Après deux ans de froid, Macron veut faire de la Pologne un allié

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Par Laurence BENHAMOU - Varsovie (AFP)
Publié le 03 février 2020 - 05:00
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Le président français, Emmanuel Macron, prépare sa rencontre avec son homologue polonais, Andrzej Duda lors d'un sommet de l'Otan le 4 décembre 2019 à Watford (Royaume-Uni)
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© ludovic MARIN / POOL/AFP/Archives
Le président français, Emmanuel Macron, prépare sa rencontre avec son homologue polonais, Andrzej Duda lors d'un sommet de l'Otan le 4 décembre 2019 à Watford (Royaume-Uni)
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Pour sa première visite officielle à Varsovie, le président français Emmanuel Macron a voulu lundi marquer un "tournant" dans les relations avec la Pologne, après deux ans d'antagonisme sur le climat, l'Etat de droit et la politique migratoire.

Visiblement désireux de s'en faire un nouvel allié dans l'Europe post-Brexit, le président français s'est montré très conciliant envers un pays qu'il a jusqu'ici sévèrement critiqué. A la grande satisfaction des dirigeants polonais qui, à l'approche de l'élection présidentielle polonaise en mai, ont applaudi eux aussi "un nouveau chapitre" franco-polonais.

"Je souhaite que cette visite marque un véritable tournant dans le rôle qu'ensemble nous pouvons jouer pour l'Europe de demain", a annoncé lundi matin le président français, aux côtés de son homologue polonais Andrzej Duda.

Lors d'une conférence de presse commune, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a dressé une longue liste de leurs points d'accord: maintien des aides de la politique agricole commune, taxation des géants du numérique et des transactions financières, lutte contre les paradis fiscaux, taxe carbone aux frontières de l'Europe et développement des industries de défense, dont le char du futur.

Le président français a tout fait pour lever les "malentendus" et faire oublier ses critiques sévères envers la Pologne sur le climat et la remise en cause de l'Etat de droit.

Alors qu'il a cet automne accusé Varsovie de "bloquer" l'agenda européen pour la neutralité carbone en 2050, le président français a cette fois parlé de "cheminer ensemble" vers la transition énergétique et promis de plaider pour que Bruxelles soutienne financièrement les efforts de la Pologne.

"Je ne mésestime pas les efforts que la Pologne devra faire" pour sortir du charbon, "la France plaidera pour que le fonds de transition soit ciblé sur les régions les plus affectées par la transition et doit aider au premier chef la Pologne", a-t-il promis.

Le Français en a profité pour mettre en avant son industrie nucléaire, dont des dirigeants accompagnaient sa délégation. "Vous avez décidé de poursuivre votre sortie du charbon en passant en partie par l'énergie nucléaire, stratégie que la France veut accompagner avec son expertise", a-t-il souhaité.

- "La France n'a pas à donner de leçons" -

Quant à la réforme controversée du système judiciaire polonais, encore durcie par une loi du 23 janvier, le président français, qui dénonçait en 2017 un pays qui avait "enfreint les valeurs européennes", s'est montré cette fois extrêmement prudent.

Il a répété que le problème n'était pas "bilatéral" mais "européen" et s'est borné à souhaiter que "le dialogue avec la Commission européenne s'intensifie", affirmant qu'"en Pologne sont ancrées les valeurs de liberté et justice".

"La France n'a pas à donner de leçon à qui que ce soit", a-t-il assuré, concluant même : "la France et la Pologne sont fidèles à elles-mêmes quand elles défendent leurs valeurs".

Ce à quoi M. Morawiecki a répondu que la Pologne avec sa réforme de la justice "défend bien les valeurs européennes".

Emmanuel Macron a enfin tenté de répondre aux inquiétudes des Polonais sur son rapprochement avec Moscou et ses critiques de l'Otan. "La France est totalement engagée au sein de l'Alliance atlantique et pour la sécurité de son flanc est", à laquelle participent dans ses différents volets "plus de 4.000 soldats français", selon lui.

"La France n'est ni pro-russe ni anti-russe, elle est pro-européenne", a-t-il poursuivi, avant de prôner un "dialogue politique exigeant" avec la Russie.

Le Premier ministre polonais s'est dit rassuré par cette volonté française d'un "Otan fort".

France et Pologne ont en outre décidé de tenir dans les prochains mois un sommet franco-germano-polonais, format du "triangle de Weimar" laissé à l'abandon ces dernières années. "Nous nous sommes engagés à relancer le format du triangle de Weimar. A nous trois nous comptons 42% de la population européenne", a souligné le Premier ministre polonais.

"Nous avons fait un pas vers un rapprochement, je suis ravi de voir le nombre de volets de coopération possibles, nous sommes des partenaires stratégiques", s'est écrié le dirigeant polonais.

"Après une période d'enthousiasme et d'optimisme pour la politique européenne d'Emmanuel Macron, le temps du réalisme est venu", notamment dans le contexte du Brexit et d'un certain repli de l'Allemagne, résume le politologue Alexander Smolar.

Mardi, Emmanuel Macron se rendra à Cracovie, ancienne capitale royale de la Pologne, où il veut devant les étudiants de l'université Jagellonne "lancer un appel à l'engagement européen".

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