L'après-Schäuble, enjeu clé des négociations en Allemagne

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Par AFP
Publié le 20 octobre 2017 - 11:37
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Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble à Washington, le 13 octobre 2017
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© Eric BARADAT / AFP/Archives
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble à Washington, le 13 octobre 2017
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La succession de Wolfgang Schäuble, grand argentier allemand et père Fouettard de la zone euro, est d'ores et déjà l'un des sujets cruciaux des négociations engagées cette semaine par Angela Merkel pour former un gouvernement.

Lundi, cet intransigeant vétéran de la politique allemande franchira une dernière fois les portes du ministère des Finances avant de se faire élire à la présidence du Bundestag, à 75 ans, comme l'a annoncé fin septembre son parti conservateur.

Ce départ, après huit ans de mandat marqués par le retour à l'excédent budgétaire en Allemagne, mais aussi par une crise de la dette qui a conduit la zone euro au bord de l'éclatement, ouvre une période d'incertitude pour tout le continent.

L'Allemagne ne devrait pas disposer d'un gouvernement avant Noël, tant les frictions sont nombreuses entre conservateurs de Mme Merkel, Libéraux du FDP et Verts, qui se retrouvent vendredi pour la première fois autour de la table des négociations.

Sans revendiquer clairement les Finances, le bouillant chef du FDP, Christian Lindner, a exigé mardi que les conservateurs cessent d'occuper à la fois ce poste et la chancellerie, un attelage à ses yeux trop écrasant pour le reste de la coalition. Il faut "séparer politiquement" les deux, a-t-il plaidé.

- Avec Macron? -

"Je souhaite que le ministère des Finances reste chez nous", a répliqué dans le Spiegel Volker Kauder, patron du groupe chrétien-démocrate au Bundestag, assurant vouloir "préserver l'héritage de Schäuble".

Les Verts, qui n'ont plus gouverné depuis l'ère Schröder entre 1997 et 2005, lorgnent prioritairement sur les Affaires étrangères. Mais ils trouvent aussi "excitant" le portefeuille des Finances, poste "d'une haute importance" en Allemagne comme "au niveau européen", a confié l'un de leurs leaders, Anton Hofreiter.

C'est justement sur la politique européenne que les divergences sont les plus fortes, au moment où Berlin peut aussi bien torpiller que soutenir les propositions de réforme de la zone euro avancées par le président français Emmanuel Macron.

Le parti écologiste s'est jusque-là montré favorable aux idées françaises alors que le FDP a émis de vives critiques, tout comme une partie des conservateurs.

Mais compte tenu du modeste poids politique des Verts, "les réticences vis-à-vis de la mutualisation des risques", c'est-à-dire d'une solidarité budgétaire dans la zone euro, "resteront importantes", pronostiquait en septembre Tristan Perrier, stratégiste d'Amundi Asset Management.

Berlin pourrait suivre Paris en acceptant un budget et un ministère des Finances de la zone euro, "mais en leur donnant une interprétation très limitative, en termes de montants" et de "prérogatives", estime l'expert, à l'unisson de la presse allemande.

- Investissements -

Le renforcement du Mécanisme européen de sûreté, prôné par les Allemands, devrait par ailleurs leur permettre d'"affaiblir des institutions européennes comme la Commission", que M. Schäuble jugeait déjà trop laxiste, souligne de son côté Lorenzo Codogno, de LC Macro Advisors.

Dans tous les cas, les pays du sud de l'Europe ne devront pas compter sur une plus grande souplesse allemande dans l'appréciation de leurs déficits, et encore moins sur des transferts de fonds, catégoriquement exclus par Mme Merkel.

La politique budgétaire du futur gouvernement sera tout autant suivie par ses partenaires européens, tant les appels n'ont cessé de se multiplier pour que l'Allemagne desserre les cordons de sa bourse et stimule les économies voisines.

Les chrétiens-démocrates, confrontés à la forte poussée de l'extrême droite, ont déjà promis de donner plus de moyens à la police et de relever le budget de la Défense jusqu'au seuil prôné par l'Otan, de 2% du Produit intérieur brut.

Verts, conservateurs et Libéraux restent en revanche très divisés sur le maintien des coûteuses subventions aux énergies renouvelables et sur la fermeture des centrales à charbon, très polluantes mais fournissant une électricité bon marché.

Même si les futurs partenaires trouvent un compromis sur ce point, les Européens ne doivent pas espérer de Berlin des investissements massifs, avertit Lorenzo Codogno: la règle du "zéro déficit", dans un pays hanté par son vieillissement et le financement de ses futures retraites, "rencontre l'adhésion de 80% des électeurs".

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