"Mamie jihad", une mère de combattant jihadiste jugée pour ses voyages en Syrie

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Par AFP
Publié le 04 octobre 2017 - 13:45
Mis à jour le 05 octobre 2017 - 22:55
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Elle a été appelée "Mamie jihad", le surnom d'une mère ayant "pleinement adhéré" à l'idéologie fanat
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© LOIC VENANCE / AFP/Archives
Elle a été appelée "Mamie jihad", le surnom d'une mère ayant "pleinement adhéré" à l'idéologie fanatique de son fils parti combattre en Syrie. Christine Rivière, 51 ans, sera jugée
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"Ben c'était la guerre": Christine Rivière, mère fusionnelle d'un jeune Français devenu "émir" en Syrie, a raconté jeudi son engagement auprès de son fils jihadiste, un rapport banal et sans distance au fanatisme dans un monde réduit au chaos.

Poursuivie pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes devant le tribunal correctionnel de Paris, cette mère de famille de 51 ans a effectué, en 2013 et 2014, trois séjours en Syrie où elle a rejoint son fils Tyler Vilus, combattant d'un groupe jihadiste qui allait devenir l'organisation Etat islamique (EI). Elle risque dix ans de prison.

Elle explique être partie rejoindre Tyler en Syrie quand elle a "compris qu'il ne reviendrait pas". Un fils qu'elle ne voulait "pas pousser à tomber en martyr, mais bon, ça pouvait arriver". Il aurait gagné "une place au paradis, proche d'Allah", et une mère aimante ne "s'oppose pas" à la volonté de son fils.

Christine Rivière sera interpellée le 2 juillet 2014, au domicile de son aîné, Leroy, alors qu'elle s'apprêtait à repartir en Syrie. Le cadet, Tyler, est arrêté un an plus tard, en Turquie, et extradé vers la France. Son dossier est toujours à l'instruction.

La mère de famille se tient droite dans le box, relève ses lunettes sur son chignon châtain, essaie d'en dire le moins possible sur ses fréquentations syriennes, s'agace parfois de l'insistance de la présidente Isabelle Prévost-Desprez qui veut comprendre son "engagement".

Certes, c'est son fils qui l'a convertie, en 2012, mais elle serait venue à l'islam de toutes façons, dit-elle. Une religion qui l'a "apaisée".

- 'Rien d'exceptionnel' -

La charia? "C'est juste une ligne directrice pour tout musulman: y'a le testament, le divorce, la justice, y'a tout. Rien d'exceptionnel", pour cette fille de forains - spécialité cascadeurs - qui découvre un cadre et un nouveau "point commun" avec son fils Tyler.

Elle ne comprend pas une question sur son adhésion à une conception "douce ou rigoriste" de la charia. "Couper la main" aux voleurs? tente la présidente. Christine Rivière conseille, "c'est sûr", d'éviter de voler "si vous allez dans une zone où on applique la charia".

Le tribunal veut son avis sur les attentats. "Si on se situe en France c'est des attentats, si on se situe en Syrie, c'est du combat".

- "Même quand on tue des civils? Des prisonniers?", demande la présidente.

- "C'est la guerre, hein". Après un court silence, Christine Rivière ajoute: "Mais je suis pas pour la guerre, moi".

Elle revient d'un pays en guerre presque comme d'autres de vacances, montre à son fils aîné une photo d'elle armée, poste des images de décapitation du facebook "pour montrer la réalité de ce qui se fait là-bas".

Quelle réalité? Prêter allégeance au califat - "On est là-bas, on le fait" -, épouser "le meilleur des frères" que lui propose Tyler, quelqu'un qui la protègerait s'il mourait au combat.

Un monde de violence traversé comme dans un songe. Un expert psychiatre a décrit un fantasme de fusion avec son fils, à travers un fanatisme lui ayant fait perdre tout "sens critique" ou "moral". Une femme "dangereuse".

"La question de savoir si ma mère a tué des innocents, je me la pose... mais je ne l'imagine pas. Elle est partie pour son fils, par amour, pas pour combattre", a témoigné Leroy, en pleurs, à la barre.

Ce fils meurtri, qui sait qu'"elle doit payer pour ses bêtises", a raconté une enfance douloureuse, un beau-père évangéliste qui les battait, lui et son frère Tyler. Ce petit frère qui a la maladie de Crohn et que Christine a toujours voulu "protéger".

"Ma mère, dit-il, c'est pas +Mamie jihad+", le surnom de la doyenne des femmes revenues de Syrie et incarcérées en France. Une mère aimante, qui rêvait de faire le tour du monde en bateau avec Leroy et Tyler, des "prénoms anglo-saxons" qui font voyager, empruntés à la série américaine "Fame".

Réquisitions et plaidoiries sont attendues vendredi.

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