"Gilets jaunes" : des interdictions de manifester décidées dans plusieurs villes

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Par AFP - Paris
Publié le 22 mars 2019 - 18:29
Mis à jour le 23 mars 2019 - 00:40
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Manifestation de gilets jaunes, le 16 mars 2019 sur les Champs-Elysées, à Paris
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives
Manifestation de "gilets jaunes", le 16 mars 2019 sur les Champs-Elysées, à Paris
© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives

Paris mais aussi Nice, Bordeaux, Toulouse, Dijon, Rennes... près d'une quinzaine de villes ont interdit certains lieux emblématiques de manifestation de "gilets jaunes" samedi : une nouvelle stratégie de l'exécutif qui souhaite reprendre la main "avec fermeté" après un acte 18 qui a donné lieu à de nouveaux affrontements.

L'avenue des Champs-Elysées, qui avait été saccagée lors du 18e samedi du mouvement des "gilets jaunes", sera interdite de manifestation ainsi que ses abords dans un périmètre incluant le palais de l'Elysée et l'Assemblée nationale.

A Nice, "un périmètre de protection" interdira l'accès à certaines zones de la ville et ses alentours sauf aux résidents, à la veille d'une visite officielle du président chinois Xi Jinping. Il sera également interdit de manifester sur une grande partie de l'agglomération dont la Promenade des Anglais.

Toulouse et Bordeaux, qui depuis 18 semaines rassemblent parfois davantage de manifestants que la capitale et sont également le théâtre de violences, ont pris des arrêtés semblables.

A Toulouse, les manifestations ou rassemblements seront interdits sur la place du Capitole alors qu'une manifestation "non déclarée" est prévue à proximité.

L'appel était cependant maintenu sur la page Facebook "Gilets jaunes Toulouse". Pour certains "gilets jaunes" contactés par l'AFP, la masse des manifestants devrait plutôt éviter la place du Capitole, mais ils n'excluaient pas que d'autres groupes aillent à la confrontation.

La section départementale de la CGT a pour sa part renoncé à déclarer un rassemblement place du Capitole, comme elle l'avait envisagé, a expliqué à l'AFP son secrétaire, Cédric Caubère. "Mais nous appelons à manifester et si on peut aller place du Capitole, on ira", a-t-il cependant affirmé.

A Bordeaux, comme toutes les semaines depuis la fin novembre, la préfecture a publié un arrêté interdisant de manifester dans les rues du centre ville. Malgré cet arrêté pris chaque semaine, par la préfecture de Gironde - dirigée jusqu'à la semaine dernière par Didier Lallement, aujourd'hui nouveau préfet de police de Paris - les "gilets jaunes" n'ont jamais cessé d'arpenter chaque samedi le centre de la capitale girondine sans déclarer leur manifestation.

- "Atteinte à la liberté de manifester" -

D'autres villes comme Rouen, Rennes, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Vannes, La Rochelle, Tarbes, Carcassonne, Trèbes, Dijon, Metz et Perpignan, ont interdit des manifestations.

Les contrevenants à ces interdictions de manifester ou de rassemblement s'exposent à une amende portée à 135 euros depuis un décret publié jeudi (contre 38 euros auparavant).

La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a saisi en urgence le Conseil d'Etat d'un recours contre ce décret, dénonçant "une nouvelle atteinte grave à la liberté de manifester". Le recours en urgence (référé-liberté) sera examiné le 27 mars, a indiqué à l'AFP son avocat, Patrice Spinosi.

Un recours au fond, dont la date d'audience n'est pas encore connue, a également été déposé contre ce texte.

Pour la LDH, "après l'adoption d'une loi qui donne aux préfets le pouvoir de choisir les personnes qui peuvent manifester (la loi anticasseurs), sans décision préalable d'un juge, le gouvernement poursuit dans cette voie dangereuse en voulant sanctionner les participants aux manifestations qu'il aura décidé d'interdire".

Dans sa volonté d'afficher davantage de fermeté, outre ces interdictions et l'utilisation de nouveaux moyens techniques (drones, marqueurs chimiques), le gouvernement a aussi évoqué mercredi, par la voix de son porte-parole Benjamin Griveaux, le recours à la mission antiterroriste militaire Sentinelle.

Face à la polémique provoquée par cette annonce, le président de la République Emmanuel Macron a rappelé vendredi, en marge d'un sommet européen à Bruxelles, que l'armée n'était "en aucun cas en charge du maintien de l'ordre et de l'ordre public", dénonçant un "faux débat".

Les militaires seront utilisés "à la marge" pour des gardes statiques de bâtiments qui ne sont aucunement exposés aux mouvements des "gilets jaunes", explique-t-on au ministère de l'Intérieur. "Il n'y aura pas de militaires Sentinelle sur les Champs-Elysées, devant Beauvau ou le palais de l'Elysée ou encore devant l'Assemblée nationale", insiste le ministère.

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