En gare de Lille, des voyageurs inquiets mais préparés à la grève

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Par Baptiste BECQUART - Lille (AFP)
Publié le 03 avril 2018 - 12:08
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Les quais et voies déserts de la gare de Lille, le 2 avril 2018
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP
Les quais et voies déserts de la gare de Lille, le 2 avril 2018
© PHILIPPE HUGUEN / AFP

Bonjour, je suppose qu'il y a grève aujourd'hui?": comme Romain au guichet, la plupart des voyageurs des gares de Lille, même préparés, s'inquiétaient mardi de ne pouvoir monter dans un train et de vivre plusieurs semaines de "punition".

En cette première journée de grève reconductible, la gare Lille-Europe est presque déserte vers 07H30. Ceux qui font la navette Lille-Paris pour le travail sont les premiers chaque matin à y pénétrer, sacoche en bandoulière. Mardi, le regard qui se lève vers les écrans d'affichage des voies semble cette fois anxieux.

"Il y a des trains toutes les demi-heures jusqu'à 08H42. Après c'est 16H00". Cette sentence prononcée par l'agent d'accueil, Jean Nahavua, 27 ans, qui va travailler presque tous les jours comme assistant manager dans le commerce de gros, la vit comme une "punition".

"Je commence le travail à 13H00. Vous savez à quelle heure je me suis levé? 05H00!", lance-t-il, dépité. Habitant à Lille chez ses parents, il a opté voici un an pour un abonnement jeune et se rend dans la capitale trois fois par semaine. Jean montre son application mobile: "Vous voyez là? C'est tous mes voyages passés. Mais sur le site internet, pour réserver, il n'y a plus rien depuis 10 jours. Et le covoiturage c'est bourré, plus de place."

Le jeune homme se prépare à de longues semaines de galère: "Trois mois comme ça, ça va être compliqué. Et on ne roule pas sur l'or!"

- "Défendre leur bifteck" -

Pour Pascal Lasnier, 44 ans, cadre dans une banque à Paris mais qui habite avec sa femme à Lille, pour l'instant tout va bien: "j'ai pris mon billet avant qu'ils ne bloquent les réservations. J'ai de la chance, mon train est maintenu. J'ai l'impression qu'ils ont assuré tous les trains du matin pour Paris", se réjouit-il.

Dans cette gare calme pour un jour de semaine, où les "gilets rouges" de la SNCF sont plus nombreux que les voyageurs, Pascal constate: "Pas mal de gens n'ont pas tenté. Cette grève nécessite de l'organisation". Si le mouvement perdure, "j'ai de la famille qui pourra me loger à Paris", ajoute-t-il.

Dans cette gare comme à Lille-Flandres, dédiée aujourd'hui au trafic TER, des stands avec du café ont été installés. L'un des agents SNCF glisse: "Globalement les gens sont bien informés, ils se sont renseignés dès dimanche".

Vincent, 36 ans, vient de rater le TGV de 07H42 pour Paris. Essouflé, il confie: "J'avais un billet pour le suivant, mais j'aurais préféré prendre celui-là, pour assurer. J'irai me renseigner au jour le jour sur les bornes d'information".

Lui travaille dans une compagnie privée de transport... ferroviaire. Et la grève des cheminots, il la comprend parfaitement: la concurrence, "c'est les lois de l'Europe mais le gouvernement doit faire en sorte de ne pas toujours lui dire oui. Il ne faut pas cracher sur les combats de nos parents, et les acquis."

Pascal Lasnier, lui, est plus nuancé: "Je comprends qu'ils veuillent défendre leur bifteck, mais il y a peut-être d'autres moyens de le faire".

Tout ça "à cause d'une réforme qui ne nous concerne pas!", s'exclame Jean Nahavua. Derrière sa colère, il se montre très attentif aux enjeux sociaux: "Je sais que le gouvernement a voulu passer en force avec des ordonnances. On va peut-être avoir une deuxième volte-face comme avec Juppé, mais pas sûr avec la dureté de ce gouvernement..."

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