Lactalis : l'association de victimes doute que l'Etat soit "irréprochable"

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Par AFP - Paris
Publié le 15 janvier 2018 - 14:42
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L'Association des familles victimes du lait Lactalis contaminé aux salmonelles tiennent une conférence de presse à Paris, le 15 janvier 2018
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© Eric FEFERBERG / AFP
L'Association des familles victimes du lait Lactalis contaminé aux salmonelles tiennent une conférence de presse à Paris, le 15 janvier 2018
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Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est posé lundi en garant de la sécurité sanitaire des consommateurs dans l'affaire Lactalis, une position qui s'est heurtée à la défiance de l'association des victimes du lait contaminé à la salmonelle.

"La sécurité sanitaire des consommateurs n'est pas négociable", a déclaré le ministre de l'Economie depuis Bercy, affichant une nouvelle fois sa détermination à mettre chacun devant ses responsabilités, Etat compris. Une intransigeance affichée, contestée dans les minutes qui ont suivi par l'association des familles de victimes, qui a mis en doute la gestion de cette affaire par la puissance publique.

"Quand on a des crèches, des hôpitaux qui continuent de distribuer ce type de produits, ça signifie qu'il y a une faille, qu'il y a des garde-fous qui ne sont pas respectés", a estimé Quentin Guillemain, président de l'association des victimes lors d'un point presse. Il a réclamé à de nombreuses reprises, de la "transparence".

"Ce qu'on nous dit, c'est +l'Etat est irréprochable+. Je l'ai dit au ministre ce matin, nous en doutons", a déclaré M. Guillemain, reçu à Bercy par Bruno Le Maire et sa collègue ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Il a rappelé ce que Bruno Le Maire avait lui-même révélé jeudi, indiquant alors que les agents de la répression des fraudes (DGCCRF) avaient, lors de 2.500 contrôles réalisés depuis le 26 décembre, trouvé des boîtes de lait infantile Lactalis qui auraient dû être retirées dans 91 établissements, dont des supermarchés mais aussi dans des crèches ou des hôpitaux.

"Il y a des discours dissonants, entre ce que dit Bruno Le Maire, qui assure que l'Etat a réagi avec diligence et que c'est devant la carence de Lactalis qu'ils ont pris des décisions et ce que dit le Canard enchaîné sur l'inspection vétérinaire", a renchéri Alain Bazot, président de l'UFC-Que-Choisir.

L'hebdomadaire avait affirmé début janvier que des inspecteurs vétérinaires n'avaient rien détecté lors d'une visite de contrôle en septembre. Le ministère de l'Agriculture s'était défendu en expliquant que l'inspection "portait" seulement sur "un nouvel atelier de mélange à sec de céréales", et pas sur les activités de poudre de lait.

- "Prise de conscience" -

"Il y a eu une contamination dans cette usine en 2005, entre temps qu'est-ce que les services de l'Etat ont fait comme contrôles ? Je pense que l'Etat n'est pas en mesure d'assurer ces missions", a ajouté M. Bazot, ravivant une polémique lancée par des syndicats et des parlementaires sur le manque d'effectifs dans la fonction publique.

M. Guillemain s'est en revanche dit "rassuré", après avoir été reçu à Bercy, sur la "prise de conscience" des pouvoirs publics, "enfin".

Mais il attend "des actes", estimant qu'"il y a une évolution nécessaire de ce qui se passe aujourd'hui quand on rappelle ce type de produits".

M. Le Maire réunira mardi le Conseil national de la consommation (CNC) pour réfléchir à "une amélioration des procédures de retrait et de rappel".

S'interrogeant également sur l'action des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture, Quentin Guillemain devait être reçu lundi par le directeur général de l'Alimentation.

Trente-sept bébés ont été atteints de salmonellose en France -- dont 18 hospitalisés -- après avoir consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile Lactalis infecté par la salmonelle, selon un nouveau bilan au 11 janvier. Ils vont tous "bien", selon l'agence sanitaire Santé publique France.

Un nourrisson a également contracté la salmonellose en Espagne et un autre cas reste à confirmer en Grèce.

Des cas pour lesquels "la justice française est compétente", a indiqué l'avocate de Quentin Guillemain, Me Jade Dousselin, qui a appelé les victimes, "qu'elles soient grecques, espagnoles, chinoises", à se joindre à la procédure.

Lactalis s'est vu reprocher d'avoir manqué de transparence et tardé à réagir après la détection de salmonelle dans son usine de Craon, lors d'auto-contrôles réalisés en août et novembre. Cette contamination, qui concernait seulement l'environnement du site et non les produits, n'a été révélée au public que début décembre.

C'est ensuite le rappel des lots de lait infantile en trois étapes en décembre qui a semé la zizanie.

Le retrait s'est par ailleurs révélé incomplet, certains distributeurs ayant continué à vendre des produits potentiellement contaminés pendant encore plusieurs semaines.

A ce sujet, M. Guillemain a assuré que des familles déposeraient des plaintes contre les distributeurs "dans les jours à venir".

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