Les chambres de commerce priées de se serrer la ceinture

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Par Valentin BONTEMPS, Hélène MASQUELIER - Paris (AFP)
Publié le 10 juillet 2018 - 21:08
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Le gouvernement a annoncé mardi une baisse de 400 millions d'euros d'ici à quatre ans des crédits alloués aux Chambres de commerce et d'industrie (CCI), dans le cadre d'une "restructuration" destinée à recentrer le réseau sur ses "missions prioritaires".

"L'effort que nous vous demandons est effectivement important, avec un horizon en 2022 de 400 millions d'euros d'économies", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire devant les présidents de CCI réunis à l'occasion d'une assemblée générale extraordinaire.

Mais cet effort, qui aura "un impact sur les personnels", est "indispensable" pour que les chambres de commerce retrouvent "davantage de lustre" et "davantage de respect", a assuré le ministre, appelant de ses vœux une "transformation en profondeur" des CCI.

Cette annonce intervient après la remise en mars d'un rapport de l'inspection générale des finances (IGF), qui avait appelé à un "recentrage" de la mission des chambres des métiers et de commerce, financées par la taxe sur les frais de chambre (TFC).

Ce rapport appelait également les chambres à prendre des mesures de "rationalisation", susceptibles d'engendrer des réductions d'effectifs de l'ordre de 2.500 équivalents temps plein, sur un total de 21.000 emplois.

"Il est indispensable que nous nous mettions d'accord sur les missions prioritaires qui justifient le recours à une taxe affectée", a insisté mardi Bruno Le Maire. Il faut que les CCI "se réinventent" pour être pleinement au service des "entreprises", a-t-il ajouté.

Trois missions, aux yeux de Bercy, sont indispensables: l'"appui aux entreprises", notamment l'aide à la création ou l'accompagnement à l'exportation; la "formation initiale", avec le soutien apporté aux écoles de commerce, surtout dans les plus petites agglomérations; et "la représentation des entreprises", pour "faire valoir la voix des entreprises au niveau local".

"Les autres missions, en revanche, n'auront plus vocation à être financées par un prélèvement sur les entreprises", a souligné Bruno Le Maire, promettant en échange de ces 400 millions d'euros de baisse de crédits une baisse d'impôts équivalente pour les entreprises.

- "Faire bouger le curseur" -

La TFC, assise sur le chiffre d'affaires des entreprises, a rapporté 750 millions d'euros l'an dernier. L'objectif du gouvernement, dans le cadre de son plan de transformation, est de la faire baisser de 100 millions par an pendant quatre ans.

"Il n'y a pas de plan tout ficelé à l'avance", a toutefois insisté Bruno Le Maire. "Si, à un moment donné, on peut accélérer, on accélèrera. Et puis, si à un moment donné, il faut ralentir, parce qu'il pourrait y avoir de la casse, parce que ça ne passe pas, nous ralentirons", a-t-il prévenu.

Pour compenser le manque à gagner fiscal, le ministre a par ailleurs jugé possible de nouveaux modes de financement, via des "prestations de services auprès des collectivités" ou des "facturations" de missions "aux entreprises". "Cela demandera des modifications législatives", a-t-il reconnu.

M. Le Maire a également plaidé pour une "réorganisation du maillage territorial", en confiant à CCI France un "rôle de pilote", avec une "autorité renforcée pour le contrôle des missions".

Un ensemble d'annonces accueillies avec prudence par le président de CCI France, Pierre Goguet. "On va voir les mesures d'accompagnement" et ce qu'il est possible "pour nous aider peut être demain à faire des facturations de prestations dans un champs concurrentiel qui n'était pas habituellement le nôtre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

"On se situe dans un combat dans le temps. On espère faire bouger le curseur", a ajouté M. Goguet, alors que plusieurs rassemblements ont eu lieu mardi matin devant des CCI territoriales, en Corrèze, en Dordogne ou en Gironde, pour dénoncer une "mise à mort".

Les CCI, qui évoluent dans un tissu économique où les structures d'aide aux entrepreneurs sont foisonnantes, ont subi ces dernières années plusieurs coupes budgétaires, avec plusieurs milliers de suppressions d'emploi à la clé.

"La baisse envisagée de la ressource fiscale va se traduire par 4.000 licenciements supplémentaires après les 5.000 depuis cinq ans. Stop à la casse sociale", a réagi sur Twitter le président de la CCI Dordogne-Périgord, Christophe Fauvel.

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