Marseille : le thème du logement au coeur des municipales

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Par Olivier LUCAZEAU - Marseille (AFP)
Publié le 12 mars 2020 - 09:00
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Des pompiers s'activent près des immeubles effondrés, le 8 novembre 2018 à Marseille
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© GERARD JULIEN / AFP/Archives
Des pompiers contrôlent un immeuble mitoyen de ceux qui se sont effondrés rue d'Aubagne à Marseille, le 8 novembre 2018
© GERARD JULIEN / AFP/Archives

Habitat indigne, manque de logements sociaux: avec les huit morts du drame de la rue d'Aubagne, où deux immeubles insalubres s'étaient effondrés, la question du logement s'est imposée dans la campagne des municipales à Marseille.

Permis de louer, réquisitions, application plus stricte de la loi SRU: face à des candidats de gauche volontaristes, la majorité LR sortante met en garde contre "toute posture idéologique".

+ Habitat insalubre

Depuis le 5 novembre 2018 et la catastrophe qui a frappé le quartier de Noailles, en centre-ville, le sort des 100.000 Marseillais vivant dans les 40.000 logements insalubres recensés dès 2015 a éclaté au grand jour. Et les candidats rivalisent de promesses.

"Zéro immeuble insalubre à Marseille dans 10 ans et 20.000 logements rénovés d'ici la fin du mandat", s'engage Yvon Berland, soutenu par LREM. La présidente LR du conseil départemental et de la métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal vise, elle, "une résorption massive de l'habitat indigne dans les 10-15 prochaines années".

Michèle Rubirola, cheffe de file écologiste d'une large union de la gauche, promet de son côté "une intervention massive sur les grandes copropriétés privées en déshérence" et le lancement "immédiat" de travaux dans 400 immeubles de la ville "frappés par des arrêtés de péril".

Sans donner d'objectifs chiffrés, Sébastien Barles (EELV) prévoit une "police de l'habitat contre les marchands de sommeil", alors que Stéphane Ravier, tête de liste du RN, veut un "adjoint au maire dédié à l'habitat indigne et insalubre".

+ Permis de louer

Après les huit morts de Noailles, un permis de louer a été instauré dans ce quartier en octobre 2019, un dispositif que plusieurs candidats veulent étendre.

Sébastien Barles veut l'appliquer "aux sept quartiers les plus insalubres de Marseille, de Saint-Mauront à Noailles", Michèle Rubirola à "tout le centre ville". La sénatrice ex-PS Samia Ghali, qui se présente sans étiquette, promet même un permis de louer "sur l'ensemble de la ville pour les logements de plus de 10 ans d'ancienneté".

A droite, Mme Vassal est certes "prête à étendre ce permis de louer", mais uniquement "si les résultats de l'expérimentation à Noailles sont concluants". Quant à son concurrent à droite, le sénateur Bruno Gilles, candidat sans étiquette après avoir échoué à être investi par LR, il entend "favoriser la mise en place de ce permis".

+ Logements sociaux

Au 1er janvier 2018, Marseille comptait un parc social de 83.500 logements, soit 21% du parc total de la ville, avec des écarts énormes entre les 16 arrondissements --de 4,3% dans le 6e bourgeois à plus de 43% dans le 14e populaire selon Michèle Rubirola. Et près de 78.000 demandes de logements HLM restent sans réponse sur la métropole.

Avec 380 logement sociaux seulement construits en 2019, le problème est loin d'être réglé: pour y parvenir, Sébastien Barles veut construire 6.000 nouveaux logements sociaux par an, Michèle Rubirola 5.000.

Désireuse de "sortir d'une posture idéologique" sur ce thème, Martine Vassal met, elle, en avant la décision de la métropole d'abaisser de 100 à 80 logements le seuil de déclenchement de l'obligation de créer 30% de logements sociaux pour tout programme neuf -- un seuil que Michèle Rubirola veut même mettre à 20 logements.

Pour éviter le maintien de ghettos, Sébastien Barles, Samia Ghali et Michèle Rubirola revendiquent aussi une stricte application de la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU), qui prévoit 25% de logements sociaux dans chaque ville d'ici 2025, et ce arrondissement par arrondissement et pas seulement à l'échelle de la commune.

Seul sur cette ligne, Stéphane Ravier prône de son côté l'arrêt de la construction de nouveaux logements sociaux.

+ Logements vacants

Pour plusieurs candidats, l'autre solution au problème à Marseille réside dans les quelque 33.000 logements vacants de la ville, selon l'Insee: "Le 17e arrondissement de la ville", assure Mme Rubirola, la seule à envisager éventuellement des réquisitions et un encadrement des loyers sur certains secteurs.

Yvon Berland veut réhabiliter ce parc immobilier vide "sur 15 ans, avec l'aide de l'Etat". Pour Martine Vassal, l'outil à mobiliser est la taxe sur les logements vacants. Mais pas question pour elle de "jeter l'opprobre" sur quiconque avec des réquisitions ou des "coups de poing qui ne font que dissuader les propriétaires".

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