Macron, un mois de réflexion pour imaginer l'après-crise

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Par Laurence BENHAMOU, Jérôme RIVET - Paris (France) (AFP)
Publié le 05 juin 2020 - 17:33
Mis à jour le 06 juin 2020 - 00:42
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Emmanuel Macron à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) le 7 avril 2020
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© GONZALO FUENTES / POOL/AFP/Archives
Emmanuel Macron à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) le 7 avril 2020
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Décidé à lancer avant le 14 juillet une nouvelle phase de son quinquennat, Emmanuel Macron va consulter tous azimuts, dans l'espoir de "co-construire" l'après-coronavirus, un pari à moins de deux ans de la présidentielle.

Après avoir laissé son Premier ministre Edouard Philippe en première ligne pour le déconfinement, le chef de l'Etat, toujours impopulaire, va reprendre l'initiative pour présenter "une nouvelle ère" de son mandat, selon son entourage.

En attendant, loin des micros et caméras, Emmanuel Macron mène "des consultations de toute nature, anonymes ou connues, parisiennes et territoriales" pour "prendre le pouls, écouter des propositions, confronter des idées et partager un diagnostic avec de nombreux acteurs", souligne un conseiller.

Il a ainsi réuni cette semaine à l'Elysée les présidents des trois assemblées (Assemblée nationale, Sénat, Cese) puis les partenaires sociaux. Il a demandé aux premiers par courrier de lui remettre d'ici à un mois des propositions pour "tracer de nouvelles perspectives, redéfinir les solidarités, dessiner un nouvel horizon" dans une "démarche de concorde nationale".

Et il devrait s'entretenir prochainement avec les associations d'élus locaux et des anciens présidents de la République et premiers ministres, entre autres.

Ces échanges aboutiront début juillet, de manière à "enjamber" le second tour des municipales du 28 juin qui s'annonce douloureux pour le parti présidentiel, dans un format (allocution, conférence de presse...) encore inconnu.

L'équation est difficile car il ne veut "ni renier ni renoncer" à l'esprit du début de son mandat.

Cette nouvelle période marquera "une remise en mouvement" de sa politique plutôt "qu'un aggiornamento radical" et sera fondée sur "les ambitions originelles du macronisme adaptées aux contraintes" de la crise sanitaire et économique, précise son entourage.

Le président de la République devra convaincre des Français très sceptiques sur sa capacité à se "réinventer": 73% d'entre eux souhaitent qu'il change de politique mais 69% sont persuadés qu'il ne le fera pas, selon un sondage Odoxa publié cette semaine.

Ils attendent surtout des annonces sur des dossiers concrets, à commencer par la relance économique, la sauvegarde des emplois et le "plan massif" promis pour l'hôpital, rebaptisé "Ségur de la Santé", dont les négociations doivent aboutir début juillet.

Les Français attendent qu'il tienne cette promesse: 61% pensent qu'il y aura une revalorisation des salaires des soignants, comme il s'y est engagé.

Après avoir présenté le "plan auto", Emmanuel Macron devrait aussi annoncer lui-même prochainement un plan de soutien à l'aéronautique et des mesures d'aide au commerce et à l'artisanat.

- Souveraineté "ouverte" -

"Certains pans" de la très contestée réforme des retraites, suspendue avec la crise sanitaire, pourraient être repris, notamment ceux prévoyant une redistribution.

Comme il l'a annoncé en mars, le chef de l'Etat veut aussi promouvoir une "nouvelle souveraineté", notamment en encourageant les entreprises à relocaliser en France. Mais cette souveraineté doit être, selon lui, "ouverte", à la fois "nationale et européenne", à l'opposé de celle des souverainistes, précise un conseiller.

Il devrait en outre insister sur l'écologie en s'appuyant sur les propositions que doivent finaliser le 21 juin les 150 citoyens tirés au sort de la Convention sur le climat. Et dont il s'est dit prêt à soumettre certaines à un référendum.

"Le monde d'après sera résolument écologique. Je m'y engage", a tweeté Emmanuel Macron vendredi soir, assurant : "nous avons une opportunité historique de reconstruire notre économie et notre société sur de nouvelles bases, de nous réinventer, d’investir dans un avenir décarboné".

Fréquemment accusé d'être trop vertical, Emmanuel Macron affiche sa volonté de retrouver une forme d'unité nationale, après 18 mois de crise sociale où se sont enchaînés le mouvement des "gilets jaunes", les grèves record contre les retraites et la crise du Covid-19.

Emmanuel Macron souhaite en particulier donner plus de pouvoirs aux collectivités locales, avec une nouvelle décentralisation et un partage du pouvoir plus large. "C'est une des leçons de la crise, au cours de laquelle beaucoup d'initiatives sont venues du terrain", fait remarquer son entourage.

Reste la question, évoquée de plus en plus ouvertement, d'un éventuel remaniement. "C'est prématuré. Le président décidera, in fine, lorsque les consultations seront terminées (...) si le nouveau projet nécessite de changer" l'équipe gouvernementale, souligne un conseiller.

Selon un sondage Odoxa, les deux-tiers des Français veulent un remaniement. Mais en conservant à Matignon Edouard Philippe, dont la popularité a rebondi ces derniers temps et dépassé celle du chef de l'Etat.

leb-jri/ib/cb

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