problème de santé publique que le phénomène représente, il freine également la productivité (certains salariés ralentissent le rythme pour gagner plus d'argent grâce aux heures sup payées) et dissuade les femmes au foyer de travailler alors que le Japon manque cruellement de main-d'œuvre.
Dans une tentative de lutter contre ce problème, le gouvernement avait diffusé en mai 2017 une liste noire d'employeurs, dénonçant publiquement plus de 300 entreprises dont Dentsu et une branche nippone de Panasonic pour violation du droit du travail.
Dans le cas de Miwa Sado, la chaîne de télévision publique japonaise NHK qui l'employait a présenté ce vendredi des excuses publiques à ses parents et s'est engagée à lutter contre le karoshi.
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