Ehpad : des secrétaires aux soignants, une "implication de tous" contre le coronavirus

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Par David ARRODE - Paris (AFP)
Publié le 16 avril 2020 - 22:12
Mis à jour le 17 avril 2020 - 20:14
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Un soignant de l'Ehpad Korian Vill'Alize à Thises s'entretient avec un résident dans le jardin de la maison de retraite, le 16 avril 2020
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© SEBASTIEN BOZON / AFP
Un soignant de l'Ehpad Korian Vill'Alize à Thises s'entretient avec un résident dans le jardin de la maison de retraite, le 16 avril 2020
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L'épidémie du nouveau coronavirus révèle les sous-effectifs chroniques des maisons de retraite médicalisées (Ehpad) mais aussi une solidarité de toutes les catégories du personnel pour soigner les personnes âgées, leur apporter du réconfort et maintenir les liens familiaux.

Le "plan bleu" déclenché par le gouvernement début mars dans les maisons de retraite - et son équivalent le plan blanc dans les établissements de santé - imposent une mobilisation "maximale" face à l'épidémie du Covid-19.

Dans la pratique, "le manque d'effectif était déjà criant avant, les établissements sont encore plus mis à mal avec jusqu'à 40% d'absentéisme dans certains endroits", déplore Malika Belarbi, aide-soignante et responsable du collectif national CGT pour l'accueil des personnes âgées.

Or, "dans un secteur en sous-effectif tout au long de l'année, vous avez intérêt à faire preuve de solidarité, d'autant plus en période de crise", complète Romain Gizolme, directeur de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).

La situation est "très dure", confie Marie-France, infirmière dans un Ehpad des Hauts-de-Seine, affectée dans une unité Covid. "On voit nos patients se dégrader, perdre du poids, mourir devant nous en quelques heures, on est impuissants." Pour la seule journée de mercredi, deux résidents de son unité sont décédés.

"Heureusement que les autres services sont là: personnels administratifs, pédicures, esthéticiennes, psychologues nous aident. Ils se retrouvent en première ligne pour renforcer les équipes. Ce n'est pas leur métier mais ils le font par solidarité et dévouement", insiste Malika Belarbi, qui raconte s'être "retrouvée il y a deux jours avec une pédicure en train de faire la vaisselle de 40 résidents".

- "Les barrières hiérarchiques tombent" -

"Quand vous devez imposer un confinement, heureusement que le personnel soignant et aide-soignant donne un coup de main au personnel de restauration pour distribuer les repas en chambre", souligne Romain Gizolme.

"Des agents de la direction, des secrétaires nous aident à les faire manger, je fais équipe avec une collègue de Bretagne venue en renfort. Cela nous fait beaucoup de bien", détaille Marie-France.

Aïcha, qui travaille au service des admissions d'un Ehpad d'Asnières (Hauts-de-Seine), s'est portée volontaire pour épauler ses collègues soignants. "Je les décharge de leurs tâches administratives", comme par exemple l'organisation du départ des personnes décédées. Elle décrit une "chaîne de solidarité" qui l'envoie "sur le terrain tous les jours".

"Il y a une implication de tous. Je n'ai jamais vu autant de solidarité entre les équipes", confirme Raphaël Berhaïel, délégué central CFDT au sein du groupe Korian, numéro un européen des maisons de retraite.

"Avant, il y avait un certain individualisme. On finissait le boulot et on rentrait chez soi. Aujourd'hui, on prend des nouvelles. Il y a une volonté de bien veiller les uns sur les autres. Même les barrières hiérarchiques tombent", ajoute M. Berhaïel.

Le personnel se met souvent en quatre pour maintenir le lien avec les proches. "Des équipes ont été mises en place pour donner des nouvelles quotidiennement aux familles", explique ce soignant.

"Dans mon établissement, une animatrice organise des sessions de visio-conférence via Skype", raconte Marie-France. "On essaie de prendre le temps, d'être au maximum avec les résidents pour les soutenir. Certains de ceux qui nous ont quittés sont morts non pas du Covid mais de tristesse."

Pour Romain Gizolme, "cette crise révèle le meilleur, le très grand engagement des professionnels, au prix parfois de leur santé. Et aussi le pire, en montrant combien le secteur est en sous-effectif".

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