Grève quasi unitaire jeudi pour de meilleurs salaires à Air France

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Par Jeremy TALBOT - Paris (AFP)
Publié le 20 février 2018 - 11:59
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Un avion de la compagnie aérienne Air France sur le tarmac de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle le 20 janvier 2017
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© BERTRAND GUAY / AFP/Archives
Un avion de la compagnie aérienne Air France sur le tarmac de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle le 20 janvier 2017
© BERTRAND GUAY / AFP/Archives

La quasi-totalité des syndicats d'Air France appellent pilotes, personnels de cabine et au sol à faire grève jeudi pour réclamer une augmentation générale de 6%, une unité rare qui prend appui sur des résultats d'entreprise en forte hausse.

La compagnie fera connaître ses prévisions de trafic mercredi, et non mardi comme annoncé initialement, a indiqué un porte-parole.

L'ensemble des syndicats représentatifs chez les pilotes (SNPL et Spaf) et les hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC et Unac), trois organisations au sol (CGT, FO et SUD) et trois non représentatives (Alter pour les pilotes, CFTC et SNGAF côté PNC) appellent à la grève.

Un rassemblement est prévu jeudi à 10H00 devant le siège de la compagnie à Roissy, où devait se tenir en parallèle un comité central d'entreprise (CCE) dédié principalement à l'analyse des résultats financiers 2017.

La séance se tiendra finalement à Paris, ont appris les représentants du personnel mardi après-midi. Selon eux, la direction souhaite éviter un nouveau "5 octobre 2015", quand le CCE avait été envahi et le DRH d'alors, Xavier Broseta, agressé devant les caméras après l'annonce d'un possible plan social.

La grève de jeudi constitue un nouvel épisode de la négociation salariale 2018, close après deux séances houleuses.

A son terme, la direction a mis sur la table un projet d'accord prévoyant une augmentation générale - la première depuis 2011 - de 1% versée en deux temps, une revalorisation des indemnités kilométriques et une enveloppe d'augmentations individuelles (primes, promotions, ancienneté...) de 1,4% pour les seuls agents au sol.

Le texte, accepté par la CFE-CGC et la CFDT (minoritaires), a été invalidé par une majorité de syndicats, puis mis en œuvre de manière unilatérale par la direction.

- 'Discours culpabilisant' -

Les organisations appelant à la grève ont dénoncé une "aumône" qui, selon elles, "ne pourra compenser l'augmentation du coût de la vie et rattraper les salaires bloqués depuis 2011".

Elles réclament une augmentation générale des grilles de 6%, arguant des bons résultats financiers de l'entreprise.

Le groupe Air France-KLM a affiché un bénéfice d'exploitation en hausse de 42% pour 2017 à 1,488 milliard d'euros, dont 588 millions d'euros pour la partie française.

Néanmoins, les revendications des syndicats "ne sont pas raisonnables", a tranché le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, dans Le Monde. "Le coût global d'une telle augmentation représenterait environ 240 millions d'euros, soit pratiquement le prix de deux Boeing 787", a-t-il appuyé.

Lundi, la direction a tenté une dernière fois de dénouer le conflit en rencontrant les syndicats.

Elle a réaffirmé que "sa priorité était de trouver un équilibre réaliste entre la rétribution des efforts de chacun et le maintien de conditions économiques permettant les investissements pour la croissance, dans un contexte de concurrence accrue", a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Les augmentations générales et individuelles, couplées à l'accord d'intéressement "qui permet de reverser 20% du résultat d'exploitation" d'Air France aux 44.200 salariés, "permettent de proposer une progression des rémunérations sans précédent depuis 2011", selon lui.

La direction a tenu "un discours un peu culpabilisant et paternaliste", soutenant que la grève "mettrait en péril l'entreprise", a réagi Vincent Salles (CGT). "Ils sont restés hyper fermes, on leur a donné rendez-vous au 22 (février)", a lancé Karim Taïbi (FO).

Les syndicats évoquent déjà un mouvement plus dur "si la direction s'entête". "La journée du 22 février n'est que le point de départ d'un rapport de force qui se construit", affirmait lundi l'intersyndicale dans un communiqué.

Dans cette perspective, le SNPL qui est majoritaire dans les cockpits d'Air France (65% des voix), consulte l'ensemble des pilotes jusqu'au 14 mars pour "recourir, au besoin, à un ou plusieurs arrêts de travail" pouvant dépasser six jours.

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