L'Australie et ses alliés célèbrent les 100 ans de la bataille de Villers-Bretonneux

Auteur:
 
Par Anne RENAUT - Fouilloy (France) (AFP)
Publié le 25 avril 2018 - 09:55
Image
Des militaires et civils australiens assistent à la cérémonie du centenaire de la participation des troupes australiennes et néo-zélandaises à la bataille de Villers-Bretonneux dans la Somme
Crédits
© FRANCOIS NASCIMBENI / POOL/AFP
Des militaires et civils australiens assistent à la cérémonie du centenaire de la participation des troupes australiennes et néo-zélandaises à la bataille de Villers-Bretonneux dan
© FRANCOIS NASCIMBENI / POOL/AFP

Plusieurs milliers d'Australiens se sont rassemblés dans la nuit de mardi à mercredi dans le nord de la France, pour célébrer à l'aube le centenaire de la victoire de Villers-Bretonneux, qui empêcha les Allemands de progresser vers l'Ouest.

C'est au "point du jour" le 25 avril 1918 que les soldats australiens, aidés par quelques unités britanniques, percèrent les lignes allemandes de la petite ville de 4.000 habitants, trois ans après une offensive ratée en Turquie - également à l'aube -, d'où la cérémonie organisée ce mercredi très tôt, à laquelle assistaient 8.000 personnes.

Même les choristes portaient les médailles de leurs ancêtres à cette commémoration, organisée au Mémorial australien de la Grande Guerre à Fouilloy, dans la Somme (nord), sur les lieux de la bataille, en présence des Premiers ministres français et australiens, ainsi que du prince Charles, représentant la couronne britannique.

Sur les murs du Mémorial, éclairés de bleu puis de jaune au lever du jour, sont inscrits 11.000 noms d'Australiens disparus dans le conflit. Il jouxte un cimetière militaire où reposent 2.000 autres combattants.

Gay Donovan, une Australienne de 65 ans mariée à un Britannique, est venue saluer la mémoire de son arrière grand-oncle James Black, mort à cette bataille il y a 100 ans après avoir fait de la prison dans son pays: "Son nom est sur le mur, mais on n'a jamais retrouvé son corps".

Les corps n'ont d'ailleurs pas été rapatriés en Australie, rappelle l'administrateur du musée franco-australien, Yves Taté, qui met de ce fait un point d'honneur à accueillir les familles venues "concrétiser leur devoir de mémoire".

- Au Sahel et en Syrie -

Le Premier ministre français Edouard Philippe a exprimé sa "ferme volonté de faire vivre" la mémoire de cette guerre, depuis la mort du dernier survivant français en 2008, et a salué le rôle des Australiens pour qui "la distance ne justifiait pas l'indifférence au sort du monde".

Il a rendu hommage aux soldats qui, aujourd'hui encore, "risquent leur vie au Sahel, en Syrie, au Moyen-Orient et ailleurs pour protéger la nôtre". "Oui, il faut parfois mourir loin de chez soi pour honorer et défendre son pays".

"N'oublions jamais l'Australie", a déclaré en français son homologue australien Malcolm Turnbull, dont l'épouse a perdu un grand-oncle, tué à 26 ans par un obus. "Nous sommes des camarades, des frères d'armes comme (...) aujourd'hui pour la cause de la liberté", a-t-il lancé.

Le prince Charles a rappelé le "coûteux sacrifice" des soldats australiens qui étaient "tous volontaires".

Monique et Yves Degremont, retraités, sont venus de Lille (nord) pour remercier les Australiens, car "s'ils n'avaient pas été là, cela aurait peut-être changé le cours des choses".

La veille, MM. Philippe et Turnbull ont inauguré le centre Sir John Monash, en hommage au général australien qui mena les opérations dans cette région. Ce musée raconte la vie de ces jeunes soldats, les "diggers".

- Emergence d'une nation -

Avant Villers-Bretonneux, les Australiens étaient intervenus avec les Néo-Zélandais à Gallipoli en Turquie, le 25 avril 1915. La défaite fut considérée comme un "baptême du feu" pour l'armée australienne.

Trois ans plus tard, jour pour jour, les Australiens reprirent Villers-Bretonneux, une victoire qui arrêta la progression des Allemands vers la ville d'Amiens, noeud logistique important pour les Alliés.

Ces deux opérations extérieures marqueront l'émergence de l'Australie en tant que nation, indépendante de l'Empire britannique depuis 1901.

Chaque 25 avril depuis, Australiens et Néo-Zélandais honorent leurs soldats de la Première Guerre mondiale lors de l'Anzac Day (Australia and New Zealand Army Corps).

Les Allemands, qui avaient lancé une grande offensive vers l'ouest, prirent Villers-Bretonneux le 24 avril. Mais dans la soirée les Australiens aidés par des Britanniques lanceront une contre-attaque en les encerclant par le Sud, puis le Nord.

Les combats furent rudes car les Allemands avaient positionné beaucoup d'hommes et de mitrailleuses dans un bois tout près. Quelque 2.400 Australiens périrent dans la bataille.

Au total, environ 46.000 sont morts et 130.000 ont été blessés sur le front occidental de la Grande Guerre, sur les 295.000 qui ont combattu de mars 1916 à novembre 1918. L'Australie comptait à l'époque 5 millions d'habitants.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.