Près de la dernière cache de Josu Ternera, les voisins ébahis

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Par AFP - Saint-Gervais les Bains
Publié le 19 mai 2019 - 14:04
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Le chalet où vivait Josu Ternera depuis septembre 2018, à Saint-Nicolas de Véroce, en Haute-Savoie.
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© Odile DUPERRY / AFP
Le chalet où vivait Josu Ternera depuis septembre 2018, à Saint-Nicolas de Véroce, en Haute-Savoie.
© Odile DUPERRY / AFP

Un ancien responsable de l'ETA, en cavale depuis 17 ans, caché près du Mont-Blanc, dans un chalet d'alpage au confort rudimentaire: à Saint-Nicolas de Véroce (Haute-Savoie), on n'en revient toujours pas, trois jours après l'arrestation de Josu Ternera.

A 1.470 mètres d'altitude, le chalet est posé à l'angle d'une piste de ski de fond et d'une piste de ski alpin. Une construction en bois avec un toit de tôle, un lieu de solitude, proche de la Suisse et de l'Italie, mais où passent quotidiennement l'hiver des centaines de skieurs.

On y grimpe à pied depuis Saint-Nicolas. Hors saison, on peut y accéder en voiture 4x4 par la piste de ski nordique.

Dehors, d'autres plaques de tôle protègent du bois coupé. Un banc devant la porte. Un bassin d'eau creusé dans un tronc d'arbre, un tuyau de cheminée qui sort de la maison par un côté.

Par un interstice, on aperçoit un blouson d'homme sur un cintre, une corde à linge rouge et ses pinces, des matelas sous plastique. C'est là que l'homme le plus recherché d'Espagne, arrêté jeudi devant l'hôpital de Sallanches, habitait depuis octobre.

De son vrai nom Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, l'ancien chef d'ETA, dissoute l'année dernière, se cachait depuis 2002, pour échapper aux poursuites pour son rôle dans un attentat contre une caserne de la Garde civile à Saragosse (nord de l'Espagne), qui avait fait 11 morts dont cinq enfants en 1987.

- 'Abasourdi' -

Récemment, toutefois, il s'était mué en promoteur des négociations de paix avec l'Etat espagnol.

Le propriétaire du chalet, guide de haute montagne et éleveur qui préfère garder l'anonymat, se dit encore "abasourdi" par l'affaire. Il annonce "ne pas se servir d'internet ou de choses comme ça", mais sait reconnaître un authentique amateur de montagne.

C'est selon lui le cas de "Bruno" - Josu Ternera prétendait s'appeler Bruno Marti, selon la presse espagnole - croisé sur un chemin de randonnée.

"Bruno" se présente comme "écrivain sud-américain" souhaitant se reposer et accepte volontiers le chalet du guide : "Au départ c'était pour un mois, et il n'était pas question de location", dit celui-ci. Josu Ternera coupe du bois en guise de participation.

Il y dispose de deux chaises, d'une table, de deux coins couchage, de l'électricité, de toilettes sèches et d'un réchaud à gaz, mais doit se laver au bassin.

Régulièrement, il descend faire ses courses chez Viviane Grangenet, à Saint-Nicolas. Un "magasin complet", épicerie, traiteur, souvenirs, livres, journaux, bureau de poste, pressing...

- Mentir à ses amis -

Sur le chemin, il croise souvent Christian, un octogénaire qui grimpe encore chaque jour avec ses deux bâtons de marche. D'autres voisins lui servent parfois de chauffeur.

Mais en général, "il paraissait très solitaire, et ne discutait pas", souligne Viviane. Elle n'a même pas remarqué son accent espagnol, pourtant décrit comme "fort" par le propriétaire.

"Très poli", il venait toujours à la première heure, comme pour ne rencontrer personne. Alors que les medias espagnols le disent atteint d'un cancer, Viviane juge qu'il paraissait en effet "plus vieux" que ses 68 ans.

Le propriétaire du chalet trouve "qu'il ne semblait pas avoir beaucoup d'argent et était toujours habillé pareil". Mais "chaudement", souligne Viviane. Tous deux ont remarqué son gros sac à dos, qu'il ne quittait jamais.

Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais - et de Saint-Nicolas de Véroce qui lui est rattaché - a lui-même un chalet d'alpage bien aménagé, à 200 mètres de celui où était Josu Ternera.

"On ne s'attendait pas à avoir une telle personne ici" si loin du Pays Basque. "Avait-il des connexions avec des Savoisiens?", un mouvement qui revendique pacifiquement l'indépendance de la Savoie, se demande le maire.

Il estime que sa station, familiale et bien fréquentée, permet d'y vivre discrètement. Mais il est perplexe: "comment peut-on passer 15 ans à fuir, à se cacher, à mentir à ses amis en permanence?".

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