Russes et Chinois soutiennent une reprise du tourisme au Moyen-Orient

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Par Álvaro VILLALOBOS - Madrid (AFP)
Publié le 20 janvier 2018 - 14:00
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Le stand de la Syrie au salon international du tourisme (Fitur), le 17 janvier 2018 à Madrid
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© GABRIEL BOUYS / AFP
Le stand de la Syrie au salon international du tourisme (Fitur), le 17 janvier 2018 à Madrid
© GABRIEL BOUYS / AFP

Chinois et Russes ont soutenu en 2017 une reprise du tourisme au Moyen-Orient, après une année 2016 morose, tandis que les visiteurs européens restaient réticents et préoccupés par la sécurité et l'instabilité politique dans la région.

Selon le bilan de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le Moyen-Orient a attiré 58 millions de visiteurs étrangers en 2017, soit 4,8% de plus que l'année précédente.

En 2016, le tourisme y avait baissé de 2,4%, sous le coup des attentats jihadistes perpétrés en Tunisie, en Egypte et en Turquie contre des lieux touristiques.

"Avec le temps, les gens oublient et reviennent", constate aussi le tunisien Jalel Gasmi, gérant du tour opérateur Granada Travel Services, au salon international du tourisme Fitur organisé cette semaine à Madrid.

Les pays du Moyen-Orient se fixent désormais des objectifs ambitieux en comptant sur trois piliers fondamentaux pour constituer leur clientèle: la Russie, la Chine et les visiteurs des pays voisins.

Même si dans le cas des Chinois, il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers, avertit Marcus Lee, PDG de Welcome China, une entreprise dont la maison-mère, le groupe ICIF, comprend 11.000 sociétés du secteur.

Il explique qu'au moment de choisir une destination, les Chinois sont très attentifs à la sécurité - "c'est la première chose qu'ils demandent" - comme aux exigences de visas et s'inquiètent des connexions aériennes insuffisantes avec les pays du Moyen-Orient.

Mais surtout, leurs comportements se sont modifiés avec l'augmentation de leurs voyages et de leur pouvoir d'achat. "Il y a vingt ans, par exemple, quand les Chinois allaient en Europe, ils voulaient voir dix pays en dix jours: ce n'est plus le cas et maintenant nous nous concentrons sur un pays pendant dix jours", dit M. Lee.

- Marché arabe en Egypte -

Le cas de l'Egypte (+55% en 2017) - présidée depuis 2014 par le militaire Abdel Fattah al-Sissi- illustre bien le changement de profil des visiteurs.

En 2010, avant la révolution qui renversa le président Hosni Moubarak, "le marché européen, incluant la Russie, représentait près de 80%. Maintenant, c'est 52%", a indiqué au salon Fitur le directeur de l'Autorité égyptienne du Tourisme, Hesham El Demeiry.

"L'Inde et la Chine (contribuaient pour) 5% en 2010, plus de 12% maintenant. Et le marché (provenant des pays arabes) est passé de 15% à 30%", dit-il.

Quant à la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, elle espère laisser définitivement derrière elle les effets des attentats et des turbulences politiques causées par le putsch manqué de juillet 2016 ou les purges qui ont suivi.

Le nombre de visiteurs, qui s'était réduit d'un tiers en 2016, a grimpé de 33% l'an passé. Et pour 2018 le pays espère atteindre les 40 millions de visiteurs.

Ankara compte sur les arrivées en provenance de Russie - première nationalité d'origine des touristes en 2017 - mais aussi sur les visiteurs de Géorgie, de Bulgarie, d'Iran et d'Ukraine.

Cependant le profit de ces derniers est celui d'"un touriste qui ne laisse pas beaucoup d'argent, en tout cas pas autant qu'un Européen ou un Américain", dit à l'AFP Ahmet Okay, gérant du tour-opérateur Gusto Turismo, présent au Fitur.

A son côté, Baris Uçar, directeur adjoint des ventes de la chaîne hôtelière Titanic Hotels, relève que son principal marché, la clientèle américaine et européenne, s'est réduit de 25 à 30% en 2017. Celle du Moyen-Orient a augmenté d'autant, ce qui a permis à son activité de rester stable.

Les tours-opérateurs de Tunisie s'accordent également à dire que les Russes, les Chinois et dans une moindre mesure les Français sont revenus en masse dans le pays, où les visiteurs ont augmenté de 23% l'an dernier.

Mais pas les Espagnols: "l'objectif pour 2018, c'est de récupérer tout le marché classique, c'est-à-dire la France, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni", dit Jalel Gasmi, gérant de Granada Travel Services.

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