Deux mois de congés pour les profs : pour beaucoup, les vacances sont studieuses

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 17 juillet 2018 - 13:04
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Préparation avant la rentrée d'une salle de classe à Cenon en Gironde, le 31 août 2016
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© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives
Préparation avant la rentrée d'une salle de classe à Cenon en Gironde, le 31 août 2016
© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives

"C'est simple, dès que tu dis que tu es prof, on te parle des vacances!", raconte Laetitia Yuceer, 17 ans de métier. Or, ces semaines de pause sont les bienvenues "pour tenir sur la longueur". Et rares sont les enseignants à passer tout l'été sans travailler.

Près de deux mois de vacances, un vrai luxe? Sur les réseaux sociaux ou dans les conversations, la situation "privilégiée" des professeurs en France fait souvent des envieux. Quand elle n'attise pas les critiques.

A en croire ceux interrogés par l'AFP, la réalité est pourtant plus nuancée. Qu'ils s'y prennent au début, au milieu ou à la fin de leurs congés, ils sont beaucoup à ne pas couper totalement avec l'école pendant l'été.

Marie, professeure de français au lycée en Indre-et-Loire, prévoit ainsi de "travailler un peu tout le temps". "En vacances, je n'ai jamais totalement l'esprit tranquille", affirme-t-elle. Elle part donc avec les livres qu'elle fera étudier à ses élèves et compte préparer une bonne partie des analyses de textes qu'elle leur soumettra. Sans parler des évaluations, qu'elle peaufine aussi pendant l'été...

Quand les établissements scolaires restent ouverts, certains profitent du calme des mois d'été pour y préparer sereinement les cours de la rentrée.

La semaine dernière par exemple, Laetitia Yuceer, qui enseigne en maternelle, est retournée tous les jours dans sa classe pour "la ranger, mettre en place de nouveaux affichages, installer du matériel"...

Lundi, en quittant Paris, elle a glissé dans sa valise son ordinateur, qu'elle va ouvrir régulièrement pour "mettre au point des exercices, des listes, des évaluations" pour septembre. "Je vais travailler pendant deux semaines, mais pas en continu". Avant une "vraie pause" de trois semaines en août, "indispensable", selon elle, pour pouvoir "tenir" pendant l'année scolaire.

- "Bosser de n'importe où" -

"On peut questionner la durée des congés mais tout le monde a besoin de souffler en fin d'année" scolaire, insiste Florent Ternisien d'Ouville, prof d'histoire-géo dans un lycée à Bondy (Seine-Saint-Denis). Lui aussi prévoit de "couper totalement trois ou quatre semaines à partir de début août".

Avant cela, il va "travailler" mais "pas comme pendant l'année". Les congés d'été sont en effet l'occasion de "rattraper la lecture de livres ou de revues mises de côté", ou bien de "fignoler des projets pédagogiques qu'on voudrait mettre en place à la rentrée". Y compris sur son lieu de vacances: "l'avantage, c'est qu'on peut bosser de n'importe où".

C'est dans son jardin de Sologne, entourée de "piles de manuels", que Delphine Guichard, prof en élémentaire, prépare sa rentrée: deux semaines de boulot début juillet, puis deux semaines fin août.

Enseignante depuis dix ans, elle reconnaît ne pas se mettre autant la pression que lors de ses premières années d'enseignement: "aujourd'hui, je suis plus dans l'analyse, je fais un travail de fond, je vise l'amélioration".

"Même en cours de carrière, dans leur immense majorité, les profs retravaillent leurs cours pour l'année suivante", assure Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT. Et les changements de niveau d'une année sur l'autre, qui sont fréquents, impliquent de toute façon une remise à plat de la préparation, rappelle-t-elle.

"Chaque changement de programme demande aussi un travail important", ajoute Mme Nave-Bekhti.

Cette année, les ajustements de programmes de français, maths et enseignement moral et civique (du CP à la troisième), présentés début juillet, ont été particulièrement mal reçus par les syndicats. "Enseigner, ce n'est pas exécuter, cela nécessite du temps pour s'approprier les changements et les traduire dans les pratiques de classe", a déploré le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.

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