Abdeslam détenu le plus surveillé de France, muré dans le silence

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Par AFP
Publié le 03 novembre 2017 - 12:59
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Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13-Novembre, sur une photo fou
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© DSK / POLICE NATIONALE/AFP/Archives
Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13-Novembre, sur une photo fournie par la police le 15 novembre 2015
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Il est le seul membre des commandos jihadistes du 13 novembre 2015 encore vivant et le détenu le plus surveillé du pays: muet depuis son transfèrement en France en avril 2016, Salah Abdeslam est le suspect clé des attentats.

Son visage a fait la Une de la presse mondiale pendant sa cavale de 126 jours, avant son interpellation le 18 mars 2016 à Molenbeek, quartier défavorisé de Bruxelles.

Incarcéré à Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe située au sud de Paris, et mis en examen (inculpé) notamment pour assassinats terroristes, Salah Abdeslam, 28 ans, reste une énigme, entretenue par son refus de répondre aux questions des enquêteurs. Il y a un an, ses avocats, le Français Frank Berton et le Belge Sven Mary, avaient même finalement renoncé à le défendre pour cette raison.

Abdeslam est central dans l'enquête. Location de véhicules et de planques, convoi de membres de la cellule jihadiste à travers l'Europe: il apparaît comme un maillon essentiel dans la préparation et la réalisation des attentats, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés.

Lors de son dernier interrogatoire le 27 avril, il s'est de nouveau muré dans le silence, alors que des zones d'ombre demeurent sur son rôle le soir du 13 novembre 2015. Sa ceinture d'explosifs a été retrouvée à Montrouge, tout près de Paris, quelques jours après: a-t-il refusé de l'actionner, comme il l'a raconté à des proches avant son arrestation, ou était-elle défectueuse, comme l'enquête semble le prouver ?

"Il est en train de se forger un personnage de héros noir", a décrypté auprès de l'AFP Me Gérard Chemla, avocat de parties civiles.

Au point de recevoir en prison des courriers de la part d'anonymes, certains louant ses actions, auxquels il lui est arrivé de répondre.

Placé à l'isolement et surveillé 24h/24 par vidéo dans sa cellule, Salah Abdeslam a récemment vu ses conditions de détention assouplies.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a expliqué mercredi que les autorités voulaient éviter à tout prix que Salah Abdeslam ne "sombre dans un déréglement psychique profond". "Notre obsession c'est qu'il puisse être présenté à son procès", a-t-elle ajouté.

- Procès en Belgique -

La ministre a confirmé qu'il y avait bien une crainte d'une tentative de suicide chez le prisonnier.

Des surveillants pénitentiaires cités par le Parisien ont décelé ces derniers mois "paranoïa" et "prostration" chez le détenu.

Une perspective également redoutée par des proches de victimes et leurs avocats, alors que les investigations dans ce dossier gigantesque se poursuivent et qu'aucune échéance n'est encore à l'ordre du jour pour un éventuel procès.

Pour l'heure, c'est en Belgique que s'inscrit l'avenir judiciaire immédiat de Salah Abdeslam: il sera jugé en décembre pour "tentative d'assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers", après la fusillade à Forest le 15 mars 2016, trois jours avant son arrestation.

Contre toute attente, il a souhaité comparaître à ce procès et la Belgique a officiellement demandé à la France qu'il lui soit remis pour être jugé dans la capitale belge. La réponse de la cour d'appel de Paris est attendue sous peu et il faudra ensuite, le cas échéant, fixer les conditions et les modalités exactes de ce transfèrement.

Rien ne dit cependant que Salah Abdeslam coopèrera davantage en Belgique et certains avocats de parties civiles redoutent qu'il en profite pour tenter de se soustraire à la justice française.

"C'est une crainte pour les victimes : pour quelles raisons ce type qui ne répond pas en France au juge exige d'être extrait pour son procès en Belgique ? Il n'y a pas plus de raison qu'il collabore à la procédure en Belgique qu'en France. On peut se demander si ce n'est pas une tentative d'échapper aux autorités françaises", a fait valoir Me Chemla.

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