"Acte VIII" des "gilets jaunes" : un ancien boxeur en garde à vue pour avoir frappé des gendarmes

Auteur:
 
Par Marie DHUMIERES - Paris (AFP)
Publié le 07 janvier 2019 - 19:41
Image
Un ancien boxeur professionnel s'en prend aux forces de l'ordre le 5 janvier 2019 sur la passerelle Léopold Sédar Senghor à Paris
Crédits
© - / AFP
Un ancien boxeur professionnel s'en prend aux forces de l'ordre le 5 janvier 2019 sur la passerelle Léopold Sédar Senghor à Paris
© - / AFP

Sur la passerelle face aux gendarmes il sautille, se protège la tête, enchaîne droites et gauches, puis des coups de pied sur un gendarme au sol: l'ancien boxeur pro Christophe Dettinger, acteur d'une vidéo virale de "l'acte VIII" des "gilets jaunes" à Paris, a été placé en garde à vue lundi.

A Paris, sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor qui relie les deux rives de la Seine au Jardin des Tuileries, des affrontements éclatent entre manifestants qui essaient de rejoindre l'Assemblée nationale, et forces de l'ordre.

Un homme, colosse en jeans, manteau, bonnet et gants noirs, se place face à une ligne de gendarmes casqués et protégés de boucliers. Comme sur un ring, il sautille et enchaîne les coups de poings de boxeur sur un gendarme, faisant reculer les forces de l'ordre.

"Laissez-nous tranquilles, barrez-vous", l'entend-t-on crier, comme d'autres manifestants.

Sur une autre vidéo, vraisemblablement filmée lors du même affrontement, on voit le même homme donner plusieurs violents coups de pied à un gendarme à terre. Ce gendarme s'est vu prescrire 15 jours d'incapacité totale de travail (ITT) et a porté plainte, selon la gendarmerie.

"C'était vraiment frapper pour frapper: la tête, le visage, le dos... Ses camarades m'empêchent de me relever. C'était taper pour vraiment faire mal, voire tuer s'ils pouvaient. C'est de l'hyper-violence, (...) de la violence gratuite", a raconté lundi aux médias ce gendarme mobile, âgé de 27 ans, en marge de la cérémonie des voeux du ministre de l'Intérieur aux forces de sécurité.

Le parquet a ouvert une enquête, mais l'homme, rapidement identifié comme étant Christophe Dettinger, est resté introuvable. Il s'est rendu à la police parisienne lundi matin.

Sur une vidéo enregistrée dimanche, le champion de France professionnel des lourds-légers (2007 et 2008), s'explique. "J'ai participé aux huit actes (des "gilets jaunes"). J'ai fait toutes les manifestations de samedis sur Paris", dit-il. "J'ai vu la répression. J'ai vu la police gazer, la police faire mal à des gens avec des flashballs. J'ai vu des gens blessés (...) La colère est montée en moi et oui, j'ai mal réagi. Mais je me suis défendu", se justifie l'ancien boxeur, 37 ans, désormais agent technique à la mairie de sa ville, dans l'Essonne.

- "Hyper gentil" -

Le ministre de l'Intérieur a rencontré lundi les gendarmes "lâchement attaqués" pour "saluer leur sang-froid".

L'Intérieur n'a par contre pour l'heure pas réagi à la deuxième vidéo "coup de poing" de cet "acte VIII": celle d'un officier de police frappant plusieurs personnes lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Toulon, qui a fait l'objet d'un signalement à l'IGPN.

On le voit donner plusieurs coups de poing au visage d'un homme plaqué contre un mur, avant que d'autres fonctionnaires ne s'interposent, puis frapper, de nouveau à coups de poings, un "gilet jaune" qu'il retient sur le capot d'une voiture.

Sur sa vidéo d'explication, Christophe Dettinger se présente lui comme "un citoyen normal", "lambda" qui "manifeste pour les retraités, le futur des mes enfants, pour les femmes célibataires..."

Décrit dans les médias comme un homme "hyper gentil" par son ancien entraîneur, très étonné de l'avoir vu frapper un homme à terre, Christophe Dettinger est un "agent lambda" "assez imposant" mais à qui "on ne connaît pas d'ennuis" explique un ancien collègue.

La Fédération française de boxe a dénoncé son "comportement inacceptable et honteux" et son club de Massy, où il était licencié jusqu'en 2013, a dit ne pas comprendre "les raisons de son acte". Dans un communiqué publié sur Facebook, le patron du club l'a décrit comme "un grand champion n'ayant jamais eu un tel comportement en dehors du ring". "Ce garçon a toujours été respectueux, timide et réservé", a-t-il aussi écrit.

Une cagnotte a été lancée sur internet pour qu'il ne soit pas "le seul à payer". Lundi en début de soirée elle avait déjà réuni près de 55.000 euros.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.