Un toit mais guère plus : le gouvernement appelé à agir

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Par Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 30 janvier 2018 - 17:30
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Nombre de personnes et de ménages vivant dans des foyers en situation de surpeuplement modéré ou accentué.
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© Simon MALFATTO / AFP
8,6 millions de personnes en logement surpeuplé
© Simon MALFATTO / AFP

Ils ont un toit mais vivent les uns sur les autres: ils sont près de neuf millions à s'entasser dans de minuscules appartements, selon la fondation Abbé Pierre, qui appelle le gouvernement à "mener une vraie politique sociale".

Cet état des lieux sur une situation largement méconnue noircit un peu plus le tableau du mal-logement en France, alors que le gouvernement prépare pour mars un projet de loi très attendu sur le logement.

En 2013, 8,6 millions de personnes vivaient dans un logement surpeuplé, contre 7,7 millions en 2006, selon le 23e rapport annuel sur le mal-logement publié mardi par la fondation Abbé Pierre, qui s'appuie sur les chiffres les plus récents de l'Insee.

Pour mesurer le surpeuplement, cet institut étudie non pas le nombre de mètres carrés par occupant, mais le nombre de pièces dévolues à chacun. Le postulat est le suivant: il faut une pièce à vivre (salon), une chambre par couple et pour chaque adulte célibataire de plus de 19 ans, une pièce pour deux enfants de moins de sept ans, quel que soit le sexe, et une autre pour de grands enfants uniquement de même sexe.

Cette situation de surpeuplement que connaissaient les grands-parents, et "qui tendait à se résorber" après les Trente Glorieuses, "refait surface", s'inquiète le directeur de l'étude, Manuel Domergue.

En cause: des facteurs économiques (crise financière de 2008, tension dans le secteur immobilier) ou sociétaux (hausse du nombre de familles recomposées, des familles monoparentales et du nombre de migrants).

Foyers de travailleurs migrants, chambres de bonne ou chambres d'hôtel, HLM ou logements du parc privé, locataires ou propriétaires... Le phénomène, qui touche surtout les plus précaires, se retrouve aussi chez les classes moyennes fragilisées.

Manger, dormir, se laver, se reposer... Tout devient compliqué pour ces familles, qui connaissent entre autres des difficultés scolaires ou des problèmes de santé (respiratoires, tuberculose, saturnisme), selon l'enquête.

- 'Redresser le tir' -

En attendant le projet de loi logement qui doit être présenté en mars en Conseil des ministres et contenir des mesures pour les plus démunis, la Fondation a rappelé que la France compte près de quatre millions de personnes mal logées, plus de 12 millions d'autres "fragilisées" (locataires en situation d'impayés, par exemple) et sans doute plus de 143.000 personnes à la rue.

Emmanuel Macron et le gouvernement doivent "redresser le tir et mener une vraie politique sociale", a estimé Christophe Robert, Délégué général de la fondation Abbé Pierre.

Il a fustigé "les suppressions de l'ISF (impôt sur la fortune), de la taxe d'habitation et, de l'autre côté, la baisse de cinq euros des aides pour le logement" (APL) décidées par le gouvernement.

A la conférence de presse de la Fondation mardi, le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard a balayé les critiques, alors que de nombreuses personnes quittaient au même moment la salle pour dénoncer ces mesures.

Gage du volontarisme du gouvernement, la création de "40.000 logements +très sociaux+ par an sur cinq ans" prévu dans le plan "Logement d'abord" et qui sera inscrit dans le projet de loi, ou les "144.000 places" ouvertes cette année en hébergement d'urgence "contre 134.000" en 2017, a-t-il indiqué.

C'est "insuffisant" pour une assistante sociale exerçant en Seine-Saint-Denis: "On appelle le 115 (numéro d'appel pour les sans-abri, ndlr), on attend trois heures pour nous entendre dire qu'il n'y a pas de place et remettre les jeunes, les familles à la rue", a-t-elle lancé au micro, la voix chevrotante.

Après la publication de cette dernière étude, l'opposition de gauche a attaqué la politique du gouvernement.

Le Parti communiste a appelé à faire "un effort budgétaire", proposant notamment la construction de 200.000 logements par an ou le renforcement de l'encadrement des loyers (une mesure expérimentée à Lille et Paris avant d'être annulée par la justice administrative fin 2017).

Le Parti socialiste a pointé pour sa part la baisse du budget alloué au logement, passé de 18,3 milliards en 2017 à 16,5 mds en 2018.

Sur Twitter, le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est lui demandé: "Qu'est-ce qu'on attend pour agir ?".

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