La nouvelle Gare du Nord ne voit pas le bout du tunnel

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Par Jean LIOU, Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 09 octobre 2019 - 10:01
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Des quais déserts à la gare du Nord pendant la grève des cheminots, le 24 avril 2018 à Paris
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© Christophe SIMON / AFP/Archives
Les quais de la Gare du Nord à Paris le 24 avril 2018, jour de grève des cheminots
© Christophe SIMON / AFP/Archives

"Plus belle, plus verte": en dépit de toutes les promesses, le projet de réaménagement de la Gare du Nord passe mal auprès de certains riverains du Xe arrondissement et de la Ville de Paris, qui dénoncent une "zone commerciale", risquant de retarder les travaux à l'approche des JO de 2024.

S'il semblait soutenu lors de son lancement en juillet 2018, le programme alliant réaménagement des espaces et construction de nombreuses boutiques ne fait plus l'unanimité. Et la Commission nationale d'aménagement commercial (CNAC) doit trancher jeudi pour savoir s'il peut se poursuivre ou non.

Le projet de rénovation de la Gare du Nord, mené par SNCF Gares & Connexions et la foncière d'Auchan, Ceetrus, prévoit un véritable lifting à la vieille dame de 155 ans, première gare d'Europe, prise d'assaut par 700.000 voyageurs quotidiens et ceinte d'étals de "produits exotiques" débordant sur les trottoirs environnants et de bars ouverts toute la nuit.

Elle constitue un véritable carrefour: les trains de la banlieue nord côtoient TER des régions nordistes, trains à grande vitesse de Belgique et Outre-Manche, et trois lignes de métro.

Moyennant 600 millions d'euros, le projet prévoit notamment un toit terrasse végétalisé d'un hectare avec vue sur le Sacré Coeur, doté d'une piste de trail, un parking pour 2.000 vélos, une grande nef transversale, escalators et ascenseurs à tout va.

Objectif: avec 88.000 m2 supplémentaires, la Gare du Nord devrait atteindre une superficie totale de 124.000 m2, dont 46.000 m2 consacrés à une salle de spectacle, des équipements culturels, une salle de sport ou encore des commerces et bureaux.

- "Pharaonique" -

Mais une vingtaine d'architectes de renom, dont Jean Nouvel et Roland Castro, ont jugé ce projet "inacceptable" et "pharaonique", dans une tribune publiée dans Le Monde début septembre, demandant qu'il soit "repensé de fond en comble".

Changement de ton également du côté de la Ville qui dénonce un projet "trop commercial, dense, pas assez tourné vers les voyageurs", dans une tribune signée la semaine dernière par la maire du Xe arrondissement, Alexandra Cordebard, et l'adjoint à la maire de Paris en charge de l'Urbanisme, Jean-Louis Missika.

Pourtant, l'exécutif parisien avait porté un voeu en faveur de la rénovation au Conseil de Paris, le 10 juillet, et la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo avait salué dans un communiqué transmis en juin 2018 un "réaménagement ambitieux" avec "ses équipements culturels et sportif, ses espaces de co-working, ses commerces et ses espaces verts", qui permettra de "mieux accueillir les visiteurs tout en améliorant le cadre de vie des Parisiens".

- "Alliances politiques de circonstance" -

Pour les opposants à la mairie de Paris, ce revirement à cinq mois des municipales a pour but de séduire écologistes et communistes, opposés au projet, et permettre de "négocier des alliances politiques de circonstance", selon la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.

Favorable au projet, Mme Pécresse fulmine auprès de l'AFP "quand (elle) entend dire que les commerces du Xe arrondissement sont menacés par le projet de la Gare du Nord", convaincue que "les seuls qui sont menacés sont les dealers, les fourgueurs et les crackers".

Qu'importe. "Ce projet est nécessaire" pour les Franciliens qui utilisent la gare chaque jour et il "sera validé", a assuré le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.

A défaut, Jean-Louis Missika opte pour que soit repris le "projet Wilmotte" discuté entre la Ville de Paris et la SNCF en 2015, avant d'être abandonné par l'entreprise un an plus tard. Moins onéreux, et moins commercial, il semble emporter les faveurs de la municipalité.

Du côté de l'entreprise ferroviaire, on assure qu'"il n'y a pas de plan B. Si c'est cramé, c'est cramé", avance un responsable de la SNCF. Et revenir au point de départ entraînerait "3 à 4 ans de retard" dans la réalisation du projet... Trop tard pour les jeux Olympiques de 2024.

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