"Absence de père", "marchandisation" : parole de manifestants contre la PMA pour toutes

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Par AFP - Paris
Publié le 04 octobre 2019 - 10:46
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Un laborantin du laboratoire de biologie reproductive TENOS de l'hôpital Tenon à Paris prépare des échantillons de sperme le 24 septembre 2019
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© Philippe LOPEZ / AFP/Archives
Des échantillons de sperme au laboratoire de biologie reproductive TENOS de l'hôpital Tenon à Paris, le 24 septembre 2019
© Philippe LOPEZ / AFP/Archives

"Absence de père", "marchandisation"... Ils sont opposés à la PMA pour toutes les femmes et manifesteront contre cette mesure phare du projet de loi bioéthique, adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale fin septembre. Voici quatre témoignages:

Marie Aladame, 45 ans:

"Pour moi, la PMA pour les couples hétérosexuels pose déjà question, notamment le sujet de la recherche sur l'embryon... Et ouvrir la PMA aux couples de femmes ou aux femmes seules, ça va amplifier la question, parce qu'il va falloir plus de gamètes.

Par ailleurs, si la souffrance peut être entendue, on ne peut pas dire que la PMA pour les couples de femmes soit liée à une infertilité. C'est lié à un choix de vie. C'est simplement parce qu'on ne peut pas faire d'enfant quand on est deux femmes, voilà. Et il ne faut pas mentir aux enfants sur ça. On ne peut pas leur dire +tu as été enfanté par deux femmes+. C'est un mensonge épouvantable.

Quant à la PMA pour les femmes seules, le gouvernement a montré que les foyers monoparentaux étaient ceux qui avaient le plus de difficultés. Ces foyers sont vulnérables, et on va dire aux femmes seules: +c'est pas grave ayez un enfant vous verrez c'est très facile+ ?

Mickael Fernandes, 27 ans:

Ce militant socialiste de Roubaix avait manifesté en 2013 pour le mariage pour tous.

"Je conçois complétement que des couples homosexuels souhaitent avoir un enfant, c'est totalement légitime. Par contre, à aucun moment on ne pense à l’intérêt de l'enfant. On part du principe que les parents veulent un enfant, donc on acte ce souhait et on fait tout pour que ce souhait soit possible légalement.

Or je ne crois pas à l'argument selon lequel la présence paternelle n'est pas très importante.

Le second point c'est la marchandisation, qui pour moi va se faire. On sait très bien que les donneurs sont de moins en moins nombreux, et on va arriver à de la vente de sperme.

Troisièmement, pendant le mariage pour tous, on entendait +si on ouvre le mariage, demain ce sera la PMA+. Je n'y croyais pas. Et là, je me demande, est-ce que si demain on a la PMA, au prochain président on aura la GPA ?

Je suis chrétien, pratiquant, et à un moment il faut être en cohérence. Peut-être qu'il y aura des homophobes à côté de moi, peut être qu'il y aura la Manif pour tous. Mais on va y aller avec nos badges, assumer d’être des cathos de gauche.

Arnaud Pinte, 53 ans

"Il m'est franchement difficile de cautionner une loi qui organise la privation d'un père pour un enfant. Qu'il y ait des accidents qui font qu'un père s'en aille, ça arrive.

Mais avoir une loi qui se permette de dire +je vais concevoir des enfants sans père+, c'est ne pas leur donner toutes leur chances. Je pense que la PMA sans père est vraiment un handicap pour l'enfant avant d’être une chance pour la société, comme l'affirmait Agnès Buzyn.

J'ai participé à des débats, dans le cadre des états généraux de la bioéthique, et aussi dans celui du grand débat national. Je n'ai eu nullement le sentiment d'être ni écouté, ni entendu.

Et je ne parle même pas des auditions parlementaires où les objections n'ont pas été prises en compte. Passer une loi en trois semaines sur des sujets qui concernent autant les Français, sans les avoir écoutés.... Pourquoi monsieur Macron ne fait-il pas un referendum ?

Jean Helou, 25 ans

"Je crois qu'il y a avec cette loi un enjeu sur la définition même de la médecine et de la vocation qu'on peut lui donner. L'ambition de la médecine depuis toujours a été de réparer, de soigner des pathologies, des incapacités dues à des accidents de la vie.

C'est aussi une bataille pour l'égalité puisqu'il y aura des enfants qui dès la naissance seront de facto privé de père. Les familles, même monoparentales, ont des racines quand même. Là, on aura des enfants qui n'en ont plus.

En outre, si les couples de femmes ont accès à la PMA il paraît légitime que les couples d'hommes aient les mêmes moyens techniques. Donc, de fait, la GPA on y viendra.

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