Les conditions de travail "déplorables" des forces de l'ordre de nouveau épinglées dans un rapport

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Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 10 juillet 2019 - 18:17
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Un brassard de police à Saint-Denis, le 29 juin 2018
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© Bertrand GUAY / AFP/Archives
Les conditions de travail "déplorables" des forces de l'ordre, parfois gagnées par un "sentiment d'abandon", sont à nouveau dénoncées mercredi dans un rapport parlementaire.
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Les conditions de travail "déplorables" des forces de l'ordre, parfois gagnées par un "sentiment d'abandon", sont à nouveau dénoncées mercredi dans un rapport parlementaire, qui avance des pistes pour la future loi de programmation de sécurité intérieure annoncée par le gouvernement.

Les députés Christophe Naegelen (UDI-Agir) et Jean-Michel Fauvergue (LREM), rapporteur et président de la commission d'enquête qui a rendu ce travail, le reconnaissent d'emblée: la dégradation des conditions de travail des policiers et gendarmes a déjà été "maintes fois analysée".

Mais, cette fois, il s'agit d'un "rapport pragmatique, au plus proche des réalités et des inquiétudes du terrain", a défendu M. Naegelen.

Lancée en février en plein mouvement des "gilets jaunes", qui a mobilisé des milliers de membres des forces de l'ordre chaque week-end au plus fort de la crise, la commission s'est déplacée dans plusieurs commissariats et casernes et a organisé en juin une grande consultation à laquelle ont répondu 13.735 gendarmes, policiers nationaux et municipaux, et réservistes.

Ses conclusions sont sévères, mais sans surprise: des locaux "indignes", un parc automobile "vieillissant", du matériel "insuffisant", la persistance des tâches indues et une lourdeur procédurale toujours aussi chronophage, source de "frustration".

Et les 123 millions d'heures supplémentaires accumulées chez les policiers, soit 164 heures par agent, constituent une "véritable épée de Damoclès opérationnelle", de l'aveu même à l'automne dernier du directeur général de la police nationale, Eric Morvan.

"On ne s'attendait pas à trouver un immobilier dans un tel état", a reconnu M. Naegelen, citant le commissariat de Fontainebleau (Seine-et-Marne), victime d'infiltrations et où "un mur s'est effondré". Dans le même département, à Chaumes-en-Brie, "quinze gendarmes se partagent deux casques, deux gilets lourds, un unique pistolet à impulsions électriques, un seul lanceur de balles de défense", illustre encore le rapport.

Les fameux véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), entrés en service en 1974, s'approchent de la cinquantaine. "La grande crainte des gendarmes pendant les manifestations des gilets jaunes c'était qu'ils tombent en rade au milieu des Champs-Elysées. Imaginez l'image...", a souligné Christophe Naegelen.

- Beauvau partage le constat -

"Pour une réforme profonde et durable", le rapport avance 27 propositions qui balaient un large spectre, de l'augmentation des crédits alloués à l'investissement immobilier (150 millions d'euros supplémentaires sur 5 ans), au renforcement des effectifs des CRS, qui ont chuté de 20% depuis 2007, en passant par l'élargissement du recours aux amendes forfaitaires, pour les vols à l'étalage ou les incivilités par exemple.

Ce rapport "va alimenter le livre blanc", que le ministère est chargé de rédiger pendant l'été et qui servira de base à la future loi de programmation de la sécurité intérieure d'ici "six mois", selon Jean-Michel Fauvergue.

Pour l'ancien patron du Raid, l'unité d'élite d'intervention de la police nationale, le texte doit avoir "la même dimension que la loi de programmation militaire pour l'armée", afin de pouvoir "se projeter sur le long terme".

"Nous partageons le même constat sur l'état des forces mais nous rappelons que les choses avancent", a réagi le ministère de l'Intérieur auprès de l'AFP, rappelant le plan de recrutement de 10.000 policiers et gendarmes d'ici à 2022.

Beauvau met également en avant "un plan 2018-2020 de 900 millions d'euros pour la construction, rénovation et modernisation des bâtiments", ainsi que la commande en 2018 de 6.000 véhicules neufs, en cours de livraison.

Mais, rappelle l'entourage de Christophe Castaner, "les moyens ne font pas tout, ils doivent être au service d'une vision stratégique, ce qui est la vocation du livre blanc".

Plutôt qu'"un énième constat", "les parlementaires seraient bien avisés, lorsqu'ils votent le budget, de consacrer les moyens à la remise à niveau de nos infrastructures", a réagi le syndicat Alliance, majoritaire chez les gardiens de la paix, demandant "un plan d'urgence".

Cela "ne fait que confirmer notre analyse (...) depuis ces quatre dernières années", a observé, lui, le syndicat Alternative Police.

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