Procès Merah : Fettah Malki "n'est pas un terroriste", dit son ex-compagne

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 23 octobre 2017 - 15:54
Image
Un crocquis d'audience d'Abdelkader Merah (G) et Fettah Malki , le 2 octobre 2017 à Paris
Crédits
© Benoit PEYRUCQ / AFP
Un crocquis d'audience d'Abdelkader Merah (G) et Fettah Malki , le 2 octobre 2017 à Paris.
© Benoit PEYRUCQ / AFP

C'était jusqu'alors l'accusé fantôme du procès Merah, où il comparaît au côté du frère du "tueur au scooter": Fettah Malki s'est pour la première fois exprimé lundi aux assises de Paris, se présentant comme un "commercial" de cité, n'ayant aucun intérêt pour la religion.

"J'achetais, je revendais un peu de tout, pas nécessairement des produits issus de vols", a expliqué l'accusé de 34 ans.

Interrogé sur son rapport au salafisme, à Al-Qaïda auxquels les frères Merad sont soupçonnés d'appartenir, il dit ne "pas partager cette idéologie": "Je suis à des années lumières de tout cela, je suis un délinquant, je ne m'intérresse pas à la religion".

Dans la matinée, son ex-compagne et mère de sa fille, avait tenu le même langage: "C'est pas un terroriste. C'est quelqu'un qui essayait de faire des sous", avait-elle résumé.

Interrogé sur les assassinats de Merah, Malki dit les condamner: "je trouve que c'est un enfoiré d'avoir fait un truc comme ça".

Fettah Malki est accusé d'avoir fourni un gilet pare-balles et un pistolet-mitrailleur Uzi utilisés par Mohamed Merah qui a commis sept assassinats en mars 2012. Jugé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, Malki risque 20 ans de prison.

Dans le box, l'accusé, petit, un visage de cinéma rappelant Philippe Léotard, s'exprime l'air buté, les épaules rentrées. Il livre sa version comme s'il s'agissait d'une évidence alors qu'il a multiplié les versions durant l'enquête sur sa participation aux faits.

- "A la petite cuillère" -

Ce n'est pas de Mohamed Merah mais d'Abdelkader qu'il dit avoir été le plus proche.

"C'était un bon ami, on s'entendait bien. On a commis de petits vols ensemble, bu de l'alcool, dragué des filles, on est aussi partis en vacances". Mais en 2006, il est allé en Egypte, il est devenu religieux. On avait plus de centres d'intérêt en commun", a-t-il raconté.

Quant à Mohamed, il dit l'avoir connu dans la cité quand il avait 12 ans. "Moi j'étais un grand et il avait du respect pour moi".

A propos des armes, il raconte les avoir achetées 4.000 euros à quelqu'un qu'il ne connaissait pas et avoir espéré en tirer 7.000 euros. Il s'agissait du pistolet mitrailleur Uzi que Merah utilisera lors de l'attaque de l'école juive, et une autre arme.

Le gilet pare-balles, il dit l'avoir acheté à deux jeunes d'un quartier voisin. Volé dans un commissariat en août 2011, ce gilet sera porté par Mohamed Merah lors de l'assaut de son domicile par la police lors duquel il a été tué.

Par prudence, Fettah Malki avait confié les armes, deux chargeurs, des balles et le gilet à sa compagne.

Appelée à témoigner, cette frêle femme blonde de 43 ans, a expliqué comment elle avait enterré les armes, enveloppées dans une serviette, un sac plastique et un sac à dos, dans son jardin en grattant la terre mouillée avec une petite cuillère. Elle a ensuite caché le gilet pare-balles sous un canapé. "Quand il me demandait un truc, je le faisais, j'avais peur de lui", a-t-elle justifié.

A partir de là, les versions divergent. La jeune femme dit avoir déterré les armes "humides, esquintées" à la demande de Malki, les avoir nettoyées avec un antirouille avant que Merah ne récupère l'Uzi et le gilet pare-balles chez elle.

Pour Malki, Merah a récupéré l'arme en deux temps, à son domicile pas chez sa compagne. Selon lui, le futur "tueur au scooter" devait lui acheter le gilet avec de l'or qu'il n'a jamais donné et a emporté l'arme pour la nettoyer.

"Vous n'êtes pourtant pas quelqu'un qui fait des cadeaux", s'est étonnée l'avocate générale rappelant que Merah a participé au braquage d'une bijouterie entre le 16 et le 17 mars dont le butin s'est retrouvé chez Malki.

Quand le président lui demande ce qu'il pensait que Merah ferait du gilet et de l'arme, il évoque un braquage avant de se raviser... euh, enfin, je parle du gilet car pour l'arme, il devait me la ramener".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Bezos
Jeff Bezos : le Lex Luthor de Seattle veut devenir le Dark Vador de l’univers
PORTRAIT CRACHE - S’il se fait plus discret que certains de ses compères milliardaires, Jeff Bezos n’en garde pas moins les mêmes manies, les mêmes penchants et surtou...
04 mai 2024 - 13:17
Politique
02/05 à 20:45
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.