Macron se livre à un exercice d'autocritique inédit

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Par Stéphanie LEROUGE, Paul Aubriat - Paris (AFP)
Publié le 14 novembre 2018 - 23:09
Mis à jour le 15 novembre 2018 - 07:59
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Emmanuel Macron dans la passerelle du porte-avions Charles de Gaulle en compagnie de la ministre de la Défense Florence Parly, du chef des armées le général Francois Lecointre et l'équipe de commandem
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© CHRISTOPHE SIMON / POOL/AFP
Emmanuel Macron s'est livré mercredi à un exercice d'autocritique inédit en admettant ne pas avoir "réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants".
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Emmanuel Macron s'est livré mercredi à un exercice d'autocritique inédit en admettant ne pas avoir "réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants" et en promettant de gouverner "d'une manière différente" à l'avenir.

Assis dans un hangar du porte-avions Charles de Gaulle, le président de la République, a également estimé que l'exécutif n'avait pas apporté assez de "considération" aux Français depuis le début de son mandat en mai 2017.

"Je n'ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants", a-t-il souligné lors d'un entretien à TF1, à trois jours de la mobilisation des "gilets jaunes" contre la hausse du prix des carburants.

"Nos concitoyens aujourd'hui veulent trois choses: qu'on les considère, qu'on les protège, qu'on leur apporte des solutions. Pas des déclarations. Des solutions. La considération, on ne l'a sans doute pas assez apportée", a insisté M. Macron, souvent accusé par l'opposition d'être hautain et éloigné des préoccupations des Français.

Au cours des derniers mois, le chef de l'Etat avait déjà à plusieurs reprises affirmé qu'il ne réussissait "pas tout". Mais pour la première fois, il a déclaré aussi clairement sa volonté de "décider peut-être d'une manière différente. Pas tout à Paris. En demandant à nos directions d'administrations centrales, aux ministres, à ceux qui les conseillent, d'aller se confronter au terrain beaucoup plus".

Lors de son périple "mémoriel" de la Grande Guerre, qui l'a conduit la semaine dernière dans les régions parfois sinistrées du nord et de l'est de la France, M. Macron dit avoir été confronté directement à la "colère" et à "l'impatience" de certains.

"Considérer c'est entendre quand les gens se plaignent, pour les amener dans cette transformation. Mais les respecter", a ajouté M. Macron, qui a régulièrement été critiqué ces dernières mois pour ses saillies jugées méprisantes à l'égard des Français.

- Nouvelle méthode, cap inchangé -

Interpellé le 4 octobre à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne) par une retraitée sur sa faible pension, puis par une autre sur la limitation de vitesse à 80km/h, M. Macron avait par exemple cité le général de Gaulle qui disait: "Vous pouvez parler très librement, la seule chose qu'on n'a pas le droit de faire, c'est de se plaindre". "Le pays se tiendrait autrement s'il était comme ça", avait-il ajouté.

Il avait également été critiqué en invitant en septembre un jeune horticulteur au chômage à "traverser la rue" pour trouver un travail.

"Cette réconciliation entre la base et le sommet, je considère que je n'ai pas réussi à le faire, et c'est pour moi au coeur de ce qui m'attend dans les mois à venir (...) C'est un vaste programme, mais il requiert la mobilisation de toute la nation", a conclu M. Macron sur TF1.

Mais à des promesses de nouvelle méthode, le président a opposé un cap inchangé, accompagnant cette mise au point par un long exercice pédagogique s'attardant notamment sur l'utilité de l'impôt.

Ce qui ne l'a pas empêché de se montrer offensif envers l'opposition, appelant à ce "qu'on sorte d'une forme de poujadisme contemporain, où les mêmes qui vous disent, à longueur de journaux télévisés, +on paye trop d'impôts+, sont les mêmes qui vous disent, dès que vous commencez à demander des efforts ou à faire des réformes en profondeur, +ne touchez pas aux dotations, ne demandez pas d'efforts aux collectivités locales, ne demandez surtout aucun effort".

"Le cap sur lequel je me suis engagé devant les Françaises et les Français consiste à avoir une politique de transformation en profondeur du pays", a soutenu le président de la République, selon qui "on ne le fera pas en un an, il prendra le temps de ce quinquennat".

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