Allemagne : mort d'un ancien SS impliqué dans un massacre en France

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Par AFP - Berlin
Publié le 22 septembre 2019 - 12:58
Mis à jour le 23 septembre 2019 - 12:52
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Reproduction d'une photo prise à Ascq, dans le nord de la France, montrant les cercueils des victimes d'un massacre en 1944
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© FRANCOIS LO PRESTI / AFP
Reproduction d'une photo prise à Ascq, dans le nord de la France, montrant les cercueils des victimes d'un massacre en 1944
© FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Un ancien SS de 96 ans, menacé de comparaître prochainement pour avoir cautionné un massacre en France en 1944 et tenu des propos négationnistes sur l'Holocauste, vient de mourir, a déclaré dimanche à l'AFP le parquet chargé des poursuites.

"Je peux confirmer qu'il est décédé", a déclaré au sujet de Karl Münter la porte-parole du parquet de Hildesheim, en Basse-Saxe (nord), Christina Pannek. Elle a évoqué une mort naturelle.

"La procédure engagée contre lui est du coup éteinte", a-t-elle ajouté.

Cet ancien SS, impliqué dans le massacre d'Ascq dans le nord de la France en 1944, venait tout juste en juillet d'être mis en accusation par le parquet en vue d'un procès pour incitation à la haine raciale et atteinte à la mémoire des morts.

"La mort de Karl Münter, ça veut dire que la justice ne va pas être rendue. Ce procès, nous ne l'attendions pas dans un esprit de vengeance mais il devait nous permettre de nous exprimer, de témoigner, de parler de nos victimes et de notre souffrance", a réagi auprès de l'AFP Marguerite-Marie Béghin, la fille aînée d'un des 86 civils, tous des hommes, à avoir été massacrés à Ascq.

Agée de sept ans et demi au moment des faits, elle dit "se réveiller encore tous les matins en pensant au massacre". "J'estime que la transmission, c'est quelque chose d'important, il faut que ce crime ne tombe pas dans l'oubli".

"Si Karl Münter échappe à la justice des hommes, espérons qu'il n'échappera pas à la justice divine (...) Ce combat que j'ai mené est un combat pour l'honneur et les massacrés d’Ascq vivront toujours dans nos cœurs", a déclaré à l'AFP Alexandre Delezenne, un arrière-petit-fils d'une autre victime. Il était à l'origine, en 2013, de la procédure judiciaire entamée en Allemagne.

Karl Münter était poursuivi pour des propos tenus fin 2018 sur la chaîne de télévision publique ARD.

Il y avait notamment assuré que le chiffre de six millions de juifs assassinés par les nazis était exagéré. "J'ai lu récemment quelque part que ce chiffre était faux, je n'y crois plus à tout cela", affirmait-il.

L'ancien SS avait aussi cautionné le massacre des 86 civils à Ascq. Interrogé par ARD pour savoir s'il regrettait ces évènements, l'intéressé, affirmant n'avoir pas directement participé à la tuerie mais avoir surveillé les personnes arrêtées, avait répondu : "Non pas du tout ! Pourquoi devrais-je regretter ?".

"Si j'arrête des gens, je suis responsable d'eux. Et s'ils tentent de fuir, j'ai le droit de tirer sur eux", avait-il ajouté.

Le massacre avait été commis dans la nuit du 1er au 2 avril 1944 en représailles au déraillement d'un train transportant environ 350 SS.

Le procès qui devait se dérouler en Allemagne, sous réserve de l'état de santé de l'accusé, était une revanche pour les descendants des victimes.

Car la justice allemande avait en mars 2018 a abandonné des poursuites pour son rôle direct en 1944, arguant du fait que l'intéressé avait déjà été condamné par un tribunal militaire en France en 1949 et qu'il ne pouvait être jugé une seconde fois.

Karl Münter n'a en Allemagne jamais vu cette peine exécutée et a pu poursuivre sa vie, travaillant à la poste.

Jusqu'au bout, il a gardé des sympathies pour l'idéologie nazie. Selon ARD, il a participé en novembre 2018 à une réunion du parti néonazi allemand NPD en Thuringe, pour y parler en tant que "témoin de l'époque" et dédicacer des photos de lui. Il était considéré comme un "héros" au sein de cette mouvance, selon la chaîne allemande.

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