Un chargement de combustible nucléaire en partance pour le Japon

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Par AFP
Publié le 05 juillet 2017 - 13:10
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Un conteneur de MOX, un mélange de plutonium et d'uranium retraité, avant son chargementr à bord du
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Un conteneur de MOX, un mélange de plutonium et d'uranium retraité, avant son chargementr à bord du navire Pacific Egret, le 17 avril 2013 au port de Cherbourg-Octeville dans la Ma
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Un chargement de MOX, un combustible nucléaire contenant du plutonium, une substance très radioactive, a quitté Cherbourg mercredi par la mer pour le Japon, sous haute surveillance policière et les critiques des écologistes.

Partie peu après 03H00 de l'usine Areva de Beaumont-Hague, à 20 km de Cherbourg, la cargaison était arrivée vers 04H45 sur le port, à bord de deux poids lourds escortés par des dizaines de véhicules de forces de l'ordre et un hélicoptère, selon un photographe de l'AFP. Selon la préfecture de la Manche, "plusieurs centaines d'hommes" ont été mobilisés.

Elle a ensuite été chargée à bord d'un navire spécialisé qui a appareillé vers 18h30, pour un voyage d'environ deux mois.

Il s'agit du sixième transport de MOX de la France vers le Japon, le premier datant en 1999 et le précédent de 2013.

Une petite vingtaine de militants de Greenpeace ont dans la nuit déployé des banderoles et déclenché des fumigènes au passage du convoi peu avant son arrivée sur les quais, selon le photographe.

"Nous dénonçons la dangerosité de ce transport et en particulier le risque de prolifération nucléaire et de détournement à des fins militaires", a déclaré à l'AFP Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaires de Greenpeace France, parmi les manifestants.

Selon Greenpeace et Sortir du nucléaire, la cargaison comprend 8 tonnes de MOX incluant 640 kg de plutonium, "le plus grand radiotoxique du monde", ce qui fait du MOX un combustible plus radioactif que le combustible classique composé uniquement d’uranium.

D'après Areva, qui ne confirme pas le tonnage, le MOX est composé de 3 à 12% de plutonium, le reste étant de l'uranium.

Quant à fabriquer une bombe avec du MOX, "ce serait comme mettre du kérosène à la place du Sans Plomb dans un moteur de voiture", a déclaré à l'AFP un porte-parole d'Areva Alexandre Marinot.

"Ce transport présente un niveau de sûreté maximal", avec un rapport de un à dix entre le poids du MOX et celui de son emballage, a-t-il ajouté.

- Navire civil armé -

La cargaison voyage à bord d'un navire spécialisé, le Pacific Egret, de la compagnie maritime britannique PNTL. "C'est un navire civil, armé, protégé par des unités de police britanniques spécialement formées", a précisé à l'AFP Paul Harding, directeur général de la société publique britannique International nuclear service (INS) France, actionnaire majoritaire de PNTL.

Et le Pacific Egret est escorté par le Pacific Héron. Selon Greenpeace, les bateaux sont équipés chacun de deux canons 30 mm.

Mais pour les écologistes "la stratégie MOX est périmée. Seuls le Japon et la France persistent dans cette voie sans issue", a affirmé l'association Robin des bois mercredi. De son côté l'ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité de l'Ouest) a dénoncé ce transport et un "échec de la politique dite de recyclage" d'Areva.

Pour l'industriel, le MOX qu'il est le seul au monde à fabriquer, est un combustible qui permet de "recycler" le plutonium produit lors de l'irradiation de combustibles classiques dans les centrales. La filière MOX emploie 4.500 personnes, et 22 des 58 réacteurs français en utilisent, selon Areva. Ils sont chargés au tiers de MOX.

Mais d'après l'ACRO "le taux de recyclage des combustibles qui sortent des centrales est inférieur à 1%".

"Areva vend ce combustible dangereux à un pays meurtri par un accident nucléaire, pour alimenter des réacteurs dont la population refuse le redémarrage", a par ailleurs jugé Sortir du nucléaire.

Selon Areva, ce MOX est destiné au réacteur 4 de la centrale de Takahama, (sud-ouest du Japon) qui a redémarré début juin.

"C'est beaucoup de moyens déployés pour seulement 16 assemblages alors qu'il faut 157 assemblages pour faire fonctionner ce réacteur", a ajouté M. Rousselet de Greenpeace.

Il y a actuellement 5 réacteurs actifs au Japon, sur un parc ramené à 42 unités, contre 54 avant l'accident de Fukushima.

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